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La Dame Rouge

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Cdte. Lyra
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10/01/1019 ETU 13:09
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Après quelques heures de vol, Lyra et Ajay étaient de retour sur Galathée. Un fois passée la grande porte qui donnait sur la cour de son palais, ils longèrent le mur d'enceinte pour rejoindre une porte de service, sur le côté du bâtiment. Si Lyra passait par l'entrée principale, Arthus ne manquerait pas de la voir et de lui tomber dessus - il n'avait sans doute pas beaucoup apprécié son départ précipité du conseil, et elle aurait droit à nouveau flot de reproches.
Arrivée devant la petite porte, Lyra inséra son pass dans la serrure et poussa doucement le battant. Elle fit un pas pour entrer et sursauta. Arthus l'attendait dans le couloir, les bras croisés et les sourcils froncés. Lyra leva les yeux au ciel et poussa un profond soupir. Sans doute un garde à l'entrée avait-il vendu la mèche... Ou alors, le vieil homme la connaissait vraiment, à un point qui devenait vraiment inquiétant. Elle lui passa devant le nez en direction du hall.
J'ai pas le temps, Arthus.
Des heures que je t'attend, sans savoir où tu es ! Encore heureux que tu lises tes com-x, sinon ton invitée pouvait encore t'attendre un moment ! 
Arthus avait emboîté le pas à Lyra, et tentait de suivre son allure rapide, rouge de colère. Et c'était quoi ce matin ? Lyra ! On ne quitte pas une séance du conseil de cette façon, j'attend tes excuses demain auprès des conseillers et des ministres qui ont très mal pris ton départ...
Ok, ok Arthus... Je suis désolée, souffla Lyra d'un air absent. C'était faux, évidemment. Savoir qu'elle avait vexé ses conseillers était bien le dernier de ses soucis. Après avoir traversé le hall au pas de course, elle arriva en vue des cuisines et sans ralentir, elle poussa les doubles battants de la porte. Arthus trottinant toujours sur ses talons, de plus en plus écarlate. Sous les regards médusés des cuisiniers, Lyra attrapa au passage de quoi grignoter et quelques instants plus tard, elle poursuivait en direction des étages et de son bureau.
C'est pas auprès de moi qu'il faut t'excuser ! Et où est-ce que tu étais encore, cette fois ?
J'ai accompagné le jeune commandant IstalrI sur la planète que nous lui avons cédé. Je voulais juste lui parler.
Arthus ouvrit des yeux grands comme des soucoupes et sembla manquer d'air quelques secondes.
IstalrI ? Il est arrivé ? Et tu es allée seule le chercher ? Sans accueil officiel, sans personne ? Pendant un instant, Lyra se demanda s'il allait se mettre à hurler ou à pleurer. Peut-être les deux en même temps.  Mon dieu, Lyra... Arthus passa rapidement une main sur son visage. Diplomatiquement, c'est n'importe quoi. Mais au moins, tu l'a mis dans le bain tout de suite, autant qu'il s'habitue à tes manières. Mais tu ne le connais pas, ça aurait pu être dangereux... Il fit une pause, sans doute pour reprendre son souffle. Et Alen ? Il était au courant, au moins ?
Evidemment, mentit Lyra. Passant devant un miroir, elle stoppa net et Arthus faillit lui rentrer dedans. En quelques gestes vifs, elle rangea quelques mèches de cheveux qui s’échappaient de sa coiffure et vérifia que sa tenue était en ordre. Son esprit était déjà à la nouvelle rencontre qui l'attendait.
Tu la fait patienter dans le petit salon ?
Oui. Arthus soupira. Lyra... je n'aime vraiment pas ces rencontres en tête à tête. Sois un peu plus prudente... Tes gardes, tes conseillers, ils sont là pour ça aussi, pour t'épauler, pour t'assister, tu es sûre que tu ne veux pas...
Non. Lyra lui coupa la parole d'un ton sans appel. Puis elle s'adoucit. Fais moi confiance un peu, Arthus. Et ne fais pas comme si tu ignorait qui m'a formée, je sais très bien me défendre, conclut-elle avec un clin d’œil, et son plus joli sourire.
Sans laisser le temps au vieil homme de répliquer, elle tourna les talons et se dirigea en direction du petit salon. Son visage était redevenu instantanément sérieux. Arrivée devant la porte, elle ferma les yeux quelques secondes, prit une profonde inspiration. 
Puis elle ouvrit la porte, et entra dans la pièce d'un pas déterminé.
Amirale, c'est un grand honneur de vous recevoir. Merci infiniment d'avoir fait le déplacement.
Avec un sourire sincère, Lyra s’avança et lui tendit la main.
Cdte. Ludmila Marszalek
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12/01/1019 ETU 00:06
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Première heure.
« Je vous en prie Amirale, prenez vos aises. Sa Majesté ne va pas tarder à vous rejoindre. » Elle avait hoché la tête et le chambellan l’avait laissée là pour vaquer à ses occupations. Arthus, car c’était son nom, avait été courtois et prévenant envers l’Amirale, mais son regard fugitif et son maintien tendu trahissaient son inquiétude. Il maintenait les apparences. Au spatioport déjà, elle et son équipage avaient été accueillis par cet homme et un comité réduit de gardes, sans cérémonie. Aucune trace de la reine ou d’un quelconque dirigeant. Son arrivée avait pourtant été prévue bien à l’avance…
Le chemin jusqu’au palais avait pris deux fois plus de temps que nécessaire, selon les estimations de Ludmila. Le chauffeur du véhicule d’apparat empruntait de nombreux détours à travers les rues de la capitale, dont le chambellan mué en guide touristique tenait à détailler l’histoire et l’usage à son hôte. Elle avait écouté d’une oreille distraite et se fendait parfois de brèves réponses, concentrée qu’elle était sur son futur entretien à la reine. Elle jetait souvent des regards vers sa montre, pestant à chaque minute gaspillée. L’Apocalypse n’attendrait pas qu’elle ait fini sa petite visite.
Le palais avait un peu plus retenu son attention, avec ses colonnades de marbre coloré, ses frontispices sobrement décorés et son imposante porte à sas de verre. Le style classique de cette architecture toute en pierre de taille blanche, en ouvertures, en voûtes arrondies, en larges corridors dont les pas sur le parquet résonnaient en écho, la rappelait au souvenir nostalgique du Palais du Peuple, à une époque déjà si lointaine. Là encore leur guide avait entrepris de leur faire la visite, mais Ludmila avait insisté pour être introduite le plus vite possible auprès de la reine. Résigné, Arthus l’avait conduite à ce petit salon où elle avait passé seule les dix dernières minutes.
