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Cdt. Amédée Soudcoté
Respect diplomatique : 310 
14/08/1021 ETU 17:03 |
Score : 9
Détails
Secteur 1, système 22. Une planète glaciaire quelconque. On peut passer et lancer les recherches sur la suiva- Oh merde non, ce n'est plus une glaciaire: il y a des trucs qui poussent! Analyse.... Analyse... Analyse... Surface émergée recouverte à 127% de champs de patates a divers stades de maturité. Recherche d'activité Analyse... Analyse... Analyse... Aucune trace de machine. Signature thermique: humanoïde isolé :37° parallèle, méridien 19. C'est lui! Bon sang ! Go ! Cap immédiat sur la position! Go! Go! ... ETA 19 secondes. Tu es sur que... .. oui ok, on y va en douceur, et sans abimer une feuille... je tiens à mes dents. ETA 19 minutes. ... Tu crois qu'il a fait ça tout seul?... oui,oui, évidemment, bien sur que oui. Voilà donc à quoi il était occupé: il terraforme des putains de glacières! Des congés mon oeil! ... ... Comment il va prendre la nouvelle, à ton avis? .. oui bien sur qu'il va pas aimer, merci pour la réponse! je demande ça pour voir à quelle distance je dois lui parler. ...oui d'accord, bonne idée, mais je ne crois pas qu'on aie un mégaphone dans la navette. ... ... ou bien alors j'y vais pas. Je suis sur qu'il y est bien là, sur cette planète. Regarde comme il en a rien à faire des centaines de milliards de leems qui sont plus en stock. ...ouais je sais c'était une connerie ce que j'ai dit! mais j'ai la trouille! ... Une heure et demie plus tard (parce que plus ils avançaient, plus il ralentissaient). Un jeune officier à l'uniforme impeccable se tient au bord d'un champ, le regard braqué sur l'horizon vers un petit nuage de poussière. Il fait drôlement chaud, pour une planète recensée comme glaciaire. L'officier reste stoique dans son uniforme complet, qui a immédiatement collé à sa peau dès la navette ouverte. Une goutte de sueur glisse le long de son nez et atteri entre ses bottes, sur le champ. Ce n'est pas vraiment un champ bien délimité: il s'est mis debout à coté de la fin d'une série de sillons, qui s'étendent à perte de vue à sa gauche, et s’arrêtent simplement parce que la montagne est devenue trop raide pour continuer. A droite des sillons, la terre est déjà préparée mais pas encore mise en motte. Depuis l'horizon, le nuage de poussière grossit à vue d'oeil. Bientôt, on peut en observer la source: c'est un homme qui court en trainant quelque chose. Grand, sec voire émascié, l'homme est torse nu, et porte un pantalon à l'agonie, usé jusqu'à la corde mais figé par la poussière. Il va pieds nus dans la terre, et il n'y plus de différence de couleur entre ses pieds et le sol. Sur son crane, plus un seul cheveu mais quelques gouttes de sueur qui s'évaporent dans un petit brouillard de fumée. Le bas de son visage est mangé par une barbe qui a été brune, et dominée à présent par des poils blancs sale. Ce n'est pas l'homme lui même qui crée la poussière, mais les deux outils qu'il traine derrière lui: une espèce de pioche dans la main gauche, et ce qui a été une bêche dans la droite. Avec ces outils, l'homme taille dans un geste infini une butte supplémentaire pour une rangée de patates. Une dizaine de sillons plus à gauche, on voit que les patates ont commencé a pousser. Distraitement, l'officier essaie de calculer