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Déchéance

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Cdt. Geoffroy de Charnay
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02/03/308 ETU 11:39
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RP privé, faisant office de préambule à ma future présentation. Merci de ne pas poster.
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Au temps jadis...
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« Honte ! Honte ! Vous voyez des innocents qui meurent… Honte sur vous tous ! Dieu vous jugera… Pape Clément!… Chevalier Guillaume !… Roi Philippe !…
Avant un an, je vous cite à paraître devant le Tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! Maudits ! Maudits ! tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races!… »
Sur l’île aux Juifs, au cœur de Paris, le bûcher avait été dressé. Il faisait face à la loggia royale, d’où Philippe IV pouvait admirer la concrétisation de son œuvre, commencée sept ans plus tôt. Sur les deux rives, les archers étaient bien alignés. Le procès intenté aux Pauvres Chevaliers du Christ n’avait pas été sans soulever quelques remous dans la populace, et des débordements étaient craints. Cet ordre chevaleresque était trop puissant : toutes les cours d’Europe étaient leurs débitrices… et cela, le Roi de France ne pouvait le tolérer, lui qui avait pour rêve de fédérer cette grande nation. Et s’il avait pu mettre la main sur le trésor légendaire du Temple, il aurait pu renflouer les caisses de l’Etat... Il n’avait pas lésiné sur les moyens, prenant le vendredi 13 octobre 1307 le contrôle de toutes les commanderies templières sur le sol de France, usant de son influence pour forcer ensuite le Pape Clément V à rallier sa cause en portant le discrédit sur l’Ordre du Temple, de son vrai nom l’Ordre des Pauvres Chevaliers du Christ... Pauvres Chevaliers... quelle ironie ! Certes leur Règle leur commandait de ne rien posséder en propre, mais que de places fortes ! que de richesses dans leurs coffres !
Mais à défaut d’avoir pu s’emparer de leurs trésors, au moins le Roi Philippe avait-il la satisfaction de voir aujourd’hui disparaître l’un de ses adversaires les plus redoutables. Car sur le bûcher se tenaient les Hauts Dignitaires du Temple, jugés relaps depuis que, sur le parvis de Notre Dame où ils avaient entendu les attendus de leur jugement, ils étaient revenus sur les aveux qui leur avaient été extirpés sous la torture, et avaient alors été remis au bras séculier pour mourir par le feu. La populace, silencieuse, ne semblait pas vouloir s’interposer. Après toutes les rumeurs qui avaient couru sur ces chevaliers, elle ne savait plus que penser. Mais hors de question pour elle de montrer quelque animosité vis-à-vis des condamnés... trop de respect pour ce qu’ils avaient été, trop de noblesse était attachée à cet Ordre, trop de dignité revêtait ces hommes qui bientôt seraient livrés aux flammes ! Geoffroy de Charnay, Hugues de Payraud, et Jacques de Molay, le dernier Grand Maître en date de cet Ordre... tous trois ligotés par des cordes aux poteaux émergeants du bûcher, la mitre en papier ceinte sur leur tête, ces lettres terribles portant atteinte à leur honneur : Hereticus, Apostator, Viblatricus...