Elle avait bien compris qu’il gagnait du temps.
Deuxième heure.
En dépit des assurances du chambellan, personne ne daignait se montrer. Ludmila observait la pièce pour passer le temps. Son regard effleurait chaque recoin du salon, courait sur les motifs floraux des tentures, passait sur le verre des tables où étaient disposés des rafraîchissements. Le salon était garni de petite fenêtres qui laissaient entrer les rayons du soleil, captés par les feuilles de nombreuses plantes d’intérieur, dont une sorte de lierre grimpant aux fleurs violettes qui prenait ses aises le long d’un mur.
À travers ces ouvertures, elle avait un point de vue surplombant la ville qu’elle avait négligée lorsqu’elle elle la traversait. Désormais elle comblait l’attente en l’étudiant. Contrairement à son propre peuple, dont l’urbanisme écrasait la nature pour mieux la dompter, les galathéens vivaient en harmonie avec elle. Elle n’avait jamais vu de bosquets au cœur d’une métropole, ni autant de parcs peuplés d’animaux en liberté, ni d’espaces verts sur les toits. Et pourtant partout où elle posait le regard, elle voyait les preuves d’un développement technologique avancé. Elle voyait des bâtiments et des arcologies de verre et de métal s’élancer gracieusement vers le ciel, qui rivalisaient d’ingéniosité futuriste. Et elle songeait aux avantages et aux contraintes nés de ce rapport à l’environnement, et aux possibles applications pour…
… Bref, elle s’ennuyait ferme.
Troisième heure.
Les minutes s’égrenaient inlassablement sur l’horloge à LED. Chaque seconde un nouveau point s’ajoutait au cercle, et celui-ci, une fois les soixante points atteints, se vidait pour tout recommencer. Souvent elle se levait pour faire les cent pas, et alors elle enrageait, elle se sentait prisonnière, elle maudissait les dirigeants de cette galaxie qui la faisaient attendre encore et toujours — une personne exceptée —, comme si le temps était une ressource dont elle disposait alors que dans un peu plus de soixante cycles, la galaxie serait balayée comme un fétu de paille.
Il lui semblait qu’Arthus le chambellan était revenu la voir une paire de fois pour voir si elle ne manquait de rien et se confondre en excuse. Elle avait fini par lui lancer une remarque d’une cinglante politesse sur l’hospitalité des Galathéens, qui devait l’avoir dissuadé de revenir la déranger dans ses ruminations. C’est qu’elle voulait partir. L’envie de sortir en trombe en déversant un flot d’injures et de menaces à ses geôliers luttait contre son opiniâtreté militaire. Avoir attendu aussi longtemps pour rien, et puis quoi encore ? Elle était venue pour rencontrer la reine et elle la rencontrerait, dût-elle attendre la nuit.
La porte s’ouvrit et elle manqua bondir sur ses pieds, de surprise. Ce n’était qu’une servante venue lui apporter d’autres rafraîchissements.
Quatrième heure.
Qui aura eu le courage de suivre cette non-aventure jusqu’au bout ? Nous ne nous excuserons pas de la longueur, nécessaire pour comprendre quelle patience têtue il faut pour demeurer en place quatre heures durant, pour une simple entrevue qui ne donnera peut-être rien. Au moment où nous en sommes, Ludmila pianote sur son pad holographique. La galaxie est aussi calme que le petit salon. Un pillage sur une base arrière. Quelques flottes sorties des usines nouvellement construites. Et aucune affaire politique. Elle soupire et se lève pour regarder par la fenêtre. Le jour décline et le soir s’installe. Peut-être qu’elle va vraiment attendre la nuit en fin de compte…
Quand soudain elle entra.
« Amirale, c’est un grand honneur de vous recevoir. Merci infiniment d’avoir fait le déplacement. »
Comme ça, sans annonce ni aucune forme de cérémonie. Suivie par un large loup blanc, la reine s’approche d’elle pour lui serrer la main et elle peut la détailler de plus près. Une mèche à peine remise en place trahit une préparation précipitée. L’insulte est involontaire mais dûment reçue par l’Amirale qui croupit là depuis quatre heures. Elle lui rend sa poignée de mains et en profite pour lui broyer les phalanges. Une par heure, pense-t-elle avec satisfaction en voyant Lyra retenir une grimace en serrant les dents. Pourtant elle doit lâcher bien vite en voyant le loup hérisser sa fourrure.
« On dit que l’exactitude est la politesse des rois, Majesté, lui dit-elle d’un ton acerbe. Mon peuple a appris à la dure que le protocole était le gage de la survie. Vous ne feriez pas long feu dans l’espace. »
Elle se recule un peu et croise les mains dans son dos et la toise de son regard glacé, comme pour attendre ses excuses.
« Je suis venue m’entretenir avec vous de l’avenir de notre galaxie. En particulier de l’Apocalypse. Car elle sera ponctuelle, elle. »
Cdte. Lyra
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13/01/1019 ETU 19:29
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Nom de... Lyra serra les dents en réprimant in extremis un juron de surprise, sous la douloureuse poigne de fer de son invitée. Lorsque celle-ci lui relâcha la main, la jeune reine remua discrètement ses doigts blanchis pour y rétablir un peu de circulation. La plupart des femmes exerçant des fonctions militaires qu'elle avait rencontré étaient connues pour leur poignées de main vigoureuses, habituées qu'elles étaient à évoluer dans un milieu volontiers viril et dominateur. Mais là... c'était un broyage en règle, un message très clair avait été envoyé. Lyra reçu en quelques fractions de secondes une quantité d'informations traduisant l'agacement - pour ne pas dire l'exaspération - de l'Amirale. Ses remarques acerbes, son regard glacial, sa posture donnant l'impression qu'elle avait un balai dans le...
Lyra jeta un regard furtif à la petite horloge. Ah oui, quand même... Après un rapide calcul, elle estima que l'Amirale Marszalek l'attendait depuis près de quatre heures. Oups.
" Et bien, la plupart des rois ou des dirigeants que vous avez rencontrés étaient peut-être du genre casaniers, à attendre gentiment dans leur bureau que leurs rendez-vous viennent à eux. Ce n'est pas tout à fait mon style. Vexée par les remarques de l'Amirale, Lyra avait instinctivement adopté une posture en miroir, croisant à son tour les mains dans son dos. J'aime m'occuper personnellement des affaires importantes de mon Royaume et je n'ai pas encore trouvé la formule pour me dédoubler lorsque deux affaire de pareille importance retiennent simultanément mon attention. "
Elle détailla rapidement du regard l'Amirale. Les deux femmes étaient si différentes... pour ne pas dire opposées. La rencontre promettait d'être intéressante.
