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La fin de Libria

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Cdt. Stephen Wurzel
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26/05/1014 ETU 05:52
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Stephen Wurzel descendit les marches ornementées du grand escalier qui longeait les murs du grand hall jusqu’aux étages supérieurs du bâtiment qu'était la chancellerie librianne. Partout autour de lui, il entendait, et sentait, Libria se consumer lentement. Les cris, la panique, l'angoisse, l'espoir, tout se mêlait là-dehors, il le savait. Le chaos était maintenu en respect ici parce que le bâtiment était protégé et que l'évacuation était encore possible mais au-dehors, c'était assurément bien différent.
Une main sur la rambarde de l'escalier, il descendit encore quelques marches, serrant dans sa main droite les deux lettres qu'il tenait, l'une signée Raken Eyser, l'autre Stephen Joseph Wurzel et tout à coup, le mur s'évanouit devant lui et le grand hall apparût, nimbé des lumières jaunes et orangées du soleil couchant à l'extérieur qui se déversaient par les grandes portes vitrées de la chancellerie. Un aigle s'envolant vers les étoiles était incrusté dans le verre de celles-ci.
<< C'est aussi le crépuscule de Libria... >> Se dit-il. Puis il les vit...
Tous les ministres républicains présents sur Libria étaient là, avec leurs assistants, des membres du personnel de la chancellerie, des membres de la presse et des gouverneurs régionaux présents sur Libria. L'amirauté et le haut-commandement militaire étaient là, eux aussi, par dizaines, portant leurs uniformes de cérémonie impeccables dont les médailles scintillaient de mille feux. De nombreux hommes de la garde librianne étaient présents, Wurzel reconnût le capitaine Strump parmi eux. Ils avaient peur, il le voyait... Il avait peur lui aussi. Finalement, le maréchal du ciel Dienes, magnifique à voir, les traits sévères, l'aperçut.
<< Messieurs, le chancelier! >>
Et puis ce fut comme un coup de tonnerre. Tous levèrent le bras droit à la manière librianne et s'écrièrent à l'unisson << Libria Über Alles! >>
Et tout à coup, comme soufflée hors de la pièce, l'angoisse disparût. Il était leur chancelier, il était là, tout irait bien. Le chancelier les salua de la main en retour, se joignant à eux en fendant la foule. Il se dirigea vers le maréchal du ciel Dienes, lui prit la main droite dans la sienne, l'émotion les frappant tous les deux.
- Ça a été un honneur Frédéric, dit le chancelier d'une voix faible. << Guide-les, ils auront besoin de toi. >>
Le maréchal du ciel Dienes s'inclina, trop ému pour répondre quoi que ce soit. Wurzel lui tendit les deux lettres. << Remettez-les lui quand le moment sera venu. Vous serez le témoin de mes derniers mots et de ce moment. >>
Il se retourna, balayant des yeux la foule qui l'entourait, offrant un sourire à certains, un œil réconfortant à d'autres et son regard se fixa finalement;
Sur le ministre de la défense civile Hoepner. Il s'avança vers lui et lui demanda de le suivre. Tous les deux firent quelques pas vers le fond du grand hall, jusque sous le grand aigle républicain doré qui au haut du mur, les surplombaient tous, de grands drapeaux républicains pendant de part et d'autres. Le soleil les illuminaient là où ils se trouvaient, de profil face à l'assistance réunie et aux portes du hall. Wurzel prit la parole d'une voix forte, comme jadis...
<< Que tous les membres du gouvernement et les représentants civils se placent à gauche de la pièce. Que l'amirauté et les membres de nos forces armées se placent à droite. Que la presse reste au centre de la pièce... Là, voilà. Strump! Amenez-vos hommes ici. >>
Et ils le firent. Les hommes de la garde librianne vinrent à l'avant, se plaçant en formation tant derrière le chancelier que derrière le ministre Hoepner, ainsi que sous le grand aigle républicain. L'amirauté et le haut commandement militaire s'alignèrent à droite, les amiraux à l'avant en une ligne impeccable de visages sévères, le maréchal du ciel Dienes au centre.
