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Dans l'Ombre de Crépuscule...

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Cdte. Lyra
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23/09/1019 ETU 19:34
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[Vaisseau Prometheus - En route vers Crépuscule.]
Lyra avait toujours eu en horreur les longs trajets. Quelle perte de temps ! Être contrainte à l'attente des heures durant dans une boite de conserve filant dans l'espace ; ça frôlait la torture. Enfin... boîte de conserve... c'était quand même LE vaisseau amiral de la reine, fleuron de la flotte galathéenne - mais ça restait une carcasse de métal filant dans l'espace. Et dans laquelle elle se sentait prisonnière. Elle aurait donné n'importe quoi pour pouvoir "zapper" ces étapes de voyage, pour se téléporter instantanément à destination. Là où les choses intéressantes pouvaient commencer. 
Plutôt que d'attendre encore, et encore, et...
" Lyra, tu tournes en boucle. "
Ajay, le grand loup blanc, avait partagé sa pensée sans même prendre la peine d'ouvrir les yeux. Couché aux pieds de Lyra, il tentait visiblement de se soustraire aux idées noires ruminées par la jeune femme depuis leur départ. Agacée, Lyra se leva et se dirigea vers la baie vitrée du vaisseau. Elle avait fait ce même mouvement des dizaines de fois déjà, et la déception était toujours la même face au "paysage" que lui renvoyait le monde extérieur. De l'autre côté de la paroi vitrée, il n'y avait que du vide. Et du noir. A perte de vue. Bon d'accord, quelques points lumineux au loin trahissaient ça et là la présence d'une étoile, mais globalement, elle avait juste la sensation d'être suspendue dans le néant.
Qu'est-ce que ça pouvait être déprimant... Dans un long soupir, Lyra appuya son front contre la vitre, le regard dans le vague.
Ce voyage était sans doute le plus éprouvant qu'elle ait jamais vécu. Derrière elle, elle laissait Olorìn, sa chère et tendre Olorìn, qu'elle venait de retrouver pour la perdre aussitôt. Elle avait à peine eu le temps de la serrer dans ses bras...
Devant elle, il y avait Alen - du moins, elle l'espérait - qui était peut-être en difficulté, qui avait peut-être besoin d'aide. Cette idée lui soulevait le cœur. Les patrouilles envoyées en reconnaissance en Crépuscule avaient repéré des vaisseaux des Passeurs, mais elle ne savait pas si Alen était dans l'un d'eux.
Combien de temps allait-elle mettre pour le retrouver ? Est-ce qu'elle n'arrivait pas trop tard ? Qu'est-ce qu'elle ferait... si...
Comme à chaque fois qu'elle commençait à évoquer cette éventualité, elle sentait son cœur s'emballer. Elle se redressa vivement et retourna s'asseoir en se tordant les mains. Ce n'était pas le moment de faire une crise de panique. 
La jeune femme se mordilla la lèvre. Ce voyage était interminable. Elle avait horreur des voyages.
Ajay poussa un grognement sonore qui s'acheva en un soupir las. 
* * *
Au bout de plusieurs heures - elle avait arrêté de compter - Lyra avait épuisé toutes ses ressources. Elle avait essayé de dormir, sans succès. Elle avait fini par retrouver une petite balle qu'elle avait lancé contre le plafond dans un rythme si répétitif qu'elle était parvenue à se donner mal à la tête. Elle avait compté jusqu'à 154 682 313 043 325 613 puis s'était lassée et avait refait le décompte en sens inverse. Elle avait voulu lire les actualités de Résurgence mais ils étaient désormais trop loin pour capter le moindre signal. A leur entrée en Crépuscule, elle avait compté les planètes en déclin qu'ils survolaient, jusqu'à ce qu'une telle mélancolie la submerge qu'Ajay se mit à hurler sans plus s'arrêter - faisant accourir un assistant paniqué.
Elle était désormais à cours d'idée mais une chose était sûre : elle devait s'occuper l'esprit pour éviter de penser. Elle était à la fois excitée de retrouver Alen et terrorisée à l'idée de l'avoir perdu, et la simultanéité de ces deux sentiments contradictoires la tétanisaient dès qu'ils commençaient à se former dans son esprit.
Alors, en désespoir de cause, elle quitta ses quartiers privés pour se balader dans les couloirs du vaisseau. Elle finit par rejoindre la salle de pilotage, qui lui parut un endroit idéal pour poursuivre le voyage. L’endroit frémissait d'une activité constante, et si elle se concentrait suffisamment, elle parvenait à éviter de penser à ses propres soucis.