Du coin de l'oeil, Lyra vit Ajay bailler profondément avant de se coucher sur le sol. Il tentait d'évacuer la tension, palpable dans l'atmosphère de la petite pièce. Lyra soupira doucement et comprit le message. Si elle ne voulait pas que la rencontre tourne à la confrontation, elle allait devoir ravaler sa fierté. Et changer de registre, vite.
Elle décroisa lentement les mains, adoucit son regard et reprit une voix calme et posée pour s'adresser à nouveau à l'Amirale.
" Quoi qu'il en soit, je vous remercie d'avoir patienté et je vous prie de bien vouloir accepter mes excuses pour ce retard. J'attend notre entrevue depuis longtemps et vous avez raison, le temps est précieux. Si vous voulez bien me suivre, nous serons plus à l'aise dans mon bureau. "
Lyra garda le silence alors qu'elles rejoignaient ensemble son bureau. Elles passèrent devant la petite loge de l'assistante personnelle de la reine, qu'elle salua d'un bref hochement de tête. Puis, elle poussa la lourde porte en bois devant elle et recula respectueusement d'un pas, afin de laisser passer l'Amirale.
" Je vous en prie... "
Elle lui emboîta le pas et referma doucement la porte derrière elles. La pièce était baignée d'une douce lumière, provenant des appliques qui ornaient les murs, et par un feu qui ronflait dans la vaste cheminée ouverte. Les vastes baies vitrées offraient un panorama remarquable sur les collines surplombant la ville, rougies par les dernières lueurs du jour.
Lyra rejoignit lentement l'Amirale au centre de la pièce, lui laissant quelques secondes pour parcourir les lieux du regard. Puis elle lui indiqua un fauteuil, près de la baie vitrée.
" Installez-vous... Je ne doute pas qu'on vous ait déjà proposé quelque chose à boire depuis votre arrivée, mais si quelque chose vous fait plaisir..."  Elle avait désigné de la main le petit bar qui présentait une bonne collection de bouteilles en tout genre. Là, tout de suite, Lyra mourrait d'envie de quelque chose de fort, mais elle se fit violence et décida d'attendre de voir si son invitée demandait quelque chose. Elle n'allait pas en plus passer pour une alcoolique...
Lyra s'installa dans le fauteuil face à l'Amirale. Elle prit encore le temps de l'observer quelques instants.
" Alors donc, vous vouliez me parler d'Apocalypse. J'avoue ne pas bien comprendre encore cette... obsession, mais visiblement, c'est une préoccupation urgente pour vous. Vous semblez penser que c'est une menace qui nous concerne à court terme... Lyra eut un petit geste résigné de la main. Peut-être souhaitez-vous que nous commencions par là ? "
Cdte. Ludmila Marszalek
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16/01/1019 ETU 02:46
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Elle ne s’était pas départie de son expression sévère, mais la répartie de la reine l’avait positivement affectée. C’était une personne de terrain avec de la niaque, et cela la rachetait un peu à ses yeux. Un peu. Elle avait quand même attendu après elle les trois-quarts de l’après-midi et ses excuses, gâchées par une justification ne l’avaient pas satisfaite. Et puis elle était entrée.
Nous en sommes là. Ludmila ne s’est pas encore assise : elle s’est dirigée vers le bar, prenant bonne note de l’invitation de la jeune femme. Elle a besoin d’un alcool fort. Il ne lui vient pas à l’idée qu’elle pourrait passer pour une ivrogne, ou quelque chose du genre ; la vie dans l’espace n’a pas changé ce fait : boire est normal pour un Slavianke. Elle a justement repéré — à sa grande surprise ! — une bouteille de Wodka : le marché de contrebande n’a pas traîné à s’emparer du très saint breuvage ! Tant mieux. Elle apportera un élément connu dans un terrain étranger. Elle prend la bouteille et deux verres, et s’assied en face de Lyra. « Vous permettez. » fait-elle en lui servant une bonne rasade de la précieuse liqueur.
Confortable, pense-t-elle. L’espace où elles se trouvent a été aménagé pour mettre les invités à l’aise, et ce n’est pas anodin si la reine a choisi cet endroit pour discuter plutôt que son bureau, plus formel. Elle cherche à apaiser son hôte et cela marchera probablement. Elle ne peut s’empêcher de comparer avec ses propres méthodes, froides et distantes, parfois brutales. Quand n’a-t-elle pas été contrainte de dominer ses interlocuteurs pour affermir sa position ? Combien de fois a-t-elle fait s’asseoir un officiel du Parti auprès d’elle pour travailler autour d’un verre, sans gardes ? Lyra peut se le permettre, est bien en place sur son trône. Et au fond d’elle Ludmila l’envie un peu.
Enfin. Elle va pouvoir profiter de cette ambiance cosy pour parler confortablement de la fin du monde. Tiens, là aussi il y a quelque chose à y voir…
« C’est normal que vous ne compreniez pas bien, Majesté. Vous vivez sur une belle planète. Votre empire est prospère et vos sujets heureux. Votre salon est agréable, votre casier à bouteilles est garni et vous avez un feu dans la cheminée. Votre réalité est trop éloignée de la menace pour que vous l’appréhendiez correctement. »
Elle sort son holopad et pianote tout en parlant…
« Je ne dis pas cela seulement pour vous. La plupart de ceux qui ont daigné me répondre sur le sujet ont été alarmés mais n’ont pas vraiment donné suite. Je ne dis pas non plus que je n’ai aucune responsabilité là-dedans. J’aurais dû communiquer davantage, alerter, présenter publiquement nos données et nos témoignages. Montrer ce que je vais vous montrer maintenant. »
… et elle le lui tend pour qu’elle regarde.
Qu’elle regarde
l’horreur
dans les
yeux
« DRAGUNOF NOBISCUM ! »
Des hommes de métal écarlates parlent une langue que Lyra ne connaît pas. Retranchés en haut d’un grand escalier qui surplombe la ville, ils font pleuvoir pleuvoir le feu sur d’innombrables cohortes.
En contrebas des monstres affolés. Lui, les yeux révulsés et les ongles sanglants, l’étrangle. Elle vide son chargeur sur une carcasse la bave aux lèvres. Une moitié de corps enragé rampe le long des marches et le troupeau le piétine. Ça tue, ça mord, déchire, dévore comme des bêtes affamées. Tous, entre eux. Sans distinction de qui est qui. Tous contre tous, chacun contre soi. Mais ils montent les marches pour s’écraser sur la barricade. Des vagues sur la falaise.
