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Mundi placet et spiritus minima...

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Cdte. Lyra
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21/07/1019 ETU 12:14
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La soudaine décision de la reine Lyra de faire sortir du secteur 11 tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un Nialphien avait pris tout le monde de court au sein du royaume. Les galathéens étaient en paix - ou essayaient de l'être - avec leurs voisins, et aucun conflit n'avait été déclenché ou subi depuis leur arrivée en Crépuscule.  
Les quelques corps armés du royaume avaient toujours continué leurs patrouilles et leurs entraînements de routine, histoire de dire, mais il fallait bien l'avouer : personne n'était prêt à se lancer du jour au lendemain dans des manœuvres réelles. L'organe militaire n'avait jamais fait la renommée des galathéens, mais aujourd'hui il était carrément rouillé.
Les ministres et l'Etat Major avaient été réunis en catastrophe pour tenter de mettre sur pied un plan d'action, et quelque chose qui ressemble à peu près à une stratégie.
Sur le papier, c'était simple pour ne pas dire simpliste : prendre le contrôle des cinq mondes possédés par la commandante Parcimonia, contrôler les frontières du secteur et tirer à vue sur toute flotte Nialphienne.
Mais sur le terrain... tout ne se passa pas exactement comme prévu. On avait attrapé en vitesse tout le matériel qui passait sous la main et on l'avait bourré dans des transporteurs en partance pour les avant-postes frontières, pour construire et délimiter ce qui aurait dû être une barrière infranchissable.
Sur place, des petits gars qui, hier encore, géraient la circulation sur leurs planètes natives, s'étaient retrouvés catapultés "agents de douane" sur des planètes gelées, avec pour mission de ne laisser passer aucun vaisseau Nialphien.
Ils s'étaient montrés un peu démunis face au matériel qu'on leur avait livré mais comme ils étaient de bonne volonté, ils avaient fait de leur mieux pour établir une frontière. Après un cycle de labeur, ils étaient plutôt fiers de la muraille de cailloux et de ferraille de 5 bons pieds de haut qu'ils avaient érigé. Ils avaient même rajouté un peu de rubalise, pour que ce soit plus impressionnant.
Lorsque peu de temps après, les généraux et leurs armées avaient débarqué sur la terre glacée de ce qui était désormais le "Poste-Frontière", ils avaient eu du mal à se retenir d'exploser de colère à la vue de la "barricade". Ce fut bien pire lors-qu’après plusieurs heures de recherche des douaniers, introuvables, ils avaient fini par enjamber la frontière imprenable et les avaient finalement trouvés en train de jouer aux cartes dans la cafétéria du bâtiment de douane.
La situation avait été à peu près aussi chaotique dans les corps armés mobiles. Des régiments entiers de corvettes avaient été dépoussiérés, remis en fonction et ressortis des hangars. Tout ce qu'il restait de matériel militaire avait été réuni mais, dans la cohue générale, plusieurs canons s'étaient embourbés dans des congères et un régiment de corvettes avait mis le feu à un stock d'armes après que les pilotes, paniqués, aient confondu l'éternuement de leur supérieur avec un ordre de tir.
Les généraux hurlaient, les soldats couraient dans tous les sens, des tirs fusaient. 
Lentement, laborieusement, les choses finirent pourtant par se mettre en place et quelques premières victoires vinrent calmer la tension qui régnait au sein de l'Etat Major. Ils avaient ainsi pu annoncer à la reine, après quelques cycles, l'élimination de toute trace nialphienne dans deux des quatre systèmes occupés. Certes, les armées de la commandante Parcimonia avaient répliqué de façon inattendue, mais ils étaient confiants désormais : le départ avait été chaotique mais cette fois c'était bon, l'armée galathéenne avait retrouvé sa vigueur d'antan et tout allait continuer comme sur des roulettes.
Du moins... c'était ce qu'ils croyaient.