Ils étaient désormais bien engagés dans Crépuscule, et les radars tournaient à plein régime pour tenter d'esquiver les innombrables débris qui polluaient l'espace. Survoler une galaxie si tôt après l'apocalypse était non seulement déprimant, mais c'était aussi particulièrement périlleux.
On pourrait aussi bien entrer en collision avec une météorite, et tout s'arrêterait comme ça, pensa-t-elle. Étrangement, cette pensée lui procura une sorte de réconfort. Ca n'allait décidément pas mieux... Malheureusement - ou heureusement, c'est selon - les pilotes galathéens étaient très compétents et il y avait peu de chance qu'un tel événement se produise.
Alors qu'ils achevaient une manœuvre d'évitement d'un bloc de roche en fusion, Lyra se rapprocha d'un des pilotes.
Ce serait un gros détour de faire un crochet par la Capitale ?
La Capitale, Majesté ? La surprise et l'incompréhension se percevait dans la voix du pilote, mais il ne posa pas plus de questions et pianota sur son tableau de bord. Il pointa le tracé qui s'afficha sur l'écran. A peine, commenta-t-il. Notre trajectoire initiale passe presque dessus.
Lyra acquiesça en silence.
Parfait. Intégrez ce changement d'itinéraire, s'il vous plait. Vous allez me déposer sur la Capitale.
Elle n'était pas obligée de lui en dire plus, mais pour une raison inconnue, elle se sentit obligée de se justifier.
Il y a une équipe galathéenne sur place, sur mes ordres. Je n'ai plus de nouvelles d'eux depuis quelques cycles et j'aimerais savoir ce qu'il se passe. Ils ont peut-être des difficultés à quitter la planète, auquel cas nous les récupérerons au passage.
Entendu, Majesté. Je transmet la modification.
Lyra observa l'équipage adapter les commandes du vaisseau et lentement, imperceptiblement, le fier bâtiment changea de cap. Elle avait agi un peu sur un coup de tête, il fallait bien le reconnaître. Poser le pied sur la Capitale ne l'enchantait pas du tout. Surtout connaissant son dernier propriétaire, et ce qu'il avait fait des lieux. Elle réprima un frisson. Raison de plus pour ne pas s'attarder sur place. Et elle ne pouvait pas abandonner des hommes sur le terrain, de toute façon.
* * *
L'ancienne Capitale de Crépuscule n'avait pas été épargnée par le cataclysme et elle portait les mêmes stigmates que toutes les planètes survolées jusqu'à présent. Qu'elle qu'ai pu être sa gloire et son faste passé, aujourd'hui ce n'était plus qu'un caillou mort couvert de débris et de ruines.
L'idée d'aller fouler le sol de cette planète révulsait Lyra mais elle refusa toute escorte. Après autant d'heures passées dans la promiscuité du vaisseau, elle avait besoin d'être un peu seule. Que pouvait-il lui arriver, de toute façon ? Il n'y avait plus rien ni personne, sur cette planète. A part ses propres hommes, qu'elle allait rapatrier, et en moins de deux ils seraient repartis d'ici.
Après avoir refusé l'escorte, elle refusa aussi la tenue de protection dont on voulut l'équiper. Elle avait toujours détesté cette combinaison intégrale jaune, qui lui donnait l'air d'un gros poussin ridicule. Les capteurs du vaisseau ne renvoyaient de toute façon pas d'alerte particulière sur des radiations ou une pollution de l'air, et la température était viable. Froide, mais viable. Elle avait déjà sauté à terre lorsque l'un de ses assistants lui cria quelque chose sur le principe de précaution, mais elle ne l'entendait déjà plus.
Serrant son manteau autour d'elle, elle s'engagea résolument en direction de l'Assemblée. Son équipe était partie trouver la Porte, ils devaient donc toujours se trouver au niveau des sous-terrains. En temps "normal", elle se serait inquiétée de n'avoir pas croisé un seul des vaisseau galathéen envoyé dans la zone, et d'avoir brutalement perdu le contact avec son équipe. Si elle n'avait pas eu l'esprit embrumé par ses préoccupations personnelles, elle aurait probablement agi différemment. 
Au lieu de ça, elle progressa lentement sur les quelques centaines de mètres accidentés qui la séparaient de la cour de l'Assemblée, prenant garde à ne pas trébucher sur un débris instable ou dégringoler dans un trou recouvert par la cendre. Un silence absolu régnait sur les lieux, dont l'ambiance cotonneuse était exacerbée par l'absence totale de couleur. C'était comme si tout ce qui constituait habituellement un paysage avait été aspiré, pour ne laisser qu'une coquille vide et dénuée d'âme.