L’image tourne tandis que son porteur court chercher une autre caisse de munitions. Contrairement aux hordes malades, les défenseurs forment un groupe soudé. Tous ne portent pas d’armure, tous ne sont pas soldats, ni adultes. Mais tous mettent la main à la pâte. Ils sont une cinquantaine à se relayer pour faire fonctionner leurs mitrailleuses sans interruption. Les canons sont rougis d’avoir trop tiré. Arrêter signifierait pourtant leur mort, d’autant qu’en face certains répondent avec des balles…  Les morts sont laissés à même le sol, parfois poussés pour ne pas gêner le passage. « Kurfa ! Quando naues ueniunt ?! », lâche la femme qui capture l’image. Personne ne répond.
Brun comme le sang qui sèche au soleil, le ciel. Les nuages empoisonnés. Ils crachent des éclairs sur les hommes impuissants. Des traînées de feu, elles percent les nuages là-bas, à l’horizon, font pleuvoir des pierres d’acier sur les têtes… les constructions des hommes signent leur perte quand l’espace se vide sur leurs têtes. Sur le sol qui ouvre la bouche pour dévorer cent tours de verre et d’acier. Les eaux ont brisé leurs chaînes et charrient les corps en bouillonnant de haine. Le grondement du monde étouffe les hurlements de la bataille.
Et soudain les défenseurs crient leur joie. Des chasseurs d’élite foncent à toute vitesse entre les carcasses d’immeubles et embrasent la foule furieuse à grands coups de bombes. Certains tentent de vider leurs calibres sur les vaisseaux meurtriers, sans succès. La cavalerie tant attendue est là, enfin. Le groupe lève promptement le camp pour entrer dans le spatioport, rejoindre les autres. Personne ne se retourne, pas même celle qui prête ses yeux à Lyra. Personne ne veut poser ses yeux une dernière fois sur les marées de sang et d’organes qui jonchent leurs rues. Sur ces charniers où ils pourraient retrouver un kamarade ou un proche.
Brusquement, une explosion. L’image prend feu. Tout s’arrête.
Ludmila n’a pas voulu regarder. Écouter est déjà trop. Elle n’arrive pas à s’habituer à ce qu’elle a vu, et ce n’est pas faute de le revivre chaque nuit. L’Amirale forte et volontaire s’est enfoncée dans son fauteuil, griffant le cuir des accoudoirs pour se distraire du bruit. Elle a essayé de regarder par la baie vitrée, n’a pas pu supporter ce paysage si paisible et plein de vie.
Quand la vidéo se termine, elle boit sa Wodka d’une traite et se ressert une rasade pour se donner du courage, et prend la parole tout de suite. Elle ne veut pas laisser s’installer le silence qui suit les deuils ; il faut être terre à terre, efficace. Pourtant une ombre dans sa voix trahit ce qui la traverse.
« C’est ce que nous avons vécu. Et Madame Nilsen, Istalrl, Olorìn… et beaucoup d’autres avant nous. Nous ne savons pas depuis quand le cycle se perpétue mais nous avons une idée assez précise du moment où il frappera cette galaxie. Nous disposons d’une fourchette comprise entre cinquante et soixante cycles.
Nous n’avons pas le temps d’attendre, Majesté. »
Cdte. Lyra
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22/01/1019 ETU 20:01
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Lyra s'était fait violence pour ne pas détourner le regard. Les images étaient d'une brutalité, d'une violence inouïe, à tel point qu'il lui était difficile d'accepter qu'il puisse s'agir de scènes réelles. Que des gens aient vraiment pu vivre ça.
Elle comprenait la démarche de l'Amirale - les images parlent plus que de longs discours et rien ne valait un bon électrochoc pour une prise de conscience rapide. Elle n'allait pas se mentir, Lyra aurait mille fois préféré un discours plutôt que d'encaisser cette vision d'horreur absolue. Mais elle ne broncha pas et tint bon jusqu'à la fin de l'éprouvante séquence. Pas question de montrer la moindre fragilité à cette Amirale endurcie.
Détachant enfin ses yeux du petit écran, Lyra eut besoin de quelques secondes pour reprendre pied dans le présent. Le contraste avec l'environnement paisible de son bureau était saisissant, presque surnaturel. Alors c'était ça ? C'était ce futur qui les attendait ? Et dans une soixantaine de cycles, autant dire… demain.
Impossible… Elle devait forcément se tromper. Bien qu'ébranlée par les images qu'elle venait de voir, Lyra refusait encore d'y croire. Elle leva un regard grave sur l'Amirale.
" Et vous êtes absolument convaincue que cette catastrophe nous touchera, nous aussi ? Comment êtes-vous parvenus à cette certitude que nous allions à notre tour vivre une apocalypse ? "
L'Amirale plissa les yeux, avec l'air agacé de quelqu'un qui a trop souvent entendu cette même question.
" Parce que onze galaxies ont connu le même sort. Parce que certains d'entre nous en sont à leur sixième cycle. " Son ton avait été un peu froid, et sans doute en prit-elle conscience car elle se radoucit un peu.
" Je comprends que cela vous semble incroyable. Chaque fois il y a eu des gens pour dire : pas chez nous, pas ici.  D'autres qui ont prétendu trouver la solution pour empêcher sa venue. Comme vous vous en doutez ça n'a rien changé. "
Reprenant en main son holopad, Ludmila Marszalek pianota quelques secondes puis, ayant trouvé ce qu'elle cherchait, elle tendit à nouveau le petit appareil à Lyra. 
" Il y a aussi les signes avant-coureurs. L'activité cosmique augmente en fréquence et en intensité. Nous voyons déjà apparaître des tempêtes systémiques en nombre et quelques ouragans sectoriels. Ne soyez pas étonnée si nous recevons un cataclysme galactique. "
Lyra parcourut rapidement des yeux les données qui défilaient sur le petit écran. Elles ne lui étaient pas inconnues et faisaient écho dans sa mémoire avec de récents rapports d'incidents cosmiques recensés à l'échelle de la galaxie. Ses experts lui avaient en effet fait remonter une note quelques cycles auparavant, trahissant leur inquiétude.
Lyra serra les mâchoires, préoccupée.
