Apocalypsis Archives > gamma2 > Galaxie 15 > Forums > Assemblée ̶d̶'̶U̶n̶i̶t̶é̶ de la Discorde > Lettre à Howard : Demains, d'autres rirons

Lettre à Howard : Demains, d'autres rirons

Pages : 1

Cdte. Aube Niflheim
Respect diplomatique : 350

Avatar
23/03/1020 ETU 05:35
Ce(tte) commandant(e) soutient beaucoup Apocalypsis.  Ce(tte) commandant(e) soutient beaucoup Apocalypsis.
Message édité - Score : 9 Détails Prévenir Dieu
0 : orthographe insuffisante
0 : présentation bâclée
0 : hors sujet
0 : hors role play
0 : message insultant
efforts visibles : 0
message adapté : 0
message remarquable : 9
humour décapant : 0
role play intéressant : 0
Une communication arrive à l’assemblée, émise par un émetteur en très mauvaise état. On distingue clairement l’Impératrice de verre, dans sa tenue cérémonielle. Elle est installée dans un siège et semble pensive.
« Howard ? Je…
Je n’ai aucun moyen de savoir où vous êtes, ou ce qu’il est advenu de vous. Je ne sais même pas s’il reste quoi que ce soit de vous. J’ai… J’ai le mince espoir que mes pensées les plus sombres ne soient qu’erreurs. Et, au pire, j’ai confiance en votre compagnon félin pour que ces mots atteignent d’autres Karringan. Verre a déjà rencontrée votre lignée par le passé. Peut-être que via cette missive, elle les rencontrera à nouveau.
J’espère que vous allez bien. J’espère… J’espère que vous allez au mieux. Au mieux du possible, considérant les circonstances. Que vous ne désespérez pas de la situation. Que vous ne perdez pas l’espoir dont vous aviez été un héraut et que vous aviez porté malgré l’adversité.
Howard, monsieur le chef du gouvernement comme je vous appelais ici. Vous savez, je le disais toujours avec un sourire complice, sachant qu’en Com-X je pouvais simplement vous appeler par votre nom.
Nous n’étions pas proche, personnellement, simplement deux collègues de travail, partageant un idéal. Pourtant je crois que dans l’ensemble, vous avez été l’un de ceux-là dont j’espère pouvoir dire qu’ils étaient des amis. Pas au sens où un peuple l’est avec un autre, mais bien au sens ou un individu pense en comprendre un autre et désire vivement son bien. Je désire vivement votre bien. Et si je ne prétends pas vous comprendre, je l’espère tout de même.
Alors voilà. Je m’adresse à vous en tant qu’amie.
C’est amusant. Nous n’en avons jamais parlé, ce sont des choses qui ne se discutent pas. Et nous étions trop occupés avec cette galaxie pleine de vie et de discorde. Nous avions trop de chose à faire pour respirer, inspirer une grande gorgée d’oxygène et laisser notre corps l’assimiler.  Vous êtes-vous seulement posé une fois, un cycle, quelques minutes, depuis le début de votre mandat ? Personnellement je ne crois pas avoir soufflée depuis l’arrivée des miens en Unité. Je ne respirais plus. J’existais en apnée.
Mais, enfin, me concernant c’est en fait depuis ma naissance. Verre… Comment exprimer ça.
Un grand auteur, opposé à la monarchie, disait « Verre a une grande culture. Mais n’enviez pas ses empereurs. Ce sont des pantins de cristal dans des vierges de fer ». Ma mère, au moins, était une vierge de verre. Et moi, je ne sais pas où me placer. Je n’ai jamais été très adaptée aux attentes que mon peuple avait du titre d’impératrice. Vous connaissez mes méthodes : j’ai fait au mieux. En apnée, mais au mieux. »
Un vague sourire triste. Elle secoua la tête.
« J’ai passée des nuits entières sans dormir, cernée de pensées affreuses et de rêves cauchemardesques. Mes médecins s’inquiétaient de mes pertes de poids, de mon regard fixe. Des militaires ont a tenté de me renverser, une fois. Et je crois que dans l’ensemble je ne me suis pas occupée de moi. C’est idiot, mais depuis que la fin a frappée, pour la première fois, je respire librement. Ma poitrine s’est libérée d’un poids. Au moins tout est fini pour moi, dans cette galaxie. Je ne perds pas espoir, je ne me montre pas fataliste, vous me connaissez. Mais je ne maîtrise pas mon corps, et peu mon esprit. Ainsi, je me sens sereine.
Est-ce que c’est malsain ? »
Aube haussa les épaules.
« Je ne devrais pas vous embarrasser de ces réflexions. Sans aller jusqu’à les dire futiles, elles ne sont pas le but réel de ce message. Je vais bien. Je me sens bien. J’observe tout notre chemin et je comprends ce qui s’est passé, nos erreurs, la nature de nos échecs. Mais aussi nos réussites, nos avancées. Nous avons fait face à un typhon, à une catastrophe naturelle prétendant se personnifier pour mieux nous imposer le désespoir. Mais ce n’est pas ça, pas du tout. C’était un désastre comme il y en aura d’autres. Et parce que nous avons cherché des solutions et lutté tant que possible, nous avons servis les générations futures. Et il y en aura, Howard.