Certes, la clameur était montée dans la foule, lorsque tous trois étaient arrivés du Temple où ils étaient retenus prisonniers, dans cette charrette soumise aux chaos des pavés et dans laquelle leurs pieds enferrés pouvaient à peine les faire se tenir debout, mais la présence des archers et des hallebardiers l’avait vite apaisée. Et dans un silence emprunt de respect et de solennité, les trois dignitaires du Temple étaient descendus. Bourreaux et sergents les avaient faits monter sur le bûcher enduit de poix, les avaient ligotés côte à côte. Pendant que les aides rectifiaient l’alignement des rondins et préparaient des fagots supplémentaires, un moine avait tendu vers leurs visages, au bout d’une longue hampe, un crucifix à embrasser, et les avait exhortés au repentir. Il les avait adjurés de confesser leurs fautes, leur rappelant qu’ils allaient bientôt comparaître devant le tribunal de Dieu, mais qu’avaient-ils à confesser ? Ils étaient innocents de tous les crimes dont on les accusait... Tous trois ne bronchèrent pas, le regard droit devant eux, tandis qu’un murmure parcourait la foule :
« Ils refusent de se confesser !... Ils ne se repentent point ! »
Attristé, le moine s’était agenouillé devant le bûcher et s’était mis à réciter ses prières en latin, pour le salut de ces âmes. Dans l’assistance, le silence était revenu, cette fois plus profond encore. Et derrière la psalmodie ecclésiastique, chaque petit bruit de cette scène tragique se faisait entendre : le léger crépitement du brandon d’étoupe qui avait été allumé, la main du bourreau qui s’était refermé autour de celui-ci, le sifflement lorsqu’il l’avait fait tournoyer plusieurs fois au dessus de lui pour en aviver les flammes... Les respirations étaient restées en suspens. Alain de Pareilles, Chef des Archers du Roi s’était tourné vers la loggia royale. Et tous les regards de suivre le sien... Là-bas, debout, se tenait le Roi Philippe. Lorsque les yeux de celui-ci croisèrent ceux de Jacques de Molay, la tension était montée à son paroxysme. L’un était tout-puissant ; l’autre, alors ligoté, l’avait été... Et dans cet affrontement muet, qu’aucun souffle n’osait rompre, quelque chose de terrible et de sur-humain était en train de se jouer. Qui allait céder le premier ? Philippe IV, dans un rare moment de clémence, allait-il gracier les condamnés ? Jacques de Molay s’humilierait-il en demandant pitié ? La réponse avait été un geste de la main royale, qu’avait répété Alain de Pareilles à l’intention du bourreau...
Ce dernier, alors, avait enfoncé le brandon d’étoupe dans les fagots qui composaient le bûcher. On entendit des cris de femme, les enfants se blottirent contre leurs parents, enfouissant leur visage dans leurs vêtements, et la fumée avait commencé à s’élever en volutes épaisses. Une rafale de vent rabattit celles-ci vers la loggia, faisant tousser les membres du Conseil Royal, sauf le Garde des Sceaux, Philippe de Nogaret, qui savourait son triomphe. Depuis sept longues années, il avait oeuvré à tout ceci, administrant la question à tous les chevaliers du Temple mis aux fers, recueillant leurs dépositions entachées de mensonges honteux et de sang, envoyant dans les flammes les moins coopératifs qui survivaient aux longues heures de torture. Il avait de quoi être fier, lui qui avait accompli avec tant de zèle les desseins de son suzerain, et ce n’était pas un peu de fumée qui allait le déranger. De toutes façons, le vent virait... Autour des condamnés, le voile se faisait de seconde en seconde plus épais, et à travers ce brouillard opaque, on entendit les dignitaires tousser et hoqueter... le bois n’était pas assez sec !
Quelques instants plus tard, le silence fut rompu par un hurlement de surprise dans la foule. Du bûcher, des flammes avaient fini par surgir. Alain de Pareilles avait alors donné l’ordre à ses archers d’éteindre leurs torches, et bientôt, seul le brasier avait illuminé la nuit. Le précepteur pour la Normandie, Geoffroy de Charnay, avait été le premier à être atteint. Le feu tournait autour de lui. Alors qu’une vague de fumée le masquait à la foule, ses lèvres s’ouvrirent comme s’il cherchait à happer un air qui se dérobait à lui. Malgré les liens qui le serraient, son corps se plia sous la douleur, faisant tomber sa mitre de papier qui aussitôt s’embrasa. Lorsque sous l’action d’une rafale l’âcre fumée se dissipa, la foule avait pu voir le dignitaire en flammes, hurlant et haletant, tenter de s’arracher au poteau qui le maintenait au milieu de la fournaise. Un grondement roula dans la foule, couvrant la voix de Jacques de Molay qui, ayant incliné la tête vers son compagnon, lui parlait.