" Admettons que je vous croie, lâcha-t-elle finalement dans un soupir. Si nous sommes face à un événement récurrent… qui a frappé de nombreuses galaxies avant nous… et que jusque là, rien ni personne n'a trouvé le moyen de l'empêcher… "
Lyra se leva, incapable de rester en place. C'était toujours ainsi lorsque les pensées se bousculaient dans sa tête, il fallait qu'elle bouge, il fallait qu'elle marche. Elle avait un peu l'impression que ça lui remettait les idées en ordre. Se rapprochant de la grande baie vitrée, elle laissa pensivement son regard se perdre sur le paysage. Puis, croisant les bras, fronçant légèrement les sourcils, elle se tourna à nouveau vers l'Amirale.
" Imaginons que nous subissions à notre tour une… apocalypse. Le mot avait été pénible à prononcer et s'était évanoui dans un murmure. Vous n'êtes pas seulement venue pour me l'annoncer. Si nous ne pouvons pas l'empêcher de se produire, allons nous sommes simplement condamnés à vivre nos derniers jours dans l'attente de cette catastrophe. Dans ce cas, il n'y avait pas vraiment d'urgence à me l'annoncer."
Lyra fit une pause et fixa l'Amirale. Elle se rapprocha à nouveau de son fauteuil et posa ses mains sur le dossier.
" Si vous étiez si pressée, si le temps qui nous reste vous est si précieux, c'est que vous avez une idée en tête. Je me trompe ? "
" Effectivement. J'en ai une. Ou plutôt j'ai une piste de réflexion. L'Amirale se leva à son tour, et poursuivit tout en marchant, son verre toujours à la main. 
Effectivement nous ne pouvons pas l'empêcher de se produire, mais l'expérience a montré que nous pouvions y survivre. Cela n'a dépendu que d'un facteur : une chance miraculeuse.
Dans le cadre où nous avons évolué jusqu'à présent, toute forme de préparation n'a servi qu'à mitiger les dommages déjà causés : améliorez préventivement les systèmes de communications de vos flottes, et vous pourrez rassembler ce qu'il en restera plus facilement. Dressez un bouclier planétaire sur votre capitale à l'exemple d'IstalrI, et les survivants de votre population auront une maigre fenêtre pour s'échapper. Cachez-vous dans un bunker anti-ADM comme Madame Nilsen, et vous… et bien… serez condamné à vivre dans un bunker au stockage limité, je suppose. "
Elle fit une pause avant de reprendre.
" Pour autant je crois qu'il y a une possibilité que nous puissions nous prémunir en amont des dommages de l'Apocalypse. Cela m'a frappé quand Madame Nilsen m'a parlé d'un cas unique… Igor. "
Elle tendit une nouvelle fois son holopad à la reine. Lyra ne put réprimer un petit mouvement de recul en voyant l'image qui s'était affichée sur l'écran. Elle fit défiler rapidement le dossier qui regroupait des données concernant un individu horriblement laid, couvert de tumeurs et de malformations, et qui avait apparemment perdu ses capacités cognitives. Piquée par la curiosité, Lyra parcourut rapidement les données mais se força à relever les yeux de l'écran lorsque l'Amirale reprit la parole.
" Croyez-le ou non, mais elle l'a trouvé sur une planète touchée par l'Apocalypse. Vous imaginez ? Un organisme vivant a encaissé et survécu à la catastrophe qui a stérilisé des galaxies. Il m'a fait comprendre à quel point nos corps étaient fragiles. Que c'est cela le cœur du problème.
Si nous ne pouvons pas empêcher l'Apocalypse, alors nous devons rendre nos corps plus résistants. "
Le changement de ton de l'Amirale ne passa pas inaperçu. Elle avait prononcé ces dernières phrases avec une passion que Lyra lui découvrait.
" Mais Igor n'est pour moi qu'une étape. Il vit peut-être, mais il n'est pas viable. Pour autant je ne désespère pas de parvenir à surpasser ce que la nature a fait pour lui… si je parviens à rallier les bonnes personnes. "
Elle se tut et laissa volontairement planer un petit silence. Lyra l'avait laissée dérouler son argumentaire sans l'interrompre ; elle avait enfin compris où elle voulait venait en venir.
" Je suis venue vers vous car votre peuple est réputé pour sa technologie de pointe. J'ai notamment entendu parler de vos fameux corps de synthèse…"
Une étrange lueur s'était allumée dans le regard de l'Amirale. Lyra reconnaissait cette ferveur, qui animait ceux qui sont prêt à tout pour voir aboutir leur projet. Pour la première fois depuis leur rencontre, elle eut l'impression de partager un point commun avec la femme sévère et austère qui se tenait devant elle. Dans le même temps, un petit signal d'alarme s'alluma dans son esprit. Si l'Amirale était effectivement prête à tout, ce "tout" pouvait aussi ne pas plaire à Lyra et elle restait sur ses gardes.
Après quelques instants de réflexion, le regard toujours fixé sur l'Amirale, la reine reprit la parole - en choisissant soigneusement ses mots.
" Vous êtes bien informée, Amirale. Les laboratoires galathéens ont en effet développé des enveloppes humanoïdes de synthèse, les unités Gala-Tec. L'objectif de ces recherches était de bénéficier d'unités de terrain pilotables à distances, et optimisées pour les interventions en milieu sensible comme des zones de guerre, de pandémie, bref… des zones sinistrées en tout genre. "
Lyra fit une pause, sans lâcher des yeux son invitée. Elle s'adossa à son fauteuil et croisa les bras, pensive. Elle n'avait aucune idée de l'étendue des connaissances de l'Amirale sur ces corps synthétiques et sur les pistes de recherches... parallèles - voire carrément borderline - qui en découlaient.
" Ces unités sont pilotables à distance, comme je vous l'ai dit. C'est à dire que ce sont de simples enveloppes, les unités ne sont pas conscientes en elle-même. Elles ne font que répondre aux commandes de leurs pilotes. Au départ, nous ne pensions pas les créer en grand nombre. Elles devaient simplement permettre à des spécialistes d'intervenir et de déployer leur expertise de terrain sans se mettre eux-même en danger. "
Nouvelle pause.
" Nos recherches se poursuivent actuellement pour optimiser le processus de synthèse des enveloppes, le rendre moins coûteux et plus rapide. Nous tentons également de les… améliorer selon les besoins, pour les rendre moins… vulnérables. Mais ces enveloppes restent des coquilles vides, dépendantes de leurs pilotes. Nous pourrions sans doute… réfléchir à leur donner plus… d'autonomie… De là à y voir une promesse de survie face à l'Apocalypse… 
D'autant que, si j'ai bien compris, nos délais sont très courts… "
" L'important n'est pas votre technologie de corps de synthèse, mais la compréhension de la vie organique et les techniques qui en découlent. C'est grâce à elles que nous pourrons parvenir à quelque chose sur nos propres corps. Et ne vous préoccupez pas de la durée : tant que nous parvenons à passer de galaxie en galaxie, le projet perdurera. Si nous travaillons ensemble, cela dit. "
Lyra acquiesça en silence. Exactement, si nous travaillons ensemble.
