Apocalypsis Archives > gamma2 > Galaxie 5 > Forums > Égouts > Une lumière dans les ténèbres

Une lumière dans les ténèbres

Pages : 1

Cdte. Jessika Mengsk
Respect diplomatique : 84

Avatar
22/08/1015 ETU 22:20
Message édité - Score : 5 Détails Prévenir Dieu
0 : orthographe insuffisante
0 : présentation bâclée
0 : hors sujet
0 : hors role play
0 : message insultant
efforts visibles : 0
message adapté : 0
message remarquable : 5
humour décapant : 0
role play intéressant : 0
Croiseur Fregger républicain Tristania
Vaisseau amiral de la flotte librianne du secteur XIV
Quelque part, près des portes du secteur...
Trame sonore suggérée: https://www.youtube.com/watch?v=3WpGhk8ifK4&feature=youtu.be&t=3m46s
Avec un léger sifflement, les portes blindées coulissèrent dans les parois du vaisseau et la vaste pièce, plongée dans l'ombre fut baignée dans la lumière froide du couloir des officiers du bâtiment librian.
L'homme qui avait ouvert passa doucement le seuil et s'immobilisa aussitôt entré, balayant la pièce du regard, ses yeux s’accoutumant au faible d'éclairage.
Seul le plancher métallique était commun au reste du vaisseau. Ici, dans les appartements du commandant du bâtiment, qu'il avait lui-même occupé pendant un temps, les chantiers spatiaux de Libria avaient jadis insérés un petit morceau de la culture librianne dans un bâtiment de guerre froid et anonyme, sorti d'une chaîne de montage.
Les murs étaient lambrissés de chêne provenant des forêts du nord de Magdenburg. Les cadres et les cimaises avaient été sculptées à la main et dorées de feuilles d'or par les artisans de Zossen, ceux là-même qui avaient fondus la plupart des œuvres d'art de bronze reposant ça et là dans la pièce. Enfin, le mobilier exquis, témoignant d'une parfaite maîtrise du travail du bois, du tissu et de la métallurgie de précision était le fruit des menuisiers et sculpteurs de Libria City, réputés jadis dans tout le secteur 5 de Sagesse pour leur expertise.
Puis, lui, Hans Frédéric Stuckart, ambassadeur et diplomate pour la république autoritaire librianne, dirigeant intérimaire de la république autoritaire librianne en exil du secteur XIV, avait modestement contribué à parfaire la décoration de ces quartiers lorsqu'il y avait transféré certains de ses œuvres d'art personnelles lors de leur exode loin d'Utopie, plusieurs mois plus tôt.
Ainsi, un buste du chancelier Wurzel, commandé jadis par ce dernier auprès de Carl Räder, architecte officiel du P.F.P.L. trônait-il dans un coin de la pièce et la maquette officielle de l'Aleksander I, le premier croiseur dessiné et conçu par Star Corp Inc, la célèbre firme aérospatiale librianne, et remise par Albert Weiss lui-même au chancelier Wurzel pour son 42e anniversaire reposait fièrement sur une table de bois sculpté en décorant à elle seule tout un mur de la chambre. Pièce de collection provenant d'une époque où le peuple librian rayonnait d'un secteur à un autre de Sagesse et où sa culture, son amour du travail, de la famille, de la nation, de la religion, de l'art, de la diplomatie et de la guerre... était respectée, crainte et admirée par des centaine de peuples.
Aujourd'hui, ces peuples avaient disparu, et Libria était morte. Seuls les librians demeuraient, fantômes dispersés, issus d'un autre âge et d'un autre monde...
L'ambassadeur Stuckart fixa un instant le lit dans le coin gauche de la pièce, encore intact et les couvertures à peine froissées de même que la chaise vide derrière le bureau de travail près de celui-ci.
Il déglutit et, maintenant familier avec la situation mais jamais à l'aise avec celle-ci, se tourna vers sa droite, là où dans un coin, une silhouette recroquevillée était lovée entre une armoire et la seule ouverture de la pièce donnant sur l'extérieur du vaisseau, une baie vitrée d'environ un mètre de large, épaisse et protégée à l'extérieur par un champ de force dédié.
Le diplomate librian s'approcha doucement, déboutonnant son veston et s'agenouilla près de la silhouette.