Oh oui, ça il y en aura. Je ne sais pas si vous pouvez m’entendre. Par l’espace cela va faire plus de trente cycles que vous deviez vous rendre dans l’antre de la Bête. Et je ne me suis même pas inquiétée de votre sort. Sauriez-vous me pardonner ? Et si vous le faites, ne le faites pas sous prétexte que j’avais d’autres-choses à gérer. Vous étiez un homme de confiance et avez toujours pris la peine de vous inquiéter pour moi. J’ai simplement manqué de maturité. Alors je vous demande de m’accorder le pardon.
Mais, enfin, si vous pouvez m’entendre, quoi qu’il en soit, écoutez bien ces mots. Montrez-vous attentif. Je ne me suis que trop attardée sur moi. J’ai beau tentée d’en aller à l’essentiel je continue ma logorrhée égocentrique. Ce n’est pas vraiment sérieux.
Mon message est simple : il y en aura d’autres. D’autres conflits, d’autres crises… Mais l’ombre n’existe qu’en bloquant la lumière. La souffrance n’a pas de sens si elle existe seule. Et on voudrait nous faire croire que c’est là le plan de nos ennemis ? Nous laisser l’espoir pour bonifier la douleur qui suit ? Foutaise. Ils n’ont d’autre choix que de nous laisser la joie, s’ils veulent goûter à la souffrance. Leur « plan » n’est qu’une fatalité, une obligation. Ils sont pieds et poings liés. »
Et elle laissa s'écouler un nouveau silence. Elle souriait, droite et fière, semblant reprendre contenance à mesure que ses certitudes s'exprimaient. Puis, peu à peu, elle s'installa plus confortablement dans son siège et prit un air très doux.
« Il m’arrive de rêver. Le saviez-vous ? J’ai déjà parlé de mes cauchemars, mais j’ai aussi des rêves paisibles. Eh bien j’ai été réveillée par l’un d’eux, à l’instant.
Il y avait des champs. Des hautes tiges vertes et rousses s’étendant sur des kilomètres de terre riche. Et je marchais, entourée de visages. Je ne guidais pas ces gens, j’avançais avec eux. Je crois même, que, par moment, je n’étais qu’une observatrice lointaine, seule mais heureuse.
Il y avait au loin des tours colorées et des navettes zébrant le ciel. Des fêtes et des chants exotiques, des traditions subtiles et riches de siècles de raffinement. Parfois, un soleil de plomb au-dessus d’une canopée, et des enfants mangeant des fruits sous la cime des arbres. Tout était doux, et je devinais que c’était éphémère. Des moments ponctuels dans une existence compliquée. Et je comprenais que le revers de la médaille sommeillait à l’orée de ma perception.
Mais, enfin, l’air était si agréable, et les gens semblaient sereins. Alors je me suis dit que ce n’était pas grave, et que si tout devait disparaitre ici, cela n’effacerait rien aux bons moments passés.
C’étaient des visions, diverses. Pas des souvenirs, mais la promesse qu’il y en aurait d’autre. D’autres peuples, d’autres joies. D’autres tristesses, évidemment, mais ainsi va la vie.
Et peut-être, je crois… Peut-être que ces gens s’en sortiront là où nous avons été insuffisants.
Peut-être qu'ils se pencheront sur notre œuvre et se diront « Voilà où ils ont été juste, voilà où ils se trompèrent » et, prenant acte de cela, prolongeront la vie, paisible, agréable, et la prolongeront tant et tant que possible.
La fin de ce que nous voyons ne signifie pas la fin de toute chose.
Howard. Si vous allez mal. Si vous souffrez. S’il vous arrive quoi que ce soit : repensez à ces mots. Il y en aura d’autres.
Vous avez été exemplaire. Et d’autres le seront.
Je ne suis pas une femme spirituelle. Je ne crois pas en grand-chose. Et je ne crois pas non-plus que nous ne nous reverrons jamais. Mais tenais à ce que ces mots vous atteignent, aussi les ais-je dis là où je sais que vous ne pourrez les manquer.
Et avant de me taire, il faut que je vous dise, vous n’avez pas idée de l’honneur qu’a été votre confiance.
Vous m’avez trouvé impératrice esseulée, m’avez ouvert les portes d’un espoir : celui d’être entendue. Celui d’être écoutée. Celui d’être prise au sérieux, et de participer à quelque-chose de beau.
Pour cela avez ma gratitude.
Adieu, mon très cher ami.
Que les affres du temps épargnent votre héritage. »

Pages : 1