Toute à ses pensées, Lyra se retrouva sans s'en rendre compte au milieu de la cour. Face à elle se dressait avec impertinence la statue de Cassandre, seul vestige encore debout au milieu d'un champ de ruine - comme un ultime pied de nez au destin.
Un mince sourire réchauffa le visage de Lyra alors qu'elle s'en approcha. Avec émotion, elle posa la main sur le pied glacé de la statue pour laisser son regard glisser pensivement sur les courbes de la sculpture. Levant les yeux, elle suivit du regard le bras tendu pointant l'entrée des sous-terrains.
Est-ce qu'on arrivera un jour à percer tous tes secrets, Cassandre ?
Dans cette obscurité, elle ne parvenait pas à voir les traits du visage de Cassandre, mais c'était une statue - elle ne s'attendait pas à ce qu'elle réponde...
 
Ce n'est qu'à ce moment qu'elle se rendit compte que quelque chose clochait. "Dans cette obscurité ?" Quand elle était arrivée, il faisait parfaitement clair. Dans des nuances de gris, mais clair. A présent, c'est tout juste si elle parvenait encore à distinguer le doigt tendu de Cassandre. Et l'obscurité ne cessait de s'intensifier, c'était désormais palpable. Une chape d'ombre se déposait tout autour d'elle, et elle sentit un frisson courir le long de sa nuque.
Ajay se tendit et elle l'entendit gronder : il était terrorisé. Qu'est-ce que...?  Les yeux agrandis de surprise et d’incompréhension, elle se retourna.
Et sentit son estomac dégringoler dans ses talons. 
Face à elle, deux yeux rouges la fixaient, perçant les ténèbres, la glaçant sur place. 
"Ainsi donc, c'est en suivant le cruel mystère... que vous vous perdez dans l'abysse obscure... et tombez malheureusement sur l'odieux monstre. Enfin."
Cdt. Alderak
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27/09/1019 ETU 02:30
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https://www.youtube.com/watch?v=-XZVeAEcqEI (A répéter, ambiance musicale)
Le regard rouge ne bouge pas, la fixe. Si un quelconque doute avait été permis sur la situation, l'espoir de se tromper venait d'être définitivement balayé par le murmure terrifiant qui était reconnaissable entre mille.
Quoi... est-ce que ma cruelle... proximité vous aurait fait perdre votre douloureuse éloquence ? J'aurais pourtant cru que vous en seriez douloureusement heureuse... vous sembliez tellement vous faire devoir de prévenir autrui de mes cruelles... qualités... que je restais certain de votre désir secret de me voir à nouveau... sûrement dans une toute autre cruelle situation. Oui... sûrement...
Les yeux rouges se reculent lentement dans les ténèbres... ou bien, c'est cet amas d'ombres surnaturelles qui continuent de progresser, difficile à dire, mais l'oppression n'en va que grandissante. L'odieux murmure se fait alors entendre sur sa droite, là où le regard monstrueux venait de "ré-apparaître" dans un silence total. Encore plus près qu'avant.
Quelle douloureuse et magnifique idée que d'être revenue ici... si nombreux à me traquer... et pourtant douloureusement incapables de mettre à bas sa Seigneurie... comme un douloureux cauchemar revenant à chaque fois que l'on ferme les yeux, et semblant si réel au réveil. "Rassurez"-vous, les vôtres sont cruellement bien ouverts...et du cauchemar à la réalité... il n'y a qu'un pas. Strictement qu'un.
Lyra ne fais pas un geste, pas un mouvement. Il n'y a que son regard qui suit le déplacement des yeux rouges dans la pénombre. Ajay, son animus loup se tasse sur lui-même, les oreilles plaquées en arrière, restant collé à elle. 
Ce n'est pas vous que je cherchais en venant ici, Alderak. Je n'ai rien à voir avec la traque dont vous parlez. Ce que vous faites ne me concerne plus, et je n'ai plus rien à vous dire. Laissez moi partir.
Vous vous trompez douloureusement... vous avez encore beaucoup à me dire... et vous venez de cruellement bien commencer... car si vous n'êtes pas douloureusement venue pour moi, alors, cela me confirme douloureusement que... vous êtes venue pour cette cruelle et odieuse chose. Douloureusement amusant. Et vous osez douloureusement parler de partir d'ici ? Mais pourquoi faire... vous êtes exactement là où vous souhaitiez être... et puis... soyez douloureusement raisonnable... dans cette cruelle obscurité... vous risqueriez de vous... "perdre".
