Le silence suivit les paroles du commandant. Rien n'indiquait chez les Sœurs qu'elles avaient écouté les propos de l'entité, et le jeune homme tentait de conserver son calme. Au bout d'une longue minute, el se tourna de nouveau vers son invité, ouvrit la bouche, puis se ravisa. Alors qu'el allait enfin reprendre, les Sœurs réagirent. Le temps d'un clignement des yeux, elles avaient encerclé les deux commandants.

Des larmes se mirent à perler sur le visage du jeune homme. C'est d'une voix douce qu'el reprit.

Tant de bonté, tant d'ouverture d'esprit. Vous avez de la chance entité Pourpre. Elles vous pardonnent vos propos. Pause Elles ont d'immenses pouvoirs. Elles sont prêtes à vous offrir deux choses. La vie éternelle à nos côtés, ou un corps permettant la vie en communauté. Pour la seconde option, vous aurez un corps qui ressemble au mien. Un corps partiellement de glace, puisque nous savons maintenant que cel-ci peut toucher tout être vivant sans le contaminer. Pour la vie à nos côtés en revanche, vous devrez abandonner cet notion de corps. Nous ne serons qu'un, nos consciences vivants dans la glace.

Boko ouvrit un nouveau portail, cel-ci donnant sur son laboratoire.

Les deux êtres franchirent le portail sans plus faire attention aux Sœurs et se retrouvèrent dans le laboratoire. Des cuves de Matière-Pourpre trônaient çà et là, entourées de d'incubateurs et autres ustensiles.

Sifflant devant le spectacle, Le Pourpre continua : Elles ne sont pas très drôles vos copines... Mais vous mon cher ! Au vu de l'attirail, j'imagine que nous allons tenter un clonage. Hu hu hu... Une femme ? Une petite amie ? Hu hu...

Plusieurs enveloppes pourpres sortirent de l'ombre et les rejoignirent pour fureter parmi le matériel.

Un sourire sur les lèvres, Boko attrapa une petite boîte. De la taille d'une pomme, el l'ouvrit.

Le jeune homme s'approcha d'un frigo - objet inutile au vue des température de la planète - et en sortit une petite bourse. Rares étaient les personnes à l'avoir vue.

Le Pourpre s'empara délicatement de la mèche de cheveux. Tout en la faisant tourner dans ses doigts, il pris la peine de répondre au jeune garçon.

Plissant les yeux quelques instants, le parasite réfléchit à l'approche à tenir.

Tandis qu'il expliquait ses théories à l'enfant, les autres enveloppes se mettaient à l’œuvre.

Dix incubateurs furent alignés et une enveloppe placée dans chacun d'eux.

Boko laissa l'entité Pourpre faire. El espérait que cela fonctionne, el n'avait plus beaucoup de temps.

Pour la mémoire, normalement el se trouve dans son ADN. El n'est pas humaine. El vient de la Forêt. Pause Nous verrons bien.

Les enveloppes s'activaient. Els surveillaient à chaque instant les signes vitaux de chaque clone. La durée d'incubation était longue. Au bout de quelques heures, le premier ne montrait déjà plus de signe de vie. Trois jours plus tard, c'est deux autres incubateurs qui furent éteints. Au bout de dix, finalement el n'en restait qu'une. Qu'une seule copie de sa Mère, et elle était belle. Boko passait de nombreuses heures à la contempler. Trop d'heures. Les Soeurs commençaient à s'impatienter. Leur chanteur préféré donnait maintenant de la voix pour une autre...

Un jour alors qu'el s'était endormi devant le dernier incubateur, une entité pourpre le réveilla. El avait des nouvelles sur la dernière copie.

Hé ! Mollo quand même, petit, ajouta-t-il tandis que le jeune homme se dressait comme une flèche.

Le Pourpre pointa son doigt sur l'incubateur.

Alors quoi ? demanda l'enfant

Le jeune homme s'approcha du tube, en conservant le silence. El soupira, puis se tourna vers l'entité.

Du geste négligé, Boko ouvrit un portail. Toute son attention se portait sur l'être qui flottait dans le liquide. De l'autre côté, les Sœurs qui attendaient l'entité Pourpre, chuchotaient entre elles.

Alors que leur invité se présentait à elles, elles donnèrent une dernière consigne à leur protégé.

Le commandant attrapa un couteau, et sous le regard des entités présentes, el se l'enfonça profondément dans le bras. Un faible filet de sang s'échappa de la plaie.

El ouvrit le couvercle de l'incubateur, puis se glissa aux côtés du corps inerte de Plantaeh. Son sang se diffusa dans le liquide, et pénétra dans la peau de l'être de la Forêt. Après quelques instants, celle-ci se mit à réagir, à bouger. Enfin, elle ouvrit les yeux.

Boko brisa l'incubateur et la serra contre el.

Le Pourpre se trouvait maintenant face aux trois Sœurs, laissant derrière lui l'enfant et sa mère fraichement revenue à la vie.

Un silence de plomb suivit ses paroles, lourd de menace.

Une vibration parcourut la salle avant qu'un portail ne fasse son apparition.

Avant de s'y engouffrer, le parasite les salua.