Des femmes s’évanouissaient, d’autres couraient vers la berge vomir, mais petit à petit, le calme revenait, et la foule commençait à crier au miracle. Le vent, continuant de souffler dans le même sens, couchait les flammes devant le Grand Maître du Temple, et celles-ci ne l’avaient pas encore atteint. De son côté, le bûcher semblait intact... jusqu’à ce qu’il y eut un effondrement du brasier. Alors ravivées, les flammes jaillirent devant le condamné, et à travers le rideau de feu, la voix de Jacques de Molay s’était faite entendre avec une force stupéfiante :
« Honte ! Honte ! Vous voyez des innocents qui meurent… Honte sur vous tous ! Dieu vous jugera… »
Une flamme le lécha, boutant le feu à sa tunique, à sa barbe, ses cheveux blancs et à sa mitre de papier. La foule terrifiée s’était tue. Elle semblait fascinée par ce visage en feu, croyant y voir un prophète subissant son martyr. Mais avant de se taire, la voix effrayante proféra ses dernières paroles, son ultime malédiction :
« Pape Clément !… Chevalier Guillaume !… Roi Philippe !…
Avant un an, je vous cite à paraître devant le Tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment !
Maudits ! Maudits ! tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races!… »
Cdt. Geoffroy de Charnay
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02/03/308 ETU 20:43
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Dans la Galaxie Espoir... il y a quelques temps
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Pater noster, qui es in caelis
sanctificetur nomen tuum
adveniat regnum tuum
fiat voluntas tua
sicut in caelo et in terra.
Panem nostrum quotidianum
da nobis hodie
et dimitte nobis debita nostra
sicut et nos dimittimus
debitoribus nostris
et ne nos inducas in tentationem
sed libera nos a malo.
Amen.
L’office de Laudes venait de se terminer. Sous la voûte de pierre de l’édifice, la psalmodie grave et puissante à la louange du Très-Haut, qui était sortie de ces poitrines, résonnait encore. Genou à terre, tournés vers la sainte croix et la tête baissée, tous les chevaliers du Temple qui avaient assisté à la prière matinale se signèrent... puis se relevèrent. En silence, conformément à l’exigence de la Règle, et seuls les cliquetis de leurs armures se faisaient entendre. Mouvement de corps coordonné, comme si tous ne faisaient qu’un seul homme. Précision involontaire mais systématique, résultant de l’obligation pour chaque Frère de toujours se déplacer avec le binôme qui lui avait été assigné lors de son entrée dans l’Ordre. Seuls les dignitaires en étaient exempts, pour des raisons pratiques et ne pas entraver leurs fonctions. Et parmi eux, les Hauts Dignitaires du Temple : Jacques de Molay, leur Grand Maître, Geoffroy de Charnay, le Sénéchal, et Hugues de Paynaud, le Maréchal du Couvent du Temple, qui tous trois fermaient la marche à la sortie de la basilique St Jean-le Baptiste, leur saint patron. Accrochant les rayons matinaux qui filtraient à travers les larges vitraux, ce cortège de cuirasses projetait en tous sens de multiples reflets argentés.
Sur le large parvis, dont les dalles commençaient à chauffer sous l’action de Ka qui se levait, les trois Hauts Dignitaires se séparèrent après une chaude poignée de mains. Ka !... nom calarente désignant ce qu’autrefois ils appelaient soleil. Dans un autre lieu, à une autre époque... dans des temps de gloire et de grandeur, dans un dernier temps de déchéance et de souffrance, sur une dernière note teintée de flammes, qui aurait dû conclure les mélodies de leurs existences... Au lieu de cela, ils s’étaient retrouvés ici, terre inconnue et sauvage, au milieu du conflit que se livraient ces tribus indigènes, et que maintenant tous appelaient la Guerre des Trois Cycles. Comment et pourquoi ils avaient survécu, ils n’en gardaient que des bribes de souvenirs éparses et décousues. Le feu les avait dévorés, ils s’étaient réveillés là. Entre, tout ne semblait n’être qu’un rêve. Immaculé, d’un blanc cotonneux certes, mais ce dont chacun se souvenait se recoupait si bien qu’il leur était difficile de le remettre en question. Le Temple était innocent des vices dont il avait été accusé, et Dieu, omnipotent et omniscient, le savait... une seconde chance, une nouvelle existence était offerte à l’Ordre à travers eux. Avec en prime cette quête qui leur avait été confiée, cette mission divine à laquelle ils s’étaient jurés de ne pas faillir...