la longueur d'un sillon sur base de cette information, mais renonce en constatant que l'homme approche à porte de voix... de la sienne en tout cas. "-erm.. Bonjour Commandant Soudcoté! Bien content de vous revoir, boss! -....OUAIS BON DONC ALORS B'JOUR... BOB! POUSSES TOI Y D'LA J'Y VAIS DONC Y FAIRE l'DEMI TOUR DONC! -ouiiii, en fait je ne m'appelle pas Bob, c’était mon prédécesseur mais il a, comment dire, une- -POUSSE TOI DONC J'Y AI DIT! T'Y VAS PAS DONC Y ARRÊTER L'TRAVAIL! L'officier se pousse, plutôt se jette sur le coté en plusieurs bonds indisciplinées. Du coin de l'oeil, il distingue l'éclat des outils au soleil dans son dos, qui replongent immédiatement profondément dans la terre. Quand il reprend son équilibre, Amédée s’éloigne déjà d'un bon pas. - Commandant! j'ai des informations import- - ALORS DONC BOB T'Y VAS PAS M'DISTRAIRE DE C'TE BON TRAVAIL AVEC DONC C'TE SALETÉ DE GLANDOUILLERIES POLITIQUES! FAINÉANT! -Mais non je- - HEHO J'Y AI DONC DIT STOP ! PIS ARRÊTE DONC DE M'Y FAIRE CAUSER, J'Y VAIS DONC Y PERDRE DU RENDEMENT DONC! - mais il- - ALORS DONC LA PAUSE C'Y EST DANS 5 HEURES, SAUF SI DONC Y D'A PLUS QUE 30 ROCHERS DANS C'TE LONGUEUR! AH! REVIENS Y DONC A C'TE HEURE! - Boss, il faut qu- - DONC T'Y ES UN GROS BLAIREAU QU'Y A PAS COMPRIS QU'EST CE QUE J'Y AI DIT, OU BIEN DONC ALORS C'Y EST DU BON PLAN POUR GLANDER SUR MON COMPTE ENCORE DONC? REVIENS Y A LA PAUSE, ET TROUVES Y DONC UN TRUC UTILE A FAIRE! FAINEANT! - Amédée, s'il v- - MAIS J'Y AI PAS QUITTE TOUT CE BOUZIN POUR QU'ON Y VIENNE DONC M'Y BALANCER C'TE COUILLONERIE POUR DU RIEN DU TOUT! ALORS DONC VOUS Y ÊTES DONC DES TAS DE MILLIARDS DE FAINÉANTS QU'Y SAVENT PAS PROFITER DE QU'EST CE C'EST QU'EST BON DEDANS LES FRUITS DU TRAVAIL ! ET TOI T'Y VIENS ME DÉRANGER PENDANT QUE J'Y AI PAS ENCORE Fi- -ILS ONT PRIS TOUS LES LEEMS !!! Amédée fait encore un pas, puis s'arrête. Il continue de tourner le dos à l'officier, qu'il ne regardait même pas en avançant dans son ouvrage. L'officier poursuit, en parlant vite, de plus en plus vite. - Un détournement massif, tout est partit d'un seul coup. Y compris ce qui trainait dans la coalition. Environ 1 kilo milliard, nous n'avions pas gaspillé ce que vous nous avez laissé, voyez vous! Nous n'avons recu aucune annonce, aucune revendication, le silence absolu. Les conséquences sont importantes, mais nous avons pu continuer de fonctionner en l'état. -.... - Mais oui, il faut être réaliste: tout est définitivement perdu...J'ai tous les détails dans la navette là derrière si vous le souhaitez... mais aucune piste concluante. ... ...Commandant? .... Je...on... Je ..je serais à la navette, en attendant votre pause. -.... L'officier s'éloigne en marchant à reculons, de plus en plus vite. Il disparait rapidement derrière les rochers. Amédée lui tourne encore le dos. Son regard se perd vers l'horion. Les muscles de sa mâchoire tressaillent, le reste de son visage, comme tout son corps, demeure immobile. Ce moment de calme dure pendant plusieurs minutes. La poussière est entièrement retombée. Soudain, sans un bruit, Amédée se plie en deux. Il lâche ses outils et porte les mains à son coeur. Avec un bruit sourd, les outils tombent dans la terre poussiéreuse. Un instant plus tard, Amédée les rejoint, face en avant vers le sol.
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