C’était une belle soirée sur Paternalis, planète mère d’une civilisation grandissante, et berceau d’échanges commerciaux fructueux.

Ses souvenirs le hantaient. Il gardait la mémoire de ces douces accalmies du soir, où la moiteur étouffante de la journée laissait place à une brise campagnarde emplie de l'odeur suave des cultures chauffées par le soleil. c’était la saison chaude. Le vent doux caressait les blés dans la lueur rougeoyante du soleil. Derrière eux, la ferme de son père les accueillait comme souvent pendant ces weekends aux longues journées qui renfermaient la clé d’un bonheur addictif et non monnayable.

Malgré ce calme monacale et cette douceur ambiante, Bélan ne pouvait s’enlever de la tête les images de son père travaillant dans le jardin de cette ferme, bricolant ça et là, hélant les animaux de sa voix profonde. Voila maintenant neuf mois qu’il était décédé dans d’étranges circonstances à la suite d’une chasse archéologique, balbutiant sur son lit de mort des paroles inaudibles dans un langage inconnu. Un mot revenait souvent dans ses élucubrations divinatoires « ∂SH∂ »…

Avec le retour des beaux jours, Bélan revenait pour la première fois à la ferme depuis la mort de son père. Comme chaque année il était accompagné de son propre fils Merle, mais aussi de son bon ami Leo qui avait amené son fils Deryl.

Merle: Tu viens Deryl ? on va faire le tour des animaux.

Deryl: Je vais prévenir mon père, qu’il ne s’inquiète pas, et je prend des biscuits à donner aux gankourous !

Léo: Dis Merle, tu l’aimais ton grand père ?

Quelques minutes passèrent dans la tiédeur ambiante, Bélan était bien. Hors du temps, il oubliait même ses soucis avec sa femme, ses problèmes de succession, et même sa montre hypersophistiquée ne savait lui faire prendre conscience de ses impératifs temporels.

Il fut tiré violemment de sa pause cognitive, par le ton de Leo qu’il connaissait si bien. L’heure des discussions entre hommes était arrivée. Allait-il être à la hauteur ? Il ne savait plus quoi faire. Fuir ? Une pause ?  oui, c’est bien de cela une pause ! Il fallait partir, tout oublier… pour un temps.

Bélan dirigea vaguement ses yeux vers lui, sans se rehausser sur sa chaise, comme pour signifier qu’il déniait entendre ce qu’il lui disait.

C’en était trop, Bélan sortit de ses gonds, il sauta pied à terre, et tapant du point sur la table, déversa un flot de paroles empreintes de tristesse, de culpabilité et de rage.

Trente minutes plus tard, Bélan quittait la ferme en direction du spatioport le plus proche. Ca y'est il se sentait plus libre déjà. Seul oui, il avait besoin d'être seul.

Désormais plusieurs chemins se dessinaient devant lui.

A lui de tracer sa destinée