L’heure était solennelle, tous le savaient. Les cinq longues années écoulées depuis la Guerre des Trois Cycles avaient été prospères, et personne n’avait été avare de ses efforts. Une société nouvelle était née, basée sur la discipline, la dévotion, et les technologies que depuis peu ils avaient appris à maîtriser. Celles qui avaient été découvertes par les trois Haut Dignitaires à leur réveil ici, dans les ruines citadines d’une antique civilisation, il y a de cela huit ans. Celles que les tribus calarentes avaient fini par oublier, avant que les tensions entre elles ne naissent et qu’elles ne se fissent la guerre. Mais cette époque était révolue. Jacques de Molay, Geoffroy de Charnay et Hugues de Paynaud étaient apparus, avaient parlementé longuement, et guerroyé hardiment aussi... et le conflit avait fini par cesser. Chose surprenante, aucun des trois n’avait eu de problème à comprendre et à maîtriser la langue nouvelle, étrangère, exotique de ces autochtones. Sans doute également un autre prodige octroyé par Dieu, comme leurs corps qui ne portaient aucune séquelle de leur supplice, nulle brûlure due aux flammes qui les avaient consumés...
Sous leurs initiatives et leurs directives, un nouvel élan avait été donné. Et voilà que depuis peu, un monde nouveau et vaste s’ouvrait devant eux. Non, ils n’étaient pas seuls ! Il y a avait de la vie ailleurs, sur les autres planètes dont ils voyaient la course dans le ciel nocturne, et même bien au-delà... D’après d’antiques archives qui avaient été déterrées, un outil de communication holographique avait été construit. S’ils devaient en croire les nombreux signaux qu’ils parvenaient désormais à capter, d’autres civilisations existaient, proches pour certaines, très éloignées pour d’autres. Ainsi, tous appartenaient à une même galaxie, nommée Espoir... et Jacques de Molay allait aujourd’hui prendre la parole au sein de cette assemblée qui existait, par delà les astres. Il allait les présenter, eux, cette civilisation calarente qui dorénavant s’appelait, depuis l’élection du Grand Maître à leur tête, les Nouveaux Templiers.
Que de fierté sur les visages de ces chevaliers attroupés sur le parvis de la basilique St Jean-le Baptiste ! Aujourd’hui, le Temple renaissait enfin, et sous peu, nul doute que l’Ordre retrouverait son prestige de jadis... La confiance était là. Le Chapitre s’était réuni la veille. Une fois définies les grandes lignes quant au développement des peuples voisins s’étant ralliés à leur civilisation, la question de l’éventuel recensement au niveau galactique avait été abordée... et votée, comme toutes les décisions d’importance concernant l’Ordre, bien qu’au final, cette décision incombait au Grand Maître seul. Le Temple avait de tous temps préservé son indépendance de toute cour et de toute souveraineté, ne reconnaissant d’autorité qu’à l’Eternel et au Pape, mais ce dernier les avait trahis. Il ne restait au Temple que Dieu et le Temple lui-même... et cette quête grandiose et solennelle, connue que des membres les plus haut placés. Mais ce thème avait à peine été abordé la veille, l’heure étant à l’ouverture de l’Ordre vers l’extérieur...
D’un pas rapide, Jacques de Molay avait descendu les trois marches du parvis, escorté de deux simples sergents. Hugues de Payraud était parti rejoindre la commanderie du Temple de Salomon, avant de visiter toutes les autres du système, pour s’assurer que leurs Frères ne manquaient de rien ; quant à Geoffroy de Charnay, il lui fallait présider la cérémonie d’intronisation des nouveaux chevaliers de La Tour de David. Le Grand Maître serait seul à prendre la parole devant l’assemblée, à présenter l’Ordre et veiller aux intérêts de celui-ci. Et c’est dans cet état d’esprit qu’il remonta la rue pavée de Jérusalem qui menait jusqu’au Grand Temple, la commanderie suprême, l’ombre de son corps projetée par l’astre du jour naissant le précédant. Ka... qui dans la mythologie païenne calarente, avait aussi un autre sens : la roue du destin !
