Les optiques de l'unité diplomatique venaient de se remettre en marche pour participer au nouveau débat à l'assemblée quant-à une votocratie sur l'ensemble de la galaxie Espoir. Le machine se leva de son siège tandis que les verins de ses jambes faisaient sans bruit leur oeuvre; l'on pouvait dire ce que l'on voulait de la Technocratie Marchande de Regulus, elle savait y faire en machines.

Sur ces mots, le périphérique diplomatique se rassit sur la chaise, plus par habitude et convenances que par un réel besoin; une machine n'avait nullement besoin d'un tel confort mais rester constamment debout pouvait mettre mal à l'aise les unités de carbone présentes, aussi différentes soient-elles.

Dépaysée, je suivais depuis mon petit holopad le débat qui animait principalement Espoir depuis mon ascension. Bien que je n'étais qu'une mauvaise interprète en ce qu'il s'agissait de la rhétorique et du jeu d'acteur qui en découlait, je ne pouvais m'empêcher de nourrir une passion inexpliquée à l'égard des débats politiques, que je trouve enrichissants. Je me délectais des clabaudages et accusations qui pleuvaient à tout vent, fluant à travers la Galaxie comme du pollen dans un espoir de germination. Je désirais m'adresser à ces autres commandants, bien que ma plume devait être des plus vénielle. Spontanément, je laça en arrière mes boucles brunes et sortit un petit miroir afin d'arranger mon maquillage. Même si nul ne me verrait, j'appréciais l'idée d'être présentable lors de mes allocutions. Lorsque j'eus terminé, je saisis ma plume de la main gauche et tapota deux fois sur mon petit holopad avant de me mettre à tracer mes lettres méticuleusement

J'étais assez fière de ma petite intervention. Je commençais lentement, mais certainement, à m'habituer aux allocutions publiques, ayant déjà dû en faire deux hier soir sur les chaines télévisées Njvériennes. Il m'a d'ailleurs fait bizarre d'être pointée par tous ces immenses appareils aux couleurs tranchant avec la symphonie de couleurs qui décoraient la Cour des Flamboyants. En attendant une réponse, j'éteignis le canal de l'assemblée et alluma la chaîne nationale qui passait à cette heure ma série de romance favorite.

L’écran géant de la salle se mit à grésiller. Rache, qui suivait le débat depuis le début sans intervenir tourna les yeux vers l'image cryptée. Elle eut un léger sursaut en voyant apparaitre son commandant lorsque l'image se fit nette, ses apparitions à l'assemblée n'étaient pas monnaie courante. Patogasse balaya la salle d'un regard avec un petit sourire en coin.

Il illustra son propos en portant sa main à son chapeau.

Il laissa trainer un silence théâtral.

Il fixa un moment le commandant Avery puis, d'un coup, l’écran se coupa.

Avec peine, j'ouvrais mes yeux pour découvrir un ciel illuminé d'une aurore colorée et plus proche que je ne

l'imaginais, le visage de Mjrn me regardant avec des yeux ronds. Je rigolais déjà, pressentant sa future question certes inutile mais inévitable. Tu t'étais endormie? Mjrn, ma petite ingénue, quand cesseras-tu de me poser de telles questions? Je ne pouvais cependant pas l'imaginer autrement. Ainsi avait-elle été faite et pour rien au monde je ne désirerais la voir autrement. Après tout, la perfection se trouvait dans le naturel et l'artificiel ne rimait qu'avec superficiel.

Combien de temps ces moments dureraient-ils encore, avant que la solitude ne s'empare de moi? Inéluctablement, il arriverait ce temps où je finirais par délaisser mes amis et me consacrerais égoïstement à ma personne. Au fond de moi, la noirceur avait déjà germé et ses racines creusaient déjà de solides bases. Très bientôt, elle m'aura clamé.

Encore une fois, je m'étais évadée, pendant combien de temps, je ne savais pas. Sa voix m'avait ramenée à la réalité, m'éloignant de l'onirisme, mais le temps de quitter mes songes elle s'était déjà évanouie. Elle avait laissé entre mes mains une petite attention, sous la forme d'une fleur irisée.

Laissant derrière moi ces quelques heures d'égarement, je revenais à l'assemblée où un message m'était adressé et où une allocution avait attiré mon attention, bien que je ne comptais pas répondre à cette dernière.

Je considérais que mon rôle avait à présent été joué dans ce débat et que sauf exception, il ne me convenait plus d'y participer. Caressant les rainures de la sphère dorée, j'éteignais le son et l'image, redonnant à la Cour des Flamboyants sa sérénité originelle, avant de m'allonger sur un banc en pierre recouvert de plantes grimpantes et de m'y assoupir.