" C'est effectivement une idée intéressante. A creuser… Je pourrais théoriquement faire plancher mes chercheurs sur la question. Si cela peut nous permettre, à terme, de mieux survivre aux effets dévastateurs d'une apocalypse, j'y vois très bien l’intérêt. "
Se redressant légèrement, la reine ressentit soudain un léger vertige. Elle jeta un coup d’œil à la bouteille, toujours posée sur la table basse et qui avait été bien entamée. Boire autant à jeun n'était peut-être pas une super idée… L'Amirale ne semblait ressentir aucun effet mais les deux femmes n'avaient manifestement pas la même constitution.
Lyra se passa une main sur le visage et sourit à l'Amirale.
" Je suis désolée, je n'ai rien avalé depuis ce matin et je vous avoue que je commence à avoir une sacrée fringale. Pas vous ? Est-ce que vous accepteriez de dîner avec moi ? Nous pourrions poursuivre notre conversation, il y a encore quelques sujets que j'aurais aimé aborder avec vous. "
Lyra fit quelques pas en direction de la porte, puis se retourna vers l'Amirale.
" Par exemple, je pense avoir compris en quoi les compétences de mes chercheurs pourraient vous être utile ; mais de mon côté, qu'est-ce que je gagne à travailler avec vous, plutôt que de mener seule ces recherches ? "
Cdte. Ludmila Marszalek
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02/02/1019 ETU 17:16
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Et c’est là que ça coince.
Mais avant de songer à lui répondre, Ludmila s’empresse d’accepter le repas. L’attente et l’ennui lui ont creusé l’estomac. Manger un morceau lui permettra de mieux rassembler ses pensées. Elle en a bien besoin pour ce qui s’annonce.
C’est ainsi qu’elle se retrouve assise à table, dans un autre petit salon des appartements de la reine. Les dimensions modestes de la pièce, l’éclairage tamisé du soir et les diverses plantes vertes qui l’agrémentent créent une ambiance confortable, où chaque minute peut être appréciée et savourée. Elle repense à son propre palais : son vaisseau, où ses quartiers personnels se résument à une cabine étroite, où les salles de repas sont toutes de grandes salles communes aux rangs serrés et austères, où tout est baigné d’une lumière crue. Et tout ce que la suite royale comprend de vie et de plantes, le vaisseau amiral le compense en stérilité métallique.
« Est-ce qu’elle se rend au moins compte du luxe qui l’entoure ? »
Elle est arrachée à ses méditations par l’entrée d’une servante portant l’entrée. Elle pose l’assiette devant l’Amirale qui la remercie, soulève la cloche qui recouvre le plat…
Et soudain le temps n’existe plus.
Une explosion de couleurs s’offre dans l’assiette. Les rondelles vertes d’une courge étrange font la ronde autour d’un légume écarlate et charnu, parsemé d’une purée orangée, piqueté avec art d’une tige élancée. Elle a le malheur de respirer l’odeur suave qui en émane… pleine des promesses d’une saveur fraîche et douce. Et dans son verre repose un liquide ambré aux senteurs sucrées.
Elle n’oublie cependant pas les convenances et, lorsque Lyra lui souhaite le bon appétit et porte la première fourchette à sa bouche, Ludmila peut enfin goûter à cette vision de Paradis…
Elle mâche lentement, peinant à contenir les tremblements de son menton. L’Amirale endurcie ne peut résister au feu d’artifices des arômes sur son palais. L’écart avec les rations de survie que tous les jours elle avale sans goût, et qu’elle continuera d’avaler, est trop gros, trop brutal. De ses yeux embués roulent deux grosses larmes.
Le retour au présent est ardu et ne se fait pas avant quelques bouchées. Il faut pourtant se ressaisir. Ludmila s’est laissée endormir par le confort du lieu, l’amabilité de son hôte, la saveur de son plat ; elle a montré d’elle-même plus qu’elle n’aurait voulu.
Alors, le temps de laisser derrière elle l’image de son vaisseau austère et d’avaler une rasade sucrée, elle replonge dans ses calculs.
Bien.
Quel argument pourrait rééquilibrer la balance des intérêts ? Qu’a-t-elle a offrir dont Lyra ait besoin ? Elle s’est depuis longtemps rendue à l’évidence qu’elle n’avait pas grand-chose à mettre en jeu. Pas de ressources. Pas de fonds. Pas d’escadres immédiatement mobilisables. Quant aux technologies il est évident que les Galathéens ont rattrapé l’avance qu’avaient les Rouges en arrivant dans la galaxie. Ah, il est loin le temps où proposer l’arme nucléaire à un pays permettait de s’attirer ses faveurs !
Il lui reste…
« Notre expérience. Notre longue expérience des Apocalypses et de la survie dans l’espace.
Nous avons vécu en nomades des années durant. Je sais comment diriger une société au bord du précipice. Je sais comment rassembler des survivants éparpillés dans l’immensité d’un espace mort. Je sais comment retrouver assez de fonds pour maintenir une flotte de secours et sauter entre les galaxies. Et surtout je sais ce qui nous attend de l’autre côté.
Vous me direz qu’il vous suffit de survivre pour le savoir vous aussi. Sans mon aide. Maintenant, prenez la durée séparant la première galaxie touchée et l’ouverture de Paradoxe. Comptez le nombre de civilisations réfugiées qui vous sont parvenues. Huit. comparez-le au total des celles qui ont tenté de fuir l’Apocalypse. »
Elle fait une légère pause, le temps que la reine puisse digérer l’information et qu’elle-même puisse boire une autre rasade. Pour l’effet, aussi.
« Vos chances sont objectivement ridicules. Je peux vous aider à les augmenter. Point. »
Cdte. Lyra
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02/02/1019 ETU 23:45
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L'émotion de l'Amirale n'avait pas échappé à Lyra. Des larmes. Lyra n'aurait pas cru ça possible et cela adoucit un peu le regard qu'elle portait sur cette commandante au fort caractère. Finalement, la carapace avait une brèche, et ce qu'elle voyait la rassurait un peu.
Par politesse, la reine fit semblant de ne rien remarquer et se concentra sur son assiette. Elle avait parfaitement conscience du décalage énorme entre le confort de sa propre vie, et les conditions plus que spartiates que devait endurer l'Amirale depuis des cycles. Elle ne tirait aucune gloire de cette différence et ne voulait pas la mettre mal à l'aise.