Le Seigneur disparaît à nouveau dans les ombres et lâche un ricanement sinistre. Ne plus le "voir" mais toujours réussir à l'entendre n'est pas plus plaisant que d'avoir à soutenir le regard malfaisant de la créature.
A moins qu'il n'en soit "déjà" douloureusement  le cas... ? Car après tout... je ne vois pas pourquoi vous seriez si douloureusement pressée de vous passer de mon odieuse compagnie... vous sembliez douloureusement bien apprécier cette dernière il y a un temps. Hé hé hé...
Lyra resserre contre elle son manteau, tentant tant bien que mal de réprimer les frissons de plus en plus nombreux. Elle se sent frigorifiée, sans savoir si elle doit en attribuer la cause aux températures extérieures ou à sa proximité avec le Seigneur. Elle ne connait que trop bien ce périlleux pas de deux dans lequel il l’entraîne - comme un prédateur épuise sa proie, étant assuré de la tenir entre ses griffes. Tous les sens en alerte, elle sait surtout qu'elle n'a droit à aucun faux pas.
Tant que le feu est cantonné dans son foyer, tout le monde apprécie sa compagnie. C'est lorsque les flammes réduisent la maison en cendre que l'on regrette de l'avoir nourri, et d'avoir négligé sa dangerosité. Tant que vos braises ne seront pas éteintes, je regretterais de vous avoir un jour ouvert les portes de chez moi. Et je continuerais de mettre en garde ceux qui ne se sont pas encore brûlés à votre contact.
Je ne nie pas avoir commis des erreurs vous concernant, Alderak. Vous ne m'aurez pas sur ce terrain là.
Elle s'efforce de conserver un ton assuré, ignorant les pensées implorantes d'Ajay qui la supplie de fuir. Prostré à ses pieds, il aurait voulu détaler dès la première apparition des yeux rouges et ne comprend pas l'étrange mélange de fascination-répulsion qu'Alderak exerce sur elle. Elle ne le comprend pas elle même...
Quelle cruelle métaphore... comparer un Seigneur d'ombre à un douloureux brasier... je trouve d'ailleurs cruellement amusant que vous ne reconnaissiez vos... "erreurs" qu'à mon cruel égard. Certes, j'ai toujours trouvé cruellement comique avec quelle aisance vous avez jadis accepté d'assister les odieux Seigneurs dans leurs cruels méfaits, mais de là à considérer cela comme un... tort... ?
Je vous trouve ignoblement dure avec vous même... inutile de vous en ajouter douloureusement plus qu'il n'en faut en m'évoquant cruellement... contentez-vous simplement de parler des erreurs concernant... les autres. Un autre peut-être ? Ces dernières n'ont rien à douloureusement envier à celles que vous auriez pu commettre à l'égard de mon odieuse personne.
L'infâme ricanement reprend de plus belle, et les ténèbres se mouvent tout autour de Lyra, accompagnant l'engouement qui pouvait se deviner chez le Seigneur. Un engouement sadique qui pouvait tout être à l'exception d'un bon présage.
Oh... mais pardonnez-moi douloureusement... mon infâme... curiosité... m'a presque fait perdre les douloureuses... bonnes manières. Il est douloureusement vrai que discuter avec la cruelle personne mettant tout son monde en garde contre les dangers de ce fameux brasier, tout en en gardant toujours quelques odieuses braises sur elle, en voilà une... activité douloureusement passionnante. Un diamant pur d'ignobles tromperies... même les Seigneurs ne vont pas jusqu'à nier leur propre cruel monde.
Mais de là à cruellement retenir cette ignoble personne... ? ...
Le rire monstrueux s'éteint lentement dans les ténèbres, dans un silence glacial, alors que la pénombre semble se figer tout autour de Lyra.
... Cette dernière semble pourtant être libre de ses mouvements... par exemple... rien ne l'empêche de faire un douloureux pas en avant... ou même cruellement un en arrière selon son odieuse envie. Pourquoi pas même... plusieurs... ?
La jeune femme scrute d'un œil anxieux l'obscurité qui l'entoure, cherchant une brèche, une lueur quelconque... Mais elle ne trouve rien qui traverse la chape de ténèbres qui s'est abattue sur elle. Aux dernières paroles d'Alderak, Ajay se redresse et lui attrape la manche, cherchant à la tirer en arrière. Pourtant, Lyra ne fais pas un pas. Tendant le bras légèrement, elle retrouve le contact avec le pied de la statue. La présence de cet élément connu la rassure et elle se sent incapable de s'en décrocher.