À gauche s'alignèrent de manière moins ordonnée mais tout aussi impressionnante les membres du gouvernement républicain. Key, Hayes, Hoffman, Mengsk, Berger au centre de leurs pairs. La presse au fond était prête à immortaliser ce moment pour la postérité. Wurzel reprit la parole.
- Strump, amenez-nous une bible.
Le chef de la garde librianne alla fouiller dans les tiroirs de l'un des meubles sur le bas-côté de la grande salle et après en avoir trouvé une, revint près du chancelier et du ministre Hoepner, la présentant à ce dernier.
Le grand hall aurait pu être vide. Plus personne n'osait respirer, attentifs au moindre mot qui serait prononcé ici, garant de l'avenir de leur peuple. À l'extérieur, toujours des cris étouffés, au loin, des pleurs. Wurzel déglutit et débuta.
- Ministre Joachim Felix Hoepner, veuillez poser votre main droite sur la bible et élever la gauche je vous prie. Celui-ci s'exécuta. << Répétez-après moi: Moi, Joachim Felix Hoepner, ministre de la défense civile de la république autoritaire librianne en ce 26 mai du cycle de l'Apocalypse de la galaxie de Sagesse...
- Moi, Joachim Felix Hoepner, ministre de la défen... Et il répéta les mots exacts à mesure que le chancelier Wurzel les énonçaient et marquait des pauses.
<<... Déclare aujourd'hui et affirme, que j'accepte la fonction de chancelier de la république autoritaire librianne en succession légitime du chancelier Stephen Joseph Wurzel, dirigeant de la république autoritaire librianne et protecteur de Libria. >>
<<... Que j’accomplirai mon devoir avec le plus grand dévouement et sans la moindre réserve. >>
<<... Que je protégerai et défendrai la souveraineté de la république autoritaire librianne et sauvegarderai les articles de la constitution... >>
<<... De toutes les fibres de mon être. >>
- De toute les fibres de mon être... Conclut le nouveau chancelier Hoepner d'une voix qu'il maintint forte.
Le chancelier Wurzel lui serra la main droite et porta la gauche au revers de son veston, retirant la broche du parti qu'il portait, décorée, spécialement en hommage au chancelier en fonction. Il l’agrafa au revers de celui d'Hoepner, ses mains tremblant autant que son vis-à-vis, aussi ému que terrifié par la charge qui lui était confiée. Ils se tournèrent tous les deux vers les hommes et les femmes rassemblés et Stephen Wurzel s'écria alors;
- Messieurs et mesdames les ministres! Jurez-vous solennellement d'appuyer inconditionnellement votre nouveau chancelier dans l'exercice de ses fonctions?
<< Nous le jurons! >> S'écrièrent les ministres Spencer Key, Jessika Mensgk, Francis Hayes, Wilfrid Berger, Karl Hoffman ainsi que les dizaines d'autres membres du cabinet et assistants présents d'une seule voix, les caméras des journalistes inondant la grande salle de flashs aveuglants. Wurzel poursuivit.
- Soldats de la grande armée républicaine! Voici devant vous votre chef! Jurez-vous d'obéir inconditionnellement à ses ordres et de soutenir son gouvernement à la tête de la république autoritaire librianne jusqu'à la mort?
<< Nous le jurons! >> S'écrièrent les amiraux Bidderman, Weiglin, Rikker, Christiansen, Webber et le maréchal du ciel Dienes d'une voix si forte et si claire qu'ils couvrirent presque celles des dizaines et des dizaines d'autres hommes de la flotte républicaine et de la garde républicaine qui jurèrent simultanément d'un même souffle.
Le silence refit place dans la pièce, Wurzel se reculant d'un pas maladroit, laissant le chancelier Hoepner seul à l'avant de la pièce, les traits tirés, serrant les deux poings pour éviter à ses mains de trembler, la broche ornée de l'ancien chancelier Wurzel étincelant sur sa poitrine.
Le maréchal du ciel Dienes s'avança.
- Quels sont vos ordres, chancelier Hoepner?