Elle avait donc patiemment attendu que l'Amirale reprenne d'elle même la parole.
" Votre réponse est intéressante... Lyra lui sourit. Je dois même dire que c'est la réponse que j'attendais. Je suis bien placée pour savoir que la connaissance est une arme puissante. " 
La servante entra à nouveau et Lyra fit une pause, attendant en silence que la table soit débarrassée et préparée pour la suite du repas.
" L'expérience est le nom que l'on donne à ses erreurs, Amirale. Si, par votre aide, je peux en éviter certaines qui pourraient nous être fatales... je suppose qu'il n'y a pas à hésiter. "
Nouveau silence. Plusieurs plats étaient apportés et déposés sur la table, tous plus colorés les uns que les autres. Dans la culture galathéenne, l'habitude n'était pas au plat unique mais plutôt à une variété de préparations, laissant un vaste choix aux convives selon leurs goûts. Observant discrètement les réactions de son invitée, Lyra eut quelques scrupules à lui gâcher le repas avec ses questions. Et pourtant, il fallait qu'elle sache.
Lyra attendit que la dernière servante quitte la pièce et referme doucement la porte avant de reprendre la parole.
" Votre expérience est précieuse, Amirale. Et je ne la remet pas en question. Mais je suis aussi curieuse des liens que vous avez pu nouer avec certains d'entre nous. Aux engagements, que vous auriez éventuellement pu prendre. Lyra but une gorgée de son verre, le posa doucement doucement sur la table, et regarda l'Amirale dans les yeux. Il me semble que la commandante Parcimonia s'était rapprochée de vous, à l'occasion des enchères d'Alderak. Vous êtes toujours en contact ? "
Cdte. Ludmila Marszalek
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09/02/1019 ETU 16:23
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Curieuse, hein ?
L’Amirale mâche sa réponse. Les informations doivent tourner plusieurs fois dans sa bouche pour pouvoir être traitées correctement. Un mot mal placé pourrait lui faire perdre le soutien de la reine.
C’est que malgré l’air serein de celle-ci, quelque chose lui dit que sa curiosité est un joli mot pour déguiser sa méfiance. À vrai dire cela ne l’étonne pas trop. Louise Parcimonia n’a pas fait d’efforts pour cacher le fait qu’elle traite avec l’être le plus détesté de cette galaxie. Sans compter que Lyra est intimement liée à l’être même que Louise a vendue à Alderak… (ou quelque chose comme ça) La reine des Galathéens a peut-être autant de raisons de la détester qu’elle-même a de l’apprécier. Eh, qui a immédiatement fourni ses flottes en énergie alors que son peuple luttait contre les coupures de courant ? Qui a renfloué ses caisses pour acheter la sûreté de son peuple aux brigands ?
« Si vous avez peur que je vous espionne vous pouvez me le dire franchement, Majesté. Autrement je ne vois pas en quoi mes relations entrent dans l’équation. »
Elle a été rude, plus que ce qu’elle n’aurait voulu. Mais elle n’aime pas les faux-semblants, pas dans ce contexte. La réaction ne se fait pas attendre.
« Vous fréquentez qui vous voulez, Amirale. J’aurais tendance à vous inciter à la prudence, quand il s’agit de certaines personnes… mais en soi, ça ne me regarde pas. »
Lyra repousse doucement son assiette, attrape son verre et s’adosse contre le dossier de son siège. Après une courte réflexion elle reprend d’une voix calme mais ferme.
« Pour ce qui me concerne, je vais vous le dire franchement : oui, je me méfie de Louise. Je n’ai pas peur, je suis simplement prudente. Et je ne tiens pas à faire entrer le loup dans la bergerie. Si Louise compte vous utiliser dans une de ses nouvelles combines, je m’en apercevrai très rapidement… et ça ne se finira pas très bien. Alors si c’est le cas, mieux vaut tout arrêter maintenant. »
Ça il n’en est pas question. Mais maintenant que les pieds sont mis dans le plat l’Amirale ne peut que renchérir.
« Vous avez vos propres raisons pour vous méfier de Madame Parcimonia. J’ai les miennes pour lui faire confiance. Pendant que vous tergiversiez en plans nébuleux pour nous aider avec le Dar’Sol Nahpokt, elle s’arrangeait pour nous faire parvenir assez de ressources pour ne pas finir en shutdown dans l’espace. Pendant que vous lui faisiez savoir ce que vous pensiez d’elle lors du marché aux esclaves, elle s’arrangeait pour m’acheter moi et mon peuple, parce que je préférais son giron à celui d’Alderak. Et malgré toutes vos récriminations vous avez imité son exemple quelques cycles plus tard. Vous êtes peut-être la première personne que je rencontre pour parler de l’Apocalypse, mais Madame Parcimonia a été la première à me croire.
Et je ne vous crois pas bien placée pour parler de loup dans la bergerie alors que vous-même avez un chien enragé dans la maison, lâche-t-elle en pointant la reine avec sa fourchette. Moi je n’ai pas confiance en Alen et je peux énumérer bien plus de raisons de me méfier de lui que vous n’en avez de vous méfier d’elle. Jetez un œil attentif aux systèmes qu’il a occupés et comptez le nombre de planètes mortes. Vous tomberiez des nues. J’ai même eu vent d’une affaire sordide rumeur, comme quoi il aurait saccagé le secteur d’Ylios. »
Un silence glacial s’est instauré entre les deux femmes. La reine a posé les deux coudes sur la table et tient ses mains jointes, l’air aussi fermé qu’une porte blindée. L’Amirale s’est raffermie sur son siège, les bras croisés. C’est mauvais. Il lui faut reprendre la main sur la tension si elle ne veut pas en perdre le contrôle. Il faut adoucir la discussion. Faire des concessions.
Elle reprend, sans violence, en décroisant les bras.
« Cela dit c’est avec vous que je suis venue traiter, pas avec Alen. Peu importe ce que je pense de lui, peu importe la confiance que je lui accorde. C’est en vous que j’ai confiance et j’attends simplement la même chose de votre côté. Autrement je ne vous proposerais pas de faire front commun.
Mes relations avec Madame Parcimonia sont cordiales et elle soutient mon peuple, qui manque de tout, lorsque je lui en fais la demande. Elle ne m’a jamais rien demandé en retour et je n’ai pas d’autres engagements qu’une juste reconnaissance. Et si vous voulez mon avis, fait-elle en s’autorisant un sourire en coin, si elle fomentait un terrible complot contre vous vous l’auriez déjà senti passer. »
Et sur une dernière et délicieuse bouchée, elle lâche une ultime phrase.