Au fond d'elle, elle en a la certitude, Il ne la touchera pas et ne lui fera rien. Il ne peut pas. Mais en avançant à tâtons dans cette obscurité, qui sait dans quoi elle pourrait mettre les pieds...
Elle a besoin de temps pour trouver comment se sortir de cette impasse. Ignorant les tiraillements du loup sur la manche de son manteau, elle raffermit le contact de ses doigts sur la statue et cherche du regard les deux yeux rouges du monstre.
Vous savez très bien que je n'irais pas loin dans cette obscurité. Cessez de jouer avec moi, Alderak.
Elle marque une pause, hésitante.
Si c'est d'Alen dont vous parlez, vous perdez votre temps. Il n'a rien du monstre que vous êtes. Ça n'a absolument rien à voir.
Sa voix se fait plus ferme.
D'ailleurs, en parlant d'Alen... je doute qu'il apprécie ce que vous êtes en train de me faire. Quand il apprendra ça...
... tout sera déjà douloureusement fini. Alors, peut-être que lui même rigolera de cette odieuse "histoire" et de l’infamie burlesque qui aura caractérisé celle-ci. Rien du monstre que je suis... ? Cruellement vrai... mais pas à votre égard. Il a été pour vous un odieux mal bien plus pernicieux que j'aurais douloureusement pu le croire... cela est cruellement respectable du point de vue d'un odieux Seigneur.
Le murmure tombe comme un couperet, aussi assuré que la voix de la jeune femme. Cette dernière se tend comme sous l'effet d'une gifle, et son regard se fait aussi noir que les ombres qui l'entourent. Comme à chaque fois que quelqu'un écorche l'image de l'homme qu'elle aime, elle sent une muraille s'ériger dans son esprit.
Paroles de l'ombres... douloureuses paroles de l'ombre. Celle qui se prétend de bonne intention crie à la créature monstrueuse et ses méfaits... tout en tolérant sous sa propre chaume l'odieuse personne qui a toujours été prête à s'associer à celle-ci.
Lyra nie lentement de la tête. Elle refuse d'y croire, elle ne veut pas écouter. Mais les paroles d'Alderak s'infiltrent insidieusement au travers de ses barricades mentales, venant effriter ses convictions.
Tant de douloureuses histoires ignobles à raconter... mais toutes qu'avec une cruelle constante : "Lyra ne sera pas un odieux problème."
Cette fois, c'est le sol qui semble se dérober sous ses pieds. Aurait-elle été aveugle à point ? Non... Oh, bien sûr, tout au fond d'elle, elle sait, elle à senti des choses... mais Alen a toujours été sincère avec elle, il ne l'aurait pas manipulée froidement... Aux paroles d'Alderak viennent se superposer des flashs de souvenirs, qui se mêlent en un tourbillon diffus. Les échos de paroles et de gestes d'amour sont envahis de doutes depuis longtemps refoulés dans son inconscient. Son esprit se braque. Pas maintenant, pas ici ! Elle ne sait plus quoi penser, elle voudrait juste que tout s'arrête.
Taisez-vous... Je n'en crois pas un mot...
La mâchoire serrée, la gorge nouée, c'est tout juste si elle est parvenue à murmurer cette simple phrase. Alors qu'il est très certainement attentif aux réactions qu'il suscite chez la jeune femme, Alderak poursuit pourtant, imperturbable.
Et tenir douloureusement parole est là une cruelle qualité encore très appréciée chez les odieux Seigneurs... je dois avouer qu'il a cruellement réussi la chose avec brio... douloureusement trop bien peut-être... sans quoi vous n'en seriez pas encore à douter de mes cruels mots. Je me demande combien vous ignorez tout de ce qu'il a cruellement fait à l'égard des odieux Seigneurs... et de la cruelle... réciproque.
ARRÊTEZ !
Cette fois, c'est un cri qui déchire l'obscurité, et qui vient interrompre les révélations. Elle sent des larmes de rage lui monter aux yeux, et un sentiment inconnu la submerge. Elle cherche le regard rouge, elle serait prête à lui sauter à la gorge pour le faire taire. Ajay a repris ses grondements, et debout à côté de Lyra, ses babines frémissent en dévoilant légèrement ses canines.
Je ne nie pas sa part d'ombre. Mais elle ne le définit pas dans son intégralité. C'est en présence d'être comme vous qu'elle se révèle... mais il y a un autre Alen que je connais, et qui est tout aussi réel. Notre lien, notre amour est réel.
La créature ricane encore, et les ténèbres s'agitent à nouveau.
