Il y a trente cycles, sur Andro-v7, ex-Almnial ("planète origine" en Cyan).

Dans une grotte miteuse où ruisselle et inonde l'humidité captée d'un fort été extérieur, dix personnes s'activent derrière des phéromones d'ordinateurs, de fils, de machines et de routeurs en tous genres. Une petite équipe de résistants à la destruction ionique ne perd pas une seconde si précieuse. Eli et Huklof sont tous deux ingénieurs de fortunes, cyberguerriers solitaires de la paix sur une planète démesurément empestée par la guerre. Cratères et mégapoles jouxtent l'espace d'une grande planète tempérée réchauffée par une quatrième guerre mondiale consécutive. Pas d'autres choix de se couvrir, plus d'autre que le silence dérangeant d'un désert au-dessus de leurs têtes.

La guerre rythme le temps, le jongle et l'étire. En quelques révolutions planétaires, les Cyans n'avaient connus pareilles avancées technologiques au service de celle-ci. La fusion extra-systémique et les tracés dans le vide avaient pris du retard sur... Robots, puis Androïdes récemment, qui, eux, avaient tout changé. La place des choses et des hommes, les saisons et les tempéraments. La transgénétique était accessible à tous et les cerveaux positroniques s'achetaient comme des coupons pour les rations alimentaires. Tout restait inégalement réparti, et l'hétérogénéité était garante de la puissance des Grands, en possession d'hectares et de machines pour les dominer.

L'erreur était d'être resté confiné.

C'était la fin. C'est le début.

- Alt ! Êtes vous sûr de vouloir Entrer ? Demanda Eli.

- Il n'y aura pas de retour en arrière, n'est-ce-pas, une fois Suppr, ces machines s'activeront d'elles-mêmes ? L'autonomie sera entreprise par le vers dans leur carte-mère. Et le passage est sûr ? Rétorqua Huklof.

- Nous n'avons plus vraiment le choix. Les despotes-créateurs sont voués au déclin et à disparaître. si nous voulons survivre, je suis prêt à tester en premier l'implant de nanites dans mon cerveau. Ile le faut. Il souffla fort, ces dernières paroles étaient le dernier récital surtout destiné à lui-même.

Les Anciens ne travaillent plus, ils veillent aux grains récoltés par les Robots, non-psys, qui extraient, entraînent, exploitent et transitent ressources de guerres. La première planète, l’Origine, est cisaillée en trois grandes limites territoriales qui sont projetés dans le système solaire.

Les A disposent de Unus, une planète aux grands océans jonchée d’une petit continent très humide. Ils sont dirigés par la Selesta, industrie corporatiste en charge d’exploiter les filons de sélénium, pratiques pour composer nourritures artificielles en quantité et énergie de faible intensité. Ils représentent trente