*****
Au fin fond du secteur 11, la flotte de croiseurs hyperatomiques stationnait en formation sur sa base, en attente des ordres de mission. Enfin, "en formation"... Le général de la base avait soupiré en observant la flotte depuis les baies vitrées de la tour de contrôle. Il avait renoncé depuis longtemps à faire reproduire au bataillon les belles formes géométriques et régulières qu'il avait appris à l'école militaire, et avait fini par se convaincre que le motif patatoïde était aussi bien que la formation circulaire. Si déjà les croiseurs ne se rentraient pas dedans entre eux, c'était une victoire en soi.
Un signal d'alarme vint le tirer de ses réflexions : un ordre de tir venait de tomber. L'air grave, le général effectua rapidement les procédures de vérification et d'authentification du message puis, après s'être assuré que la demande émanait bien de l'Etat Major, il communiqua immédiatement les ordres à chaque pilote.
A bord de chaque croiseurs, la procédure de lancement suivit son cours, d'après une ligne désormais bien rodée. Les coordonnées de destination furent enregistrées, les ogives armées, et chaque vaisseau se tint prêt au lancement. Une fois l'ordre de tir reçu par l'Etat Major galathéen, plus aucun retour en arrière n'était possible. Les vaisseaux se fondaient alors dans l'immensité de l'espace et plus rien ni personne ne pouvait les détourner de leur objectif.
A bord d'une petite vingtaine de vaisseaux pourtant, une légère hésitation régna pendant quelques minutes. Les pilotes se firent confirmer plusieurs fois la destination par leur second, puis lorsqu'il fut certain qu'aucune erreur n'était possible, le petit bataillon se détacha du groupe et entama son long voyage... dans la destination opposée du reste de la flotte.
*****
Après des cycles de demandes insistantes, Lyra s'était finalement laissée convaincre d'assister à un compte-rendu du déroulé des opérations en cours dans le Secteur 11. Sa passion pour la guerre était toujours inexistante, et au fond d'elle-même, elle n'avait jamais espéré que tout ça dégénérerait en conflit. Lorsqu'Alexia avait fait sa déclaration à l'Assemblée, elle avait sauté sur l'occasion pour mettre un taquet à la seule commandante qu'elle méprisait dans cette Galaxie. Objectivement, elle le savait, ça n'était ni très malin et encore moins réfléchi... Résultat, son armée se trouvait maintenant engluée dans un conflit qui la gonflait au plus haut point. Elle avait donc fini par se laisser convaincre qu'une petite réunion s'imposait, et pendant que les responsables militaires lui détaillaient point par point la situation sur le terrain, elle réfléchissait à la meilleure façon de mettre un terme à cette absurdité.
" (...) La flotte de croiseurs hyperatomiques de votre Majesté a reçu tout à l'heure son ordre de lancement, les vaisseaux sont en route et les bombardements auront lieu au cycle prochain."
Le jeune sergent déroulait consciencieusement son exposé, détaillait chaque position, chaque destination, chaque ordre lancé. Lyra rassembla toute sa volonté pour réprimer un bâillement.
"(...)
Le Terrible, destination 13.11.18, impact prévu le 19/07/1019 ETU 21h43
Le Redoutable, destination 13.11.18, impact prévu le 19/07/1019 ETU 21h43
L'Effroyable, destination 13.11.0, impact prévu le 19/07/1019 ETU 21h43
L'Irascible, destination 13.11.0, impact prévu le 19/07/1019 ETU 21h43
Le Conquérant, dest..."
" Pardon ? "
Lyra s'était redressé vivement, comme piquée. Le jeune sergent s'interrompit et la fixa d'un air ahuri. 
" Ma reine ? "
" Vous avez dit, système 0 ? Le 13.11.0 ? "
Il bredouilla quelques mots, baissa le nez sur ses notes et acquiesça vigoureusement.
" Affirmatif ma reine, nous avons 22 croiseurs hyperatomiques actuellement en route vers le système 0 "
Un silence.