Jessika Hildegarde Mengsk, ministre des affaires étrangères de la république autoritaire librianne, troisième dans la succession du parti et quatrième personnalité du régime librian était assise à même le sol, les genoux relevés jusqu'au menton, une robe de chambre sale la couvrant partiellement.
Ses blessures avaient été guéries, du moins, celle qui pouvaient l'être physiquement. Ses très graves carences alimentaires avaient été comblées autant que sa difficulté à recommencer à se nourrir l'avait permise.
Mais tant physiquement que mentalement, elle n'était plus la même et son état ne s'améliorait pas beaucoup. Certains jours elle semblait assez lucide et mangeait un peu, dormait un peu, reprenait quelques forces, puis, elle semblait rechuter et recommençait à se comporter comme si elle était toujours incarcérée par les soviétiques. Alors, il fallait agir avec elle comme avec un enfant, elle qui, d'un mot, avait l'autorité légale pour commander à toute la population librianne d'Utopie, près de 30 000 000 de personnes...
L'ambassadeur Stuckart, qui n'était après tout qu'un vague collaborateur de celle-ci au sein du ministère des affaires étrangères, ne s'était jamais fait à cette situation mais, comme les autres hauts-placés du gouvernement librian en exil du secteur XIV, avait convenu que c'était à lui de prendre soin d'elle et de veiller sur elle. D'autant que depuis trois mois, errant dans le vide entre les galaxies, son emploi du temps ne demandait que cela...
Il sourit d'un sourire bienveillant et prit une voix calme et rassurante;
<< Madame la ministre? >>
Évidemment, elle ne répondit rien, ses yeux bleus demeurant fixés sur le sol devant elle sans en bouger. Alors il se fit plus familier, tentant comme chaque fois de franchir les barrières impersonnelles du monde public auxquelles les homme sont si imperméables.
<< Jessika? M'entendez-vous? >> Il osa lui toucher doucement un genou exposé du bout des doigts en lui parlant. Alors, comme souvent, elle se mit à marmonner, ses yeux, erratiques, bougeant légèrement.
<< Jessika... Jessika Hildegarde Mengsk... Jessika Hildegarde Mengsk... Jessika Hidedar... >>
Il sourit tristement à nouveau et se redressa, enlevant son veston et alla le suspendre près des portes de la cabine où un porte manteau de Zossen se dressait, vissé au sol. Puis, il revint vers elle et s'accroupit à nouveau. Elle marmonnait toujours.
<< Vous allez prendre froid à demeurer ainsi assise au sol, non? Ce n'est pas bien, madame. >>
Elle cessa de marmonner et bougea très légèrement, comme si, soudain, consciente d'être assise par terre.
Il lui tendit une main où, au majeur, un anneau frappé de l'aigle librian prenant son envol était gravé;
<< Venez avec moi Jessika. Nous allons manger et vous allez pouvoir vous habiller. >>
Même s'il ne le sut jamais, ce n'était pas tant le ton réconfortant que la bague ornée de l'aigle que la confiance en une personne attentionnée qui faisait que,
comme ce matin là,
elle prit la main tendue avec force tremblements et se laissa relever en chancelant et conduire jusqu'à la chaise où, elle se verrait servir à déjeuner et assister, puis lavée et habillée par deux femmes du service médical de la flotte librianne.
Non, chaque fois qu'elle se trouvait dans cet état presque catatonique, c'était cet accent tout simple, cet accent librian porteur de ces intonations germaniques qui la ramenait à la surface. Ce même accent qu'elle avait entendu dans les ténèbres de sa cellule sur Alexandria Nova où, ce jour là, elle s'était retrouvée face à Adrian Veidt puis avait été sortie du bâtiment dans une semi-conscience, dans les bras d'Éric Strump, capitaine de la garde librianne.
Ce jour là, elle mangea un peu et comme chaque jour, fut lavée et habillée, dormi un peu puis, le soir venu, après que Stuckart soit revenu lui parler un peu, elle étant restée silencieuse, elle se leva de son lit et se dirigea pas à pas vers le coin de la pièce où elle se laissa glisser.
Et dans un murmure, ses lèvres s'agitèrent un instant;
<< ...Non, il ne faut pas attraper froid... >>

Pages : 1