Cdt. Geoffroy de Charnay
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03/03/308 ETU 09:06
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Dans la galaxie Aurore... récemment
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Des lueurs dans le ciel. La majesté d’étoiles filantes par milliers embrasant la voûte céleste de leur incandescence. Des éclairs orangés auxquels seul un tonnerre humain faisait écho, celui de cris de souffrances et d‘agonies. Comment en étaient-ils arrivés là ? La trop grande fierté du Temple et de Jacques de Molay, son Grand Maître, les avait-elle une fois de plus conduits à leur perte ? Les Nouveaux Templiers n’avaient pourtant pas été si mal accueillis dans la communauté galactique, des alliances avaient même été formées avec d’autres civilisations dont les dirigeants, eux aussi, suivaient la même quête divine que Dieu leur avait assigné, quoi que peut-être pour des raisons moins nobles… Une ère de prospérité et d’évolution technologique avait régné, avant que l’Ordre ne se replie sur lui-même, vivant dorénavant en autarcie, lui qui ne pouvait cautionner l’hypocrisie qui régnait en Espoir, l’avarice doublé de lâcheté dont étaient auréolés certains commandants… Le mensonge était péché, et aux yeux de Dieu, chaque péché n’était-il point crime ? Aussi, malgré la précarité de sa civilisation et ses maigres ressources, le Temple avait-il de nouveau pris les armes contre les plus puissants, contre les infidèles qui seraient toujours hermétiques à la loi divine. Abandonnés de tous, même de leurs alliés, ces chevaliers s’étaient levés, fidèles au serment qu’ils avaient fait de défendre en toute circonstance les plus opprimés, la veuve et l’orphelin, même si cela revenait à signer leur arrêt de mort… cette malemort qui se montrait à eux derrière les apparats de ce feu d’artifice…
Sifflements stridents des bombes, chaleur de la fournaise, du brasier qui consumait la planète jusqu’à ses racines… Jacques de Molay était-il fou ou valeureux ? Difficile de le dire, lui qui, le glaive brandi à la main, haranguait ses troupes et les invectivait, ordonnant la charge face aux troupes d’assaut qui avaient pris pied sur Jérusalem. Qu’avaient à craindre ces moines-soldats, de toute façon ? N’avaient-ils pas, par leur vie vertueuse et dévote, gagné d’avance leur place au paradis ? Aussi sans crainte ils avaient couru sus à l’ennemi, montrant toute la vaillance qui était la leur, pourfendant d’une main ferme les suppôts de Belzébuth qui leur étaient supérieurs en nombre... Mais qu’importe ! La Règle du Temple ne leur interdisait-elle pas de se battre à moins d’un contre trois ?… La terre fertile de Jérusalem regorgeait d’un fleuve de sang, celui des preux se mêlant à celui impur des escadres kamikazes hostiles, la boue rougeâtre laissant apparaître ici et là quelques membres tranchés, lacérés… Quelques bannières du Temple flottaient encore au vent, vagues morceaux de tissus déchiquetés, les autres jonchaient le sol, dans la terre humide, souillée. Au milieu de ce carnage, où était la dignité ? Où était passée la majesté qui ceignait autrefois l’Ordre ?