Celui-ci se tourna fugitivement vers Wurzel qui à quelques pas de là, lui adressa un regard triste mais ne dit rien. Une larme perla au coin de l’œil d'Hoepner qui la chassa d'un coup de cil et se retourna vers le maréchal du ciel.
- Nous partons Dienes. Faites embarquer tout le monde à bord de l'Aleksander II et des navettes, nous quittons libria.
Celui-ci salua et donna ses ordres à la ronde, la salle commençant à se vider aussitôt. Le chancelier Hoepner fit un pas, se figea un court instant puis partit en direction de la sortie, refoulant son émotion. Il savait que s'il s'arrêtait et laissait libre court à son chagrin, il n'aurait plus le courage de partir. Les principaux membres du gouvernement l'entourèrent, le suivirent.
Tous dans la salle se retournèrent les larmes aux yeux à chaque pas ou adressèrent le salut à Wurzel, qui, resté seul avec Strump au fond de la salle les regarda avancer vers les portes qui donnaient sur la Place de la Victoire en contrebas.
- Partez vous aussi Strump, lui dit Wurzel. << Votre place est auprès d'Hoepner à présent. >>
- Ma place est auprès de vous monsieur. Lui répondit alors le jeune homme. << Je ne pars pas. >>
L'ancien chancelier secoua la tête et lui mit une main sur l'épaule.
- Vous êtes jeune Strump, vous avez encore tant de choses à faire, tant à dire, tant à vivre! Partez, je vous en supplie. C'est le dernier ordre que je vous donne. Personne ne peux plus m'aider dans les heures qu'il me reste à vivre, sinon Dieu, une bonne bouteille de cognac, Wagner et quelques 200 pages d'un très... médiocre livre qu'il me reste à finir.
Les deux hommes furent pris d'un rire nerveux et finalement Strump essuya du revers d'une manche noire les larmes qui lui avaient envahies les yeux. Il s'inclina et se détourna, laissant échapper un hoquet de tristesse en s'éloignant pour rejoindre ses hommes qui avançaient calmement vers la sortie.
Wurzel demeura sur place jusqu'à ce que la salle se soit entièrement vidée puis prit le chemin de son bureau, chaque pas durant une éternité, chaque souffle menaçant de le noyer dans le désespoir. Il parcourut comme un automate des couloirs qu'il avait déjà parcourut mille fois et rejoignit enfin ses appartements où les larges baies vitrées donnant sur la ville laissaient toujours entrer un flot de lumière dans la pièce richement meublée. Il ferma la porte et s'assit dans un des fauteuil près des fenêtres, contemplant la ville. << Si belle... si fragile. >> Il demeura là longtemps. Il vit l'Aleksander II s'élever gracieusement au milieu de centaines de navettes et de petits vaisseaux et quitter la planète. Il vit des incendies se déclarer ça et là. Il vit de la fumée loin au nord, peut-être Zossen... ou... peut importait après tout. Il vit les cieux se teinter de rouge et s'enflammer.
Il glissa la main dans la poche intérieure de son complet et en sortit une photographie aux bords élimés et jaunis. Celle d'une femme et de deux enfants à ses côtés à lui, par un bel après-midi.
Il ferma les yeux...
(Laissez jouer la musique) La fin de Libria: http://youtu.be/CkC6OKBYVLI?t=2m45s
Aux limites extérieures de la galaxie de Sagesse, près d'un demi million d'appareils se rassemblèrent autour de l'Aleksander II six heures après le flash qui secoua Sagesse, comme il avait dit de le faire. La mission Eden était prête. Les appareils s'échangèrent les données de navigation, leurs équipages prêts pour leur ultime voyage.
Sur le pont de l'Aleksander II, le chancelier Hoepner fixait l'immensité de l'univers telle une statue de marbre, la mâchoire serrée, les yeux d'une tristesse sans nom. À ses côtés le maréchal du ciel Dienes en faisait de même, deux lettres dans la main gauche et un combiné dans la main droite.
<< À toute la flotte, préparez-vous. Attention dans 3...2...1... Maintenant! >>
Les appareils passèrent en distorsion, emportant près de 112 000 000 d'hommes de femmes et d'enfants de la mission Eden vers leur destin.

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