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La lame ne tranche que si elle est affûtée

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Cdt. Parrish
Respect diplomatique : 17

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06/10/1018 ETU 08:57
Score : 8 Détails Prévenir Dieu
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humour décapant : 0
role play intéressant : 0
(RP privé, les faits sont évidemment inconnus des autres commandants)
https://youtu.be/8M-zu5V2wYY
La steppe s’étendait jusqu’à l’horizon ; tel un océan de terres brûlées par tous les éléments. Une tempête déferlait avec fracas, ensorcelant le paysage immobile. Le coucher de soleil déclinait doucement derrière les volutes chargées de particules pour baigner l’atmosphère dans une lumière incertaine ; laissant planer dans l’air une vaste inquiétude, comme si tous les éléments de la nature suffoquaient dans la pesanteur ambiante.
Des herbes folles, envoûtées par le vent, dansaient au rythme des bourrasques perpétuelles, tandis que les virevoltants, roulant sur le sol, parcouraient des distances formidables.
Et au milieu de notre chaos, deux hommes se tenaient là, face à face.
La cape de l’un claquait au vent dans une fureur destructrice ; son foulard rouge l’imitait dans une cadence non moins frénétique. Et pourtant, son corps tout entier restait stoïque, silencieux. Une main assurée retenait en place le chapeau sur son chef.
En face de lui, le jeune homme peinait à rester debout. Le vent lui venait de dos, et c’était comme une gigantesque main invisible qui le forçait à mettre un genou à terre. Et c’était d’ailleurs par un effort incommensurable qu’il parvenait à préserver sa dignité devant son bourreau, après tout, c’était tout ce qui lui restait...
Le visage du jeune homme était en fait celui d’un gamin. Le visage innocent d’un enfant qui aurait dû se trouver à côté de sa mère, loin de l’horreur du monde, de la cruauté des hommes, et de l’injustice d’un rapport de force permanent. De grosses gouttes de sueurs perlaient sur son front ; une désagréable odeur de charogne parvenait jusqu’à lui aux grés des vents. Dans sa bouche, un goût persistant de sang et de poussière, et la soif aussi ; il aurait voulu boire si sa gourde n’était pas vide depuis la veille. Tous les muscles de son corps étaient complètement tétanisés par la peur. A sa ceinture, sa main droite était crispée sur son colt, et son doigt sur la gâchette, froide, métallique ; l’autre, tremblotante, était tenue parallèlement à sa cuisse gauche. Elles étaient moites. Au moment où il faudra dégainer son arme, elle lui échapperait sûrement. Mais le hurlement du vent couvrait toutes ses pensées de l’instant.
L’autre héla le gamin.
« Est-ce que t’crois en Dieu ?
- … »
Il s’efforçait de parler distinctement de manière à être audible parmi la clameur du phénomène.
« Est-ce que tu crois en Dieu, gamin ?
- NAN, SIR !
- T’as bien tort, mon p’tit gars !
- …
- Dieu est miséricordieux ! »
L’homme au foulard rouge releva son chapeau, inclina légèrement la tête sur le côté, et desserra un peu plus l’étreinte sur son fusil. Son expression était impavide.
« Je croyais pas à tout ça ... jusqu’à ce que Ses Paroles pénètrent au plus profond de ma chair. Je l’entends ! Ses Vérités me parviennent aussi limpides et claires que l’son de ma propre voix.
- …
- C’est une longue histoire, gamin, j’ai, hélas, pas prévu de te la raconter… »
Puis, sur un ton qui se voulait arrangeant.
« Tu sais que je dois le faire. T’as joué au con, pas vrai ?
- JE VOULAIS PAS !!! NAN, JE VOULAIS PAS, SIR PARRISH ! PITIE ! »
Le jeune homme, à bout, venait de craquer, il céda devant la gigantesque main invisible qui le poussait désormais face contre terre. Agenouillé sur le sol poussiéreux, des larmes coulaient abondamment sur son visage de mioche. C’était comme si l’on avait ouvert en grand les vannes, et qu’il était désormais incapable de se maîtriser. Ses yeux le piquaient, son corps se raidit encore un peu plus, il avait mal dans toutes les articulations, il se sentait nauséeux, possédait une enclume à la place des entrailles qui pesait de plus en plus lourd, il vomit sans rien avoir à régurgiter, il avait soif, il avait froid… C’était tout son corps qui lâchait prise, comme si la vie l’avait déjà quitté. Et son désespoir allait grandissant tandis qu’il acceptait son sort.
« Relève-toi petit ! Je vais t’offrir une dernière chance de salut. »
Le gamin renifla en se relevant péniblement, recroquevillé sur lui-même.
« C’est Dieu, et Dieu seul qui décidera de ton sort. Devant lui, je te convoque en duel. Petit, si tu dois vivre plus longtemps, alors tu
vivras. »
Une main derrière le dos, une autre à la ceinture ; les deux mains sur le fusil, le canon pointé sur le sol, une croix massive découverte par-dessus le buste, seule la cape, indisciplinée, troublait la tranquillité du personnage.
Un léger frisson parcourut le champ de maïs. Des murmures sporadiques s’élèvent dans l’air.
Le tumulte de poussière était progressivement dompté par la nuit qui tombait sur la steppe. Au loin, une meute de coyotes hurlait. Silence.
Soudain, une détonation unique retentit dont l’écho se propagea dans toute l’atmosphère.
Le gamin chancela, fit un pas en avant, puis deux en arrière. Son colt tomba à terre. Le garçon se tenait le bras, sanguinolent. Il releva les yeux, serrant les dents. Puis, une seconde détonation éteignit son regard, sa tête partit en arrière, et bientôt c’était tout son corps qui s’écroula à terre, soulevant la poussière.
Le cliquetis des éperons de Parrish témoignait d’un pas régulier, lourd et plein d’autorité. Il se dirigeait vers sa dernière victime. Arrivé à sa hauteur, il passa une main sur son visage pour fermer ses yeux. De la même main, il retira précautionneusement son chapeau, et le posa sur le visage du garçon. Puis, il reprit sa route à travers la pampa, le fusil à l’épaule droite, pour rejoindre son module personnel qui stationnait dans un canyon.
https://youtu.be/vPh7y_KkyjI

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