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La nuit tombée... [RP]

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Cdt. Mickey Knox
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21/11/307 ETU 11:08
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Une ruelle sombre et crasseuse, aux lumières incertaines. Les gémissements d'un clochard dont le foie est en train de lâcher, là, quelque part, sous les immondices. Il fait froid, ce soir. Les pas résonnent maintenant de part et d'autre, ricochant sur les murs abîmés. Une silhouette fend la nuit, nonchalemment, s'arrête, tend l'oreille. La flamme rouge d'un briquet apparaît, éclairant un visage d'un reflet infernal. Les cartons remuent, et le visage pouilleux de l'ivrogne en sort. Agacé par la lumière, il gueule des injures incompréhensibles à celui qui le dérange. Puis ses yeux s'écarquille, il marmonne des excuses, et s'enfonce profondément dans son vieux duvet troué. Frissonant. L'autre tire une bouffée sur sa cigarette, et range le feu tandis que les braises prennent. Ignorant l'épave humaine, il avance à nouveau, et, quelques mètres plus loin, s'arrête devant une porte métallique. Attend, en silence, immobile. Un clapet métallique s'ouvre, deux yeux fixent l'extérieur, et, au bout d'un cours instant, se referme. Puis la porte elle-même joue et s'efface.
Le loup est dans la bergerie.
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Dans les éclats malingres des néons de ce bar cradingue, une lueur maladive dévoile l'arrivant. C'est un homme grand, chauve, assez large d'épaules. Sous le grand manteau de cuir qu'il déboutonne d'une main sitôt la porte franchie, il est vêtu d'un T-shirt noir et d'un pantalon de treillis de la même couleur. Quelques regards fatigués le suivent des yeux, et retombent vite dans la contemplation des verres.
L'homme lui-même ne passe qu'un coup d'oeil rapide sur l'assistance avant de se diriger vers le comptoir. Il y a peu de clients,peut-être 4, tous seuls. Un vieux morceau de musique passée de mode circule, sans troubler le calme glauque du lieu. Le portier lui -même arrive, passe derrière le bar, et, posant les mains sur le zinc, attend la commande.
Le chauve le rejoint, s'installe sur un tabouret, et, en tirant une bouffée, montre du doigt la bouteille de bourbon qui prend la poussière sur l'étagère.
"Celui-là ? Monsieur est connaisseur...c'est rare que j'en vende...les autres préfèrent le premier prix...", balance le barman avec un vague geste de la main vers sa clientèle.
"Je déteste boire de la pisse, mec. Et vu qu't'as pas mieux..."
Le tenancier pivote, attrape d'une main la bouteille et de l'autre un verre, se retourne et sert un verre à moitié plein d'une main leste.
"Laisse la bouteille, mon gars, et prends-toi un verre...j'déteste boire seul."
Le patron sourit jaune, saisit un verre qu'il pose sur le comptoir à côté de l'autre, et le remplit de la même façon. Les deux hommes trinquent en silence, envoyent le contenu cul sec et se reservent.
"Nouveau dans l'coin ? c'est rare de voir des inconnus s'pointer dans les parages...on est pas recommandé sur les guides touristiques...
-J'suis pas un pro des guides. Quand j'cherche, je trouve. Et c'est un rade comme le tien qu'j'voulais.
-Ah ouais ? ben t'as d'drôles de goûts...ici, on fait dans l'soin de misère à prix cassés...
-Justement, mon pote, justement...tout c'qui m'fallait...
-T'as pas l'air de manquer de thunes, pourtant...ni d'être en train d'crever d'une saloperie...donc, c'est une histoire de gonzesse..."
Le barman tend son verre, attend que son client l'entrechoque avec le sien, et tous deux les vident d'une longue rasade. Ils les reposent lentement, et les remplissent à nouveau.
"C'est au troisième godet qu'on y voit plus clair, camarade...alors, c'est qui, la gonzesse..."
Le chauve écrase sa clope, en rallume une. Plonge ses yeux dans ceux du patron.
"Pas LA, MA. Mallaury. Et tu vois, ton rad, ben y'm'rappelle bien des souvenirs. Du temps où elle et moi, on s'décollait pas..."
Il tire une longue bouffée sur sa clope, engloutit son bourbon.Le barman, qui connaît son boulot, se tait. Et attend, en sirotant, et en servant le verre vide.
"Ouais...un dinner de ploucs dans un coin désertique. Le seul dinner à des centaines de bornes à la ronde...On v'nait à peine de commencer not' balade. Et Mallaury, elle avait eu la dalle. Alors, on s'était arrêté dans c'bouge..."
Le chauve a les yeux dans le vague. Il laisse sa clope se consumer, ne touche plus à son verre.
