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Douloureuse disparition

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Cdte. Lyra
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19/02/1019 ETU 16:55
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Non.... pas encore, pas comme ça... La vision trouble, le cœur battant, Lyra avait quitté son bureau précipitamment. Dans un état second, elle traversait maintenant son palais pour rejoindre la sortie la plus proche. Un couloir, quelques marches d'escalier, encore un couloir... De l'air. Elle avait besoin d'air. 
C'est forcément une erreur. Alors que l'évidence tentait de s'imposer, Lyra refusait d'admettre cette nouvelle disparition. Son esprit tout entier se braquait, se tendait et faisait bloc contre la fatalité.
Enfin, une dernière porte. A bout de souffle, Lyra se laissa littéralement tomber dessus et la porte s'ouvrit sur un petit jardin, heureusement désert à cette heure-là. Seuls quelques oiseaux s'envolèrent de la pelouse, affolés par cette soudaine apparition. Tentant de reprendre ses esprits, aveuglée par la lumière du soleil, la jeune reine inspira longuement, cherchant - sans succès - à atténuer cette sensation d'étouffement qui lui serrait la gorge.
Le petit billet donné par Arthus était toujours dans sa main, elle le relut. Encore. Ce n'était de loin pas la première fois qu'elle était confrontée à la mort d'un commandant. Mais c'était son ami. Et il n'avait pas été tué, le message disait... qu'il s'était... supprimé. C'était la deuxième fois qu'un ami proche mettait fin à ses jours. D'abord l'Ambassadeur Haatorien, Miroslav... et maintenant Ylios. L'information s'imposait à elle petit à petit, son esprit lâchait prise. Miroslav, puis Ylios. Ils l'avaient abandonnée, tous les deux. Ils avaient renoncé.
Lyra chiffonna le petit papier et le jeta au sol. Elle sentit une rage sourde monter en elle, une vague de colère qui enflait au point de la submerger complètement.
Elle leva les yeux et scruta le ciel, sans trop savoir pourquoi. Cherchant peut-être, un signe, une présence, n'importe quoi. 
« Pourquoi t'as fait ça, Ylios ? »  Articula-t-elle avec peine, desserrant à peine les dents. « T'avais pas le droit d'abandonner. T'avais pas le droit de lâcher. » Elle avait fait quelques pas dans l'herbe, et sans réfléchir, elle donna un coup de pied rageur dans une pierre qui était sur son chemin. La pierre résista très bien au choc, les orteils de Lyra beaucoup moins, et la vive douleur lui arracha une série de jurons.
« T'avais dit que tu veillerais sur moi ! T'avais dit qu'on ferait front ! » Elle criait presque, alors qu'une larme coulait le long de sa joue. « Ça servait à quoi, tes longs discours, si c'est pour abandonner comme ça ? T'y croyais pas, en fait ? Tu sais quoi en fait ? T'es qu'un lâche... Un lâche ! »
Elle attrapa une statue de plâtre qui trônait sur une colonne et la jeta au sol avec force. La statue explosa en mille morceaux en touchant terre, dans un fracas assourdissant. Lyra sentit toute sa colère se briser en elle, ses jambes cédèrent et elle se laissa tomber au sol, éclatant en sanglot sans parvenir à se contrôler.
Alors, lentement, Ajay se rapprocha et vint se blottir tout contre elle. Lyra se jeta à son cou et enfouit le visage dans sa fourrure, sans plus chercher à retenir ses larmes. Elle ne se rappelait pas avoir déjà craqué comme ça. Mais la mort d'Ylios venait faire déborder une coupe déjà bien pleine. L'apocalypse, la peur, l'inconnu, les réfugiés, Alderak, la guerre... elle en avait gros sur le cœur et tout semblait vouloir se mélanger pour sortir en même temps.
Après quelques minutes, enfin, son esprit s'apaisa. Sa respiration se fit plus lente, plus calme, son cœur retrouva un rythme normal. Toujours blottie contre Ajay, elle se sentait à la fois soulagée, et épuisée. Elle ferma les yeux et profita de la paix retrouvée. Les sens à nouveau en éveil, elle se reconnectait petit à petit avec le monde qui l'entourait. Elle sentit la chaleur du soleil, le souffle de l'air qui transportait avec lui quelques parfums d'herbe écrasée et de terre, la bise qui faisait jouer ses cheveux et finissait de sécher ses joues. Au loin, quelques chants d'oiseaux... La vie continuait.   
Lyra se redressa et plongea son regard dans les yeux jaunes du loup. Toi au moins, tu ne m'abandonneras jamais... Elle parvint à sourire, attrapa un mouchoir dans sa poche et s'essuya les yeux. Elle prit alors conscience de sa situation, assise à même le sol, au milieu des débris de plâtre, les yeux rougis. Elle pensa au Dar'Sol qui l'attendait dans son bureau et se mordit la lèvre de remord. Elle l'avait planté là sans plus d'explications, il fallait vraiment qu'elle y retourne. Mais d'un autre côté, elle était soulagée d'être partie - elle n'aurait pas supporté qu'il la voie dans cet état. Jamais.
Lyra prit une profonde inspiration et se releva, épousseta ses vêtements. Ce n'était pas sa première épreuve, ce ne serait pas la dernière. Et elle ne baisserait jamais les bras. Elle laissa son regard se poser avec gratitude sur le paisible jardin qui avait absorbé sa peine et sa colère, et qui la laissait repartir en paix. Avec quelques orteils endoloris certes, mais l'esprit plus serein.
Quoi qu'il arrive, elle se battrait jusqu'au bout. Elle n'était pas seule. Et tant qu'IL serait à ses côtés, rien ne la ferait abandonner. Réprimant un frisson, elle tourna le dos au jardin et entra dans le bâtiment. Il était temps de rejoindre le Dar'Sol.

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