"... non mais... il y a que moi que ça choque, là ? "
Lyra les regarda l'un après l'autre, et un silence gêné plana dans la pièce pendant quelques instants. Les officiers plongèrent dans leurs fiches, échangeant à demi-mot des chuchotements anxieux avec leurs voisin. Enfin, l'ampleur de la catastrophe éclata dans la tête du chef de l'Etat Major qui resta d'abord muet de stupeur. La bouche ouverte comme un poisson hors de l'eau, il devint rouge pivoine en une fraction de seconde. Puis il explosa.
" Qui a lancé cet ordre ? Bordel, nous avons des opérations en cours en système 0 ! Plus d'un million de vaisseaux sont actuellement sur le terrain, avec des diplomates et des bombardiers d'escorte ! " Il frappa la table de ses deux points et se leva en hurlant. " Nous allons bombarder nos propres flottes quelques minutes avant la fin de leur mission ! "
Dans la plus grande confusion, tout le monde se leva en même temps, les plus haut gradés criant le plus fort sur les subordonnés qui tentaient de chercher une solution inexistante dans leurs dossiers. Des com-x furent envoyés, on hurla par hologramme sur des officiels dépassés, impuissants depuis la base de lancement des croiseurs. Partout, la même réponse : les ordres avaient été donnés et la procédure suivie. Les croiseurs étaient depuis longtemps hors de contrôle, verrouillés sur leurs cibles.
Alors, dans le silence abasourdi qui retomba lentement dans la salle d'opération, Lyra craqua. Les visages se tournèrent vers la jeune reine, saisie d'un fou rire nerveux et absolument incontrôlable. Elle tenta en vain de retrouver son sérieux, mais l'air scandalisé des généraux qui la dévisageaient ne fit qu'aggraver son état. Son armée était sur le point de s'auto-bombarder. Ils avaient dépensé un tiers de leurs ressources, mobilisé des millions d'hommes, établi une stratégie réglée à la minute... Et tout l'opération allait échouer parce qu'ils allaient s'auto-bombarder. Elle trouvait déjà absurde cette guerre d'ego, mais le ridicule de la situation atteignait maintenant des sommets. Elle finit par retrouver son calme, en songeant brutalement aux milliers d'hommes qui allaient être sacrifiés pour rien.
Essuyant les larmes qui perlaient à ses yeux, elle se leva lentement sous le poids de tous les regards.
" Bien. Je crois qu'il est temps d'arrêter les frais. Cette guerre absurde est sans issue, et toute cette escalade ne mènera à rien. Nous allons juste continuer à sacrifier des hommes et du temps pour la satisfaction du contrôle de quelques mondes... qui seront réduits en poussière dans une poignée de cycles.
Alors écoutez-moi bien : je ne veux plus jamais entendre parler d'une telle bavure. Encore qu'à ce stade, ce n'est plus une bavure... c'est un dégât des eaux. Bref ! Faites en sorte d'inventer une explication à tout ça, qui ne nous fasse pas passer pour des débiles profonds... Inventez n'importe quoi, faites croire que tout était prévu, je m'en fiche. " 
Elle soupira, soudain très lasse. Et commencez à planifier un repli des zones de conflit. Endiguez la situation, essayez de garder un semblant de contrôle pour que la population ne subisse pas de contre-offensive. Mais vous voulez un scoop ? Quoi que l'on fasse, d'ici quelques cycles il n'y aura plus aucun Nialphien dans le secteur 11. "
Il n'y aura plus personne d'ailleurs... marmonna-t-elle en quittant la salle, et claquant la porte derrière elle. ... putain d'apocalypse qui arrive.
Une fois dans le couloir, Lyra se laissa tomber le dos contre le mur et se passa les mains sur le visage. Elle échangea un regard avec Ajay.
La honte... Pourvu qu'Alen n’apprenne jamais ça...

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