"Y avait quoi...trois clients, des bouseux du coin...l'cuistot, la serveuse...et nous...j'me rappelle, l'jukebox passait un d'ces airs country minable...et puis Mallaury, elle a eu envie d'danser. Et ça l'a gavé, la zique de merde...elle a bougé son p'tit cul, s'est approché d'la machine, et elle leur a collé un p***** d'punk rock dans la tronche, aux bouseux...oh p*****, z'ont pas aimé, les tarés...et là , elle s'est mise à danser, et un des ploucs a commencé à plus s'sentir pisser...il t'nait son Stetson, et il s'est mis à danser, collé à Mallaury...elle riait, elle s'frottait à lui comme une chienne...et ses potes à lui y riaient...et moi aussi, j'riais...c'était fun..."
Il s'arrête, songeur, perdu...le silence s'installe de longues minutes. Le barman vide son verre, se ressert.
"Tu bois un coup, que j'te r'serve ?"
Mickey Knox secoue la tête, fixe le barman. Prend son verre, le vide d'un trait, fait non de la tête.
"Et tu sais c'que c'était l'plus fun ?...c'est quand le mec a commencé à la plotter. On riait tous comme des gorets...Et puis Mallaury, elle lui a attrapé l'paquet..l'mec y f'sait l'fier devant ses potes...mais p*****, quand elle a serré, y rigolait plus...Il a gueulé, l'péquenot, et ses potes ont foncé sur Mallaury, p******, y 'en a un, il lui a collé une beigne d'enfer...à terre, Mallaury. Et on riait, elle et moi...elle était belle, là, la lèvre en sang, le type à terre avec ses balloches en vrac et les deux gars a côté qu'insultaient ma beauté..."
Plus Mickey s'anime, moins l'barman comprend.
"Et là, mon coeur, y s'est relevé, elle a gueulé, et elle a collé un coup de boule dans l'premier gars, un truc de fou, elle lui a pété l'nez à la vollée...le s'cond, il a voulu lui coller un parpaing, mais elle a évité, et lui a r'filé un coup d'latte dans l'buffet, j'te promets, elle l'a plié en deux...c'est là qu'c'est parti en c******. Quand c'taré d'cuistot a sorti l'douze pour la flinguer.
-S'est passé quoi ?
-Ben...ça."
D'un geste, la main gauche de Mickey saisit la nuque du barman assis sur le rebord, et le ramène tête la première sur le comptoir. Son nez éclate sous l'impact, et alors que les têtes se lèvent, sa main droite entre dans le manteau et en sort un canon scié, l'ex-taulard pivote, fait face à la salle, et presse la gâchette en face du client le plus proche. Alors que le visage du type explose, Mickey envoie un coup du coude gauche dans la face du barman qui se relevait, et vise un second client ébahi. Il tire avant que le mec bouge, et celui-ci recule sous le choc.
Un court silence se fait, et d'un coup, on entend les corps tomber, le barman gémir, et soudain, un des clients se lève, fonce vers le chauve, alors que les deux autres courent vers la porte. Mickey sourit, intercepte le mec d'un coup de canon dans la tempe qui le couche, prend son tabouret à un main et le fracasse sur la tête du type au sol.
Les deux gars sont arrivés à la porte, secouent la poignée, s'acharnent mais n'arrivent pas à l'ouvrir. Peinard, l'actuel Meneur des Esprits Libres ouvre son arme, vide les cartouches, en prend deux dans les poches de son manteau et recharge. Ca sent la fumée, le sang. Les mecs hurlent, tambourrinent sur le métal de l'issue. Deux détonations. Silence. Et gémissements du barman pour tout bruit. Mickey se retourne, passe derrière le comptoir. Le type recule en rampant, ses yeux disent sa peur de mourir et son incompréhension.
"Non, mec, non...pourquoi...me tues pas mec...
-Des souvenirs, mon pote, des souvenirs...et Mallaury...surtout Mallaury..."
Il s'empare de la lame qui traîne derrière le comptoir, s'approche du type.
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Alors que la porte métallique se referme et que la silhouette s'en va lentement dans la nuit, quelque chose bouge dans les cartons. Un oeil rougi s'ouvre, et regarde l'homme tourner au coin de la ruelle. Le clochard se relève et s'approche de la porte d'où commence à sortir de la fumée. Il l'entrebaille, appelle...puis, sans réponse, l'ouvre complètement et regarde. Ses yeux s'écarquillent. Il recule, de plus en plus vite, et arrive au centre du passage. Sans rien dire, il part dans le sens opposé du dernier partant.
Aussi vite que s'il avait croisé le diable en personne.

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