« J’espère avoir satisfait votre curiosité. »
Cdte. Lyra
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18/02/1019 ETU 13:57
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Lyra s'était comme figée. Elle avait écouté l'Amirale sans faire un geste, sans réagir. Le visage fermé, son regard était glacial, ses mâchoires crispées. Cette rencontre était décidément tout en dent de scie, menaçant de les balancer dans les orties à chaque instant... 
La jeune reine avait senti la colère l'envahir, comme à chaque fois que quelqu'un disait du mal d'Alen - ou du bien de Louise. Les deux venaient de se produire en même temps et Lyra avait dû fortement serrer les dents pour ne pas exploser.
Lorsque l'Amirale eut fini, elle lui répondit plus sèchement qu'elle n'aurait voulu.
" N'ayez surtout pas la prétention de m'apprendre quelque chose sur Alen. Je sais parfaitement ce qu'il se passe dans les systèmes occupés par les Passeurs. Et je sais ce qu'il a en tête.
Quant aux rumeurs qui circulent dans cette Galaxie, je n'y prête que peu d'attention et vous devriez en faire autant, Amirale. Elles servent avant tout les intérêts de ceux qui les colportent. "
Lyra fit une pause, et eut un sourire discret, dissimulé derrière ses mains jointes. " Mais c'est peut-être parce que j'ai les moyens de vérifier la plupart des informations par moi-même. " Elle avait prononcé ces dernières paroles dans un murmure à peine audible, lourd de sous-entendu.
Puis elle se plongea à nouveau dans le mutisme, et observa l'Amirale. Là, tout de suite, elle brûlait d'envie de mettre un terme à cette rencontre et de renvoyer cette commandante aigrie dans sa navette. Qu'elle aille donc travailler avec Louise, puisqu'elle l'appréciait tant.
Tu peux ravaler ta fierté deux minutes, et arrêter de te comporter en gamine capricieuse ? C'est possible ? La voix agacée d'Ajay, l'animus de Lyra, résonna dans la tête de la jeune reine. La présence de l'animus dans son esprit était permanente, à tel point qu'elle ne distinguait pas toujours ses propres pensées de celles de son loup.
Lyra ne montra aucune réaction, sentant le poids du regard perçant du loup posé sur elle.
Elle insulte Alen, lui répondit-elle mentalement.
Ca va, il devrait s'en remettre... Le grand loup blanc s'ébroua, comme pour balayer cet argument qu'il jugeait dérisoire.
Elle ne sait rien, elle ne comprend rien.
Personne ne peut savoir, Lyra. De sa position, de son point de vue, sa réaction est légitime. Mais c'est sans importance, tout ça. Vois plus loin, bon sang. Elle veut travailler avec nous ? Parfait ! Saisis cette chance, il y va de notre survie. Ne fait pas de bêtise....
L'influence d'Ajay commençait à faire son effet et Lyra sentit les idées se remettre à leur place dans son esprit, petit à petit. Elle se radoucit un peu.
Tu crois qu'on peut lui faire confiance ?
Ajay ne répondit pas tout de suite, et posa ses yeux jaunes sur l'Amirale. Je pense qu'elle est sincère. A tel point que ça t'énerve. Et qu'est-ce que tu risques ? Même si c'est une embrouille, tu ne met en jeu que ta fierté. A part ça... tu crois vraiment que Louise est une menace sérieuse ? Tu crains quelqu'un ?
Touché. Cette dernière phrase acheva de convaincre Lyra, et elle sembla se détendre d'un coup. Ajay avait raison. Vu le contexte, elle avait tout à gagner, et si peu à perdre... Leur échange silencieux n'avait duré qu'une poignée de secondes, juste le temps que l'Amirale ne commence à se questionner sur la suite des événements.
Alors, après de longues minutes où elle avait gardé la même position, coudes sur la table, menton posé contre les mains jointes, Lyra se délia enfin. Elle se redressa, déplia les coudes et reposa les mains sur la table, faisant délicatement jouer ses doigts pour les détendre. Son regard avait perdu sa dureté et elle s'éclaircit légèrement la gorge avant de reprendre la parole.
" Bref, laissons ça. Ma curiosité est satisfaite, Amirale. Merci pour votre réponse pleine de franchise. "  Lyra s'efforçait de garder un ton naturel, sans totalement parvenir à masquer la légère ironie qui teintait sa voix.
" Quelle que soit l'issue de cette rencontre, mon aide pour prendre pied dans notre Galaxie vous est acquise. Je vous l'avais promis, et je tiens mes promesses. Que nous travaillions finalement ensemble ou pas, il y a quelques mondes que je vous destinais et qui vous seront transférés. "
Lyra fit une pause. Un peu de suspens ne ferait pas de mal, autant marquer le coup.
" Vous avez fait l'effort de venir me rencontrer, vous me faites l'honneur de proposer de partager votre savoir avec moi, et par dessus tout... vous m'accordez votre confiance. Même si nous gardons quelques réserves l'une envers l'autre, sur nos "relations" notamment, je pense que nous pouvons les mettre de côté. Ce n'est rien à côté de l'immense enjeu qui nous attend, et j'en ai conscience. "
Nouvelle pause. Lyra avait les cartes en main et elle comptait savourer ce plaisir quelques instants de plus. Elle ne quittait pas l'Amirale des yeux et même si son attitude avait perdue toute froideur, elle se gardait bien de révéler la moindre émotion.
" Bref. Ma décision est prise, Amirale, nous allons travailler ensemble. Je vais vous installer sous ma protection, et je veillerais à ce que vous ne manquiez de rien. Mondes, ressources, matériel, je vais débloquer des fonds sans plus attendre pour que vous puissiez vous développer, et que nous ayons les moyens de démarrer nos travaux le plus rapidement possible. Je vais programmer une rencontre avec mes chercheurs au plus vite, afin qu'ils se rendent pleinement disponibles pour... cette dernière ligne droite. "
Lyra plia sa serviette, jouant distraitement avec le tissu. Elle sembla hésiter quelques secondes, puis se décida.
" Une dernière chose. Avec ce projet, nous allons passer un certain temps ensemble. Alors je ne dis pas qu'il faut que nous devenions amies, mais pour que tout se passe bien, il nous faudra faire quelques compromis - des deux côtés. " Lyra plongea ses grands yeux verts dans les yeux de l'Amirale et ajouta, en guise de conclusion :
" De manière générale, votre franchise ne me dérange pas. Mais ne vous avisez plus de parler d'Alen de la sorte sous mon toit. " La voix de la reine était exagérément douce, la mise en garde d'autant plus perceptible.

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