Les renforts amenés par Geoffroy de Charnay n’avaient pas été très utiles. Ces jeunes recrues qu’il venait à peine d’introniser dans la Tour de David n’étaient point encore assez aguerries pour avoir une quelconque efficacité face aux hordes ennemies. Tout au plus avaient-elles permis aux chevaliers de souffler quelque peu. Mais les assauts répétés à leur encontre disséminaient un peu plus à chaque fois leurs rangs. La plupart des places-fortes tenaient encore, mais au prix d’un réel massacre qui se voyait aux pieds des murailles, dans ces charniers humains laissés à l’abandon et au déshonneur, proies faciles pour tous les charognards de la contrée. Etait-ce cela la gloire que l’on pouvait conquérir sur les champs de bataille ? Vaines et stériles glorioles pour les egos démesurés de ces envahisseurs, honteuse et douloureuse impuissance pour ces chevaliers qui voyait la guerre portée au cœur même de leurs foyers et de leurs terres. Tant d’amis tombés, tant d’âmes qui ne connaîtraient pas le repos dans une terre consacrée, à moins d’un miracle… A chaque accalmie, la ferveur religieuse de ces moines-soldats redoublait. Tous assistaient alors aux offices, chapelles, églises, cathédrales et basiliques regorgeant de ces combattants aux mains recouvertes de sang qui tournaient leurs prières vers le Très-Haut, implorant son aide et sa miséricorde pour leurs frères trépassés…
Paix de l’âme. Douceur d’une psalmodie. Toute la noblesse de leurs cœurs dans un victorieux Te Deum. La fraîcheur des pierres de la basilique St-Jean-le-Baptiste qui renvoyaient la puissance de leurs voix, tel le tonnerre du bras vengeur de Dieu. Les dernières notes se mourrant dans le silence du recueillement. Puis le rugissement de turbines. Le sifflement d’un projectile. Le fracas d’une explosion. L’éboulement de l’édifice. Pluie de lourdes pierres écrasant tout, ou presque. Hurlements de terreur. Rage envers ce lâche sacrilège. Le Sénéchal ouvrit les yeux. A quelques mètres de lui, le Maréchal du Couvent du Temple, Hugues de Paynaud, était plié en deux, la jambe brisée par un bloc de pierre. Dans ses bras, il tenait le corps du Grand Maître Jacques de Molay, dont la vie peu à peu le quittait, une large entaille fendant son crâne. Dans un ultime effort, il fit signe à Geoffroy de Charnay de les rejoindre. Un coup terrible venait d’être porté au Temple, mais les Hauts Dignitaires ne devaient pas oublier pour autant la mission qui leur avait été confiée. Lorsque le Sénéchal fût agenouillé à ses côtés, le Grand Maître le fit se pencher un peu plus, et dans un dernier souffle…
Il se réveilla en sursaut. Il était sain et sauf, allongé sur sa couche, à bord du vaisseau amiral avec lequel il avait déserté Jérusalem. Conformément aux dernières volonté du dernier Grand Maître, à son ultime injonction… La sueur perlait de ses tempes. Toujours le même cauchemar, cette même vision surgie du passée. Sans nul doute l’expression de son sentiment de culpabilité, lui qui était avant tout un templier… un chevalier qui se devait de ne jamais reculer. Pourtant, il avait fui !… plus exactement, il avait obéi aux ordres de son supérieur direct, à présent décédé… pour la survivance de l’Ordre, pour la gloire de la divine Trinité et le succès de leur quête… peut-être cette guerre avait-t-elle été l’œuvre de Dieu, peut-être son dessein était-il de les mettre sur la bonne voie, lui et Hugues de Payraud qu’il avait sauvé, avant que ne déferlent leurs assaillants. Geoffroy de Charnay l’avait porté sur ses épaules, à travers les tunnels souterrains connus des dignitaires seuls. Exténués, ils étaient arrivés à un spatio-port secret, alors que la majorité des chevaliers survivants étaient restés derrière pour faire office de dernier rempart, bouclier humain destiné à périr pour leur salut… Alors que les combats faisaient rage dans les ruines de la basilique, il avait déposé le Maréchal dans un croiseur amiral, avant de repartir sauver, avec l’aide de quelques-unes des nouvelles recrues de l’Ordre, les archives du Temple et une partie de son Trésor. Puis ils avaient fui, sans un regard en arrière, le visage grave et le cœur plein d’amertume…
