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La Chant de la Vie

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Cdt. La Kabbale
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20/03/1018 ETU 03:25
Ce(tte) commandant(e) soutient Apocalypsis.
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Ambiance Musicale : https://www.youtube.com/watch?v=wkxKfDmKzrk
L'aube naissait et des entrailles de la planète s'élevait le Chant de la Vie. Les premiers rayons de soleil dardaient à travers l'atmosphère comme tant de flèches venues se planter dans les flancs des collines, ricocher contre l'eau endormie des lacs et enflammer les rares nuages vagabonds. En unisson, des millions de voix s'élevèrent à la gloire de Yeffikalhaï, pourfendeur des ténèbres, Dieu de la Vie et de l'Équilibre. Sa stature spectrale imposante se détachait dans le ciel et baignait d'une paisible aura bleutée les flancs des collines de Servölappel. Sa présence au cercle des initiés signifiait qu'après des milliers d'années de vénération et de sacrifices performés en ce lieu, il avait entendu l'Exhortation ; cela présageait aussi, comme les Oracles l'avaient prédits, que l'Apocalypse vivait ses derniers instants. Ici, tout le monde savait que la croyance qui voulait que la fin de la fin de l'Apocalypse, décidée par un putatif Dieu à trois têtes, n'était rien de plus qu'une fable fantaisiste à l'intention des enfants, afin d'épancher leur soif de connaissance par un mensonge qui camouflait l'absence de savoir des anciens. Sur cette planète, on connaissait la vérité, celle qui voulait que lorsque l'heure sera propice, les sacrifices suffisants pour que de nouvelles collines s'élèvent de la poussière de leurs os, alors reviendrait Yeffikalhaï pour clore l'Apocalypse.
« Ressaïa, fille de Ressaïm, femme unique, péché, désir. Dessine sur la pierre les mots du premier jour. »
« Lokoganoth, fils de Lokanara, homme d'argile, fugace, docile. Pose sur les liens l'écrin de la fin. »
Flanquée de son Ekagara, un petit mammifère ayant l'allure d'un chat mais ressemblant à un mélange entre un chien et un kangourou, Ressaïa s'avance à pas lestes, pieds nus sur le grès blanc, poussière d'os et s'agenouille devant une stèle aussi noire que le charbon. D'un geste lent mais précis, elle glisse ses doigts dans la besace à sa hanche et en sort une plume enchantée. Elle clôt ses yeux et pose la plume dans le plat de sa paume, tournée au ciel et alors les chants s'intensifient derrière elle. Chaque timbre s'esseulait et formait, en unisson, le Chant de la Vie qui semblait provenir des entrailles même de la planète. Alors, d'une main agile, Ressaïa entaille très légèrement, de la pointe de sa plume, le dos de l'Ekagara et se met à graver de la pointe de sa plume la roche noire. On disait de l'Ekagara qu'il était un oracle, pont spirituel entre les dieux sous leur forme matérielle, les dieux sous leur forme spirituelle et le monde des vivants ; à ce titre il était vénéré, protégé et son sang servait aux cérémonies les plus importantes comme vecteur de la parole des hommes à l'adresse des divins. On pouvait lire sur la stèle, à la mesure de ses mouvements de poignet répétés qui allaient entre l'Ekagara et la pierre érigée face à elle, les mots du premier jour, originels, ceux qu'aurait prononcés Yeffikalhaï à l'attention de Hattanaraven lorsqu'il créa le temps et la Vie.
Selon ma volonté, le temps existera, et dans ce temps je crée la vie telle que je l'envisionne. Tu seras l'outil qui tirera sur le canevas de l'existence et le rendra fil à nouveau, tu seras le tisserand de l'Apocalypse. Ensemble, nous engloberons la Vie, la Mort, l'Existence. Lorsque ton oeuvre sera achevée, je refilerai une nouvelle toile où je créerai à nouveau le temps et l'Existence.
Quand Ressaïa eût terminé de graver les Saints Écrits, il revenait à Lokoganoth de les catéchiser. Les yeux clos lui aussi, il tend devant lui ses paumes, et un initié vient y déposer une hallebarde. Il pousse un râle lent et guttural, qui intime au Chant de la Vie de cesser. Quarante millions de voix se taisent à l'unisson et le Silence règne. Un instant.
Ambiance Musicale :https://www.youtube.com/watch?v=0TzmWZhw0aE&t=1582s
Les tambours frappent et alors débute l'Existence. L'Existence est tout ce qui existe entre le Chant de la Vie et le Cantique de la Mort, ce dernier joué près d'un an après le premier. Il s'inaugure par une surge de tambours battants qui ne s'arrêteront qu'à l'union du début et de la fin, au sacrifice de Yeffikalhaï. Lokogaroth vérifie qu'une corde longue soit nouée solidement au manche de la hallebarde, resserre ses doigts sur le manche et le projète d'un mouvement brusque et soudain en direction du Dieu de la Création. Le projectile décrit une trajectoire parfaite, fruit de cinq années d'entrainement au lancer, et vient se planter dans le coeur de Divin. Le sol se met à trembler et Lokogaroth se saisit de l'extrémité de la corde tissée en filaments d'argent, qui pend à un mètre du sol. Malgré la douleur que devait ressentir le Dieu Yeffikalhaï, celui-ci ignorait le humains et gardait le regard rivé en direction de la lune de sang.
Ressaïa se redresse alors et s'avance vers Lokogaroth. Elle tient toujours entre ses mains la plume enchantée avec laquelle elle a écrit les mots du premier jour et l'approche de la corde tissée. Lokogaroth noue la plume à la corde en veillant de ne pas la souiller de ses doigts. Ensemble et sans se toucher ni se regarder, ils vont s'agenouiller face-à-face auprès de la stèle du Premier Jour et simultanément, posent la main droite sur la stèle et tendent leur autre main pour la poser sur l'épaule de celui d'en face. Ils prononcent alors les mots de l'Existence, tandis que le son des tambours s'intensifie.
« Nous lions la Vie, nous lions la Mort, la Création et la Destruction, le Début et la Fin. Tout n'est à présent qu'Existence. Dans ce temps nous existerons et en dehors de ce temps nous disparaitrons. Nos minutes sont comptées alors nous sauront les valoriser, à la gloire de Yeffikalhaï et de Hattanaraven. »
Pour la première fois depuis l'Aube, alors que le soleil a franchi la ligne d'horizon, Yeffikalhaï détourne son regard de la lune de sang vers les humains, aussi petits que des fourmis à ses yeux. Le temps semble s'arrêter un court instant, durant lequel des paroles tues s'échangent, mots muets convoyés par le simple regard, fenêtre des idées passées, présentes et futures ; et dans un silence assourdissant, les tambours se taisent et se volatilise en même temps le Dieu de l'Équilibre. La corde d'argent chute alors du vide ; la hallebarde et la plume viennent alors se planter dans la stèle du Premier Jour. Le pacte est scellé, l'Apocalypse levée, et par Ressaïa et Lokogaroth la Kabbale fondée.

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