Douloureusement... factice... voilà ce que vous êtes cruellement. Tout ce à quoi vous avez voulu prétendre moralement, consciemment ou non... a été détruit par un simple et odieux sentiment... tout ce que vous avez pu chercher à construire... ce même infâme sentiment d'attachement le déconstruisait derrière vous... tout ça à travers son odieuse personne et ses cruelles décisions.
Peut-être même que vous avez douloureusement fini par vous en douter... Alors, votre cruelle âme, cherchant désespérément un moyen de se raccrocher à un douloureux sens, pour ne pas résumer son ignoble existence à ce douloureux apparat, se serait jeté sur l'ignoble mystère divin... douloureusement si proche... mais même ça... par la faute de l'ignoble monstre... Hé hé hé...
Les deux yeux rouges ré-apparaissent face Lyra... ils semblent lentement s'approcher, en même tant que les ténèbres, permettant à peine à Lyra de voir à quelques dizaines de centimètres d'elle. Suffocant sous ce sentiment d’oppression grandissant, elle ferme les yeux, elle voudrait disparaître, elle voudrait se réveiller de ce cauchemar qui n'en finit plus.
Les cruelles ténèbres sont présentes... et parfois... il est tout aussi douloureux de savoir ce qui s'y trouve... que ce qui ne s'y trouve pas. Voyez par vous-même... où est votre cruel Alen à présent ? Vous êtes seule... face à moi... et ces infâmes ténèbres... comme si cela était douloureusement nécessaire pour comprendre. Même le simple touché de cette odieuse statue est... douloureux.
Les griffes du Seigneur s'abattent brutalement sur les doigts de Lyra, toujours agrippés à la statue. Un éclair de douleur tel qu'elle n'en a jamais ressenti éclate dans tout son être. Ce n'est pas une main mais des serres d'os et de métal qui viennent broyer et arracher entre leurs lames édentées les doigts fins de la jeune femme. Du moins, c'est la sensation qu'elle en a, pendant un quart de seconde.
D'abord rendue muette par l'incompréhension et l'intensité de la souffrance, c'est un hurlement déchirant qui s’échappe de sa gorge alors qu'elle retire sa main mutilée et la presse contre sa poitrine. Tombant à genou, Lyra éclate en sanglots incontrôlables. Sa main saigne abondamment, imbibant le tissu de son manteau. Complètement paniqué, Ajay tente de se blottir contre elle, léchant le sang qui s'écoule entre les mains de Lyra, venant maculer sa fourrure blanche.
Vous... n'auriez... jamais du faire ça...
Sa vision est mouchetée d'éclairs blancs et elle a du mal à penser. Elle peine à parler, submergée par les hoquets de douleur.
Il vous tuera pour ça ! finit-elle par cracher, au bord de l'évanouissement.
Au moment où elle prononce ces mots pourtant, elle n'en a jamais été aussi peu certaine. Ses pensées s'emballent, son cœur bat à tout rompre alors qu'elle réalise peu à peu ce qu'il vient de se passer. Elle qui s'est toujours crue protégée par Alen, se sent plus seule et plus vulnérable que jamais. Et surtout, elle comprend en une fulgurance que le temps des menaces et de l'intimidation est loin. Alors que chaque pulsation de son cœur martèle le moignon de sa main, l'évidence s'impose à elle : si elle reste là, il va la tuer.
Incapable de tenir sur ses jambes, aveugle dans l'obscurité et privée de repères, elle recule à tâtons sur le sol jonché de cendre et de gravats. La panique lui coupe la respiration et c'est tout juste si elle distingue Ajay qui s'est dressée devant elle, faisant face à Alderak. La fourrure gonflée, formant une crête sur la ligne de son dos, il gronde avec force en dévoilant maintenant toute sa mâchoire. Sans le voir, elle ressent toute la haine et la terreur qui l'animent, prêt à bondir. Alors que Lyra recule toujours, se traînant péniblement sur le sol, elle heurte soudain un bloc de pierre - un mur probablement, ou une ruine éboulée. Elle est bloquée. 
Luttant contre l'affolement, elle tâtonne le sol autour d'elle de sa main valide. Ses doigts finissent par saisir ce qui ressemble à un fragment de verre brisé, qu'elle saisit sans trop savoir exactement ce qu'elle compte en faire. Ivre de douleur, elle prend appui de son dos contre la roche et se hisse péniblement sur ses pieds, raffermissant le contact de ses doigts contre le tesson de verre qu'elle élève devant elle.