Le Sénéchal s’étira, avant de s’asseoir au bord de sa couche. Du plat de la main, il défroissa quelque peu sa tunique blanche marquée de la croix pattée rouge… comme le sang de leurs frères restés en arrière. Que Dieu ait leur âme en sa Sainte Garde ! Puis il se leva, désireux de se rendre à l’infirmerie pour s’enquérir de l’état de santé de son compagnon de longue date, Hugues de Payraud, dont la blessure devrait le faire boiter jusqu’à la fin de ses jours. Mais à peine eut-il quitté sa chambre, qu’un sergent vint le quérir. Le vaisseau venait de quitter l’hyperfusion, et sa présence était réclamée au centre de commandement… A l’holo-écran se dessinait le contour d’une planète…
Cdt. Geoffroy de Charnay
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05/03/308 ETU 17:19
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Au temps présent…
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La porte se referme dans un léger claquement. Les pas qui s’éloignent résonnent sur le parquet. L’errance a enfin trouvé son terme. Le Trésor du Temple vient d’être grandement amputé, après ce long mois de négociations, mais le fauteuil sur lequel il est assis lui appartient à présent. Du moins appartient-il à l’Ordre, ainsi que l’édifice dans lequel il se trouve… et toute la planète… Geoffroy de Charnay vient à l’instant d’en faire l’acquisition ! Des troubles politiques faisaient depuis quelques temps chanceler le pouvoir en place, et les anciens dirigeants avaient trouver dans les Nouveaux Templiers une aubaine. Gagner de l’argent tout en s’ôtant une épine du pied… ils n’allaient pas faire les fines bouches. D’autant plus que le peuple s’était déjà prononcé, accueillant chaleureusement ces chevaliers venus d’on ne sait où… Le marché se devait d’être conclu !
Geoffroy de Charnay soupire. Le Temple pourra de nouveau renaître de ses cendres. Avec la mort tragique de leur Grand Maître Jacques de Molay et la perte de leur modeste empire, tout est à reconstruire, mais sa foi en Dieu est demeurée inébranlable. Et puis… son compagnon Hugues de Payraud s’est remis de sa blessure. La tâche à accomplir ne reposera pas sur ses seules épaules. A eux deux, ils sauront redorer le blason du Temple et lui octroyer de nouveau sa force et sa puissance de jadis. D’ailleurs, la construction de la maison chevetaine, sous la vigilance du Maréchal du Couvent, s’était terminée la veille, à la plus grande joie de tous les chevaliers qui avaient avec eux réussi à fuir Espoir. A l’ombre de ce symbole, leur quête va pouvoir reprendre, connue des initiés seuls et menée par messire Hugues, dans la plus grande discrétion. Quant à lui, il devrait s’assurer de l’épanouissement de l’Ordre… il serait le visage dans la lumière. Jadis, il avait été précepteur de Normandie, et sa fonction d’alors le destinait aujourd’hui à devenir la figure publique de l’ordre auquel il appartient. En fin de compte, il n’a peut-être pas hérité de la tâche la plus facile…
La chaise émet un doux craquement alors que le Sénéchal se lève pour faire quelques pas et s’arrêter devant la haute fenêtre. D’où il est, il a une vue privilégiée sur toute la cité, avec en arrière plan, sur les hauteurs, leur nouvelle demeure qui surplombe et veille sur la capitale, sur la Nouvelle Jérusalem. Il ferme les yeux, et déjà surgissent d’un lointain passé les sons des sergents et chevaliers à l’entraînement, concourant à la quintaine ou à l’épée… La citadelle qui vient d’être érigée n’abrite pas encore ces exercices. Les rangs des templiers viennent d’être décimés, et il faudra former les nouveaux aspirants, mais la forteresse déjà sème au fond du cœur de Geoffroy de Charnay la graine d’un nouvel espoir, d’une foi renouvelée en l’avenir. Foi d’autant plus forte que la maison chevetaine achevée, tous les efforts pourraient dorénavant être tournés vers l’édification de la nouvelle Basilique Saint-Georges, leur deuxième saint patron.
Les Nouveaux Templiers ont maintenant une nouvelle demeure. Ne leur manque plus qu’une nouvelle vie sociale. Les plans d’un appareil de communication holographique avaient été sauvés de l’oubli en même temps que les archives de l’Ordre, et sa conception devait théoriquement être achevée en même temps que la forteresse. Geoffroy de Charnay allait enfin pouvoir se faire connaître de la communauté galactique, ainsi que son Ordre… le Temple.
Suite dans le sujet de présentation.

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