Me tuer ? Certainement tout aussi assurément que la cruelle et réelle honnêteté qu'il vous a odieusement accordé... douloureusement peu de quoi m'inquiéter entre autre hé hé hé. Voyez en à ce que vous êtes cruellement réduite... évoquer sa douloureuse personne pour tenter d'odieusement me menacer... douloureusement pathétique... mais surtout... douloureusement... prévisible.
Car souvenez-vous du cruel temps passé... et de mes infâmes paroles... ne vous avais-je pas dis que vous ne teniez votre cruelle survie qu'à son odieux être ? Vous choisir comme cruel substitut était douloureusement bien pensé pour satisfaire l'odieuse caution morale dont il... nous?... avait cruellement besoin. Et maintenant... à douloureusement vous voir ici même... c'est à se demander... si vous avez ne serait-ce qu’existé par vous même. Quand je vous disais que vous étiez douloureusement là où vous deviez être...
Le ricanement sinistre et insidieux reprend de plus bel. Le regard malfaisant du Seigneur se rapproche à nouveau de la galathéenne, tendant tant bien que mal dans sa main valide son arme improvisée face à la créature.
... dans les odieuses ténèbres... abandonnée... depuis toujours... et face à la souffrance de l'infâme vérité. Ressentez cruellement celle-ci par vous même... la douleur ne ment jamais... jamais. Et vous allez ressentir... toute son ignoble cruauté...
Craack.
... une force anormale... un pincement... un couinement canin... une douleur atroce... et une vision d'horreur alors que le Seigneur lâche un rire monstrueux et que les ombres glissent pour laisser voir à leur victime toute l'étendue de la scène.
Le bras lacéré et retourné dans une position anormale... sanguinolent, l'os brisé et sortant bien visible de l'avant-bras. Seuls quelques bouts de chairs maintiennent le tout au corps, faisant pendiller ce qu'il restait du bras de manière atroce, tel un morceau de viande filamenteux.
Et avec à son bout... cette main... toujours agrippée à ce tesson de verre... qui est maintenant pleinement enfoncé dans le corps du loup dont la fourrure se peint de rouge. La vision est insoutenable et surpasse la souffrance physique qu'elle peut ressentir à cet instant. Dans un état second, elle se sent glisser à terre.
Ajay...
Ce n'est même plus un murmure, à peine un souffle. Le grand loup blanc se hisse péniblement sur ses pattes avant de s’effondrer contre le torse de Lyra. Elle n'a plus aucune force pour le serrer contre elle mais elle peut une dernière fois enfouir son visage baigné de larmes dans la fourrure du loup. L'espace d'un instant, leurs cœurs battent à l'unisson, il n'y a qu'eux... et leur douleur pleinement partagée.
Puis lentement, elle sent sa présence lui échapper. Il semble d'abord plus léger contre elle, comme si son corps entier se mettait à léviter. Se redressant, la vision trouble, Lyra plonge son regard dans les grands yeux jaunes d'Ajay. Peu à peu, ce qui composait le loup blanc se désagrège en une infinité de particules et il disparaît dans un bruissement à peine perceptible.
Pétrifiée, immobile, Lyra sent un grand froid l'envahir de l'intérieur. Un sentiment de détresse et de solitude, tels qu'elle se demande comment elle même peut encore rester en vie. En réalité elle ne le peut pas, et elle sait. Ajay disparu, elle vient de perdre la moitié d'elle même et il n'y a plus que son corps, cette enveloppe charnelle, qui la retient encore.
Couverte de sang et de poussière, la main droite mutilée, le bras gauche brisé, elle n'est plus que l'ombre d'elle même. Puisant dans ses dernières ressources, elle trouve pourtant la force de se relever encore une fois. Luttant contre le vertige et la nausée, elle lève les yeux vers le monstre qui lui fait face.
Je ne peux pas vous empêcher de jouer avec moi, mais même cette douleur là aura bientôt une fin.
Elle ne sait même pas d'où elle tire encore cette force de parler. Sa voix, rauque et faible, n'est plus qu'un murmure et le simple souffle de l'air dans sa gorge lui donne une sensation de brûlure atroce.
Je suis seule aujourd'hui, mais on est toujours seuls face à la mort. Vous, vous avez été seul toute votre existence. Pas moi. J'ai eu des amis sur qui j'ai pu compter, et qui ont pu compter sur moi. Vous ne savez même pas ce que c'est, vous n'êtes entouré que d'opportunistes et de gens qui ont trop peur pour vous résister.
Elle tousse, vacille sous le coup de la douleur, mais se redresse encore. Elle ferme les yeux un instant, tente de reprendre sa respiration, puis plonge à nouveau le regard dans les yeux rouges d'Alderak. Un large sourire lui étire les lèvres.
J'ai aimé, et j'ai été aimée en retour, quoi que vous disiez. Vous pouvez me tuer, jamais vous ne m'enlèverez ça. Faites ce que vous voulez, vous ne me briserez pas.
Au paroxysme de la douleur, c'est à peine si elle sent encore son propre corps. Elle a l'impression de flotter et de glisser doucement vers le délire.
Je ne vous ferais pas cet ultime plaisir. Je vous regarderai, et je vous tiendrai tête jusqu'au bout.
Il est douloureusement trop tard pour avoir un cruel semblant de courage... me regarder ? Faudrait-il encore pour cela que vous puissiez douloureusement... voir...
Soudainement, l'obscurité se fait totale alors qu'elle ressent une vive douleur au niveau des yeux. Elle manque de s'évanouir tant le choc a été brutal, et elle ne peut retenir un nouveau cri de détresse. Son esprit submergé peine à comprendre la sensation du liquide chaud qui s'écoule sur ses joues. Ce n'est que lorsqu'il finit sur ses lèvres qu'elle comprend. Du sang. Son sang.
Elle voudrait porter ses mains à ses yeux désormais aveugles mais son corps meurtri refuse de lui répondre. Ses yeux... ses grands yeux verts, qu'Olorìn aimait tant... A cet instant, de façon inattendue, l'image de son amie s'impose dans sa mémoire confuse. Pour Olorìn... Pour Olorìn, elle parvient à trouver un nouvel appui contre le mur - certes précaire, mais qui lui permet de ne pas s'effondrer au sol. Luttant contre l'engourdissement qui la gagne, elle tend son esprit vers le souvenir de la belle magicienne. Elle y place ses dernières forces, cherchant un refuge réconfortant hors de son corps qui lui semble brûler tout entier.
Quant à douloureusement me maintenir tête... vous faudrait-il encore être douloureusement capable de la maintenir à votre simple corps... malheureusement, vous n'aurez pas le cruel loisir de constater l'odieux art Seigneurial par vous même... mais vous vous trouvez douloureusement plus chanceuse... car vous pouvez le vivre... le ressentir... dans l'horreur la plus parfaite.
Elle peut alors ressentir une vive douleur dans la poitrine, sa chair s'y faisant lacérer. Elle ressent ces appendices monstrueuses au travers de sa cage thoracique, s'y glissant lentement, assurant un supplice certain.
Et vous voir utiliser vos dernières douloureuses forces pour maintenir votre cruel déni est pour vous la conclusion cruellement parfaite. Car vous disparaissez dans les odieuses ténèbres... sans jamais connaître l'infâme réalité... voir l'histoire de votre destruction finir ainsi... en voilà quelque chose d'horriblement succulent. Et la cruauté est à son paroxysme... car ce douloureux moment... vous retire ce que vous auriez réellement dû vivre si l'odieuse infamie Seigneuriale ne vous avait pas rattrapé.
Brutalement, les griffes Seigneuriales se déploient dans son torse, telle une poire d'angoisse d'un antique temps. Sa cage thoracique vient de s'ouvrir entièrement, projetant au passage quelques uns de ses fragments d'os et de côtes, pour ceux n'étant pas restés accrochés et sortant maintenant à même le corps. Le sang coule à flot, et quelques boyaux commencent lentement à glisser.
Ses poumons éventrés, privés d'air, ne laissent plus sortir un son. Tout son corps n'est plus qu'une blessure béante, toutes ses sensations saturées d'une souffrance à son paroxysme. L'engourdissement la gagne peu à peu, et avec lui la douleur devient de plus en plus lointaine. L'explosion dans son cerveau, mélange crépitant de flashs blancs et de souvenirs mêlés, se fait diffus et elle se sent de plus en plus légère. 
Elle ne lutte plus.
L'infâme douleur reste maître... et l'odieux sacrifice se savoure. Jamais la victime n'aura connu son douloureux et ignoble rôle... pour les odieuses souffrances... passées... et douloureusement à venir. Un funeste destin... douloureusement cruel. Douloureusement... ignoble.
L'immonde et infâme ricanement conclue la scène macabre. C'est terminé. Les ombres finissent par se retirer, et avec elles le cauchemar vivant qu'elles abritent. L'horreur apparaît enfin à la lumière. Le sang recouvrant le sol poussiéreux, quelques bouts de chairs et d'os, un corps mutilé à peine méconnaissable adossé à un mur... et cette tête, empalée sur un pieu... pied d'humour d'une créature ignoble... et surtout, rappel indéniable d'à qui appartenait la dépouille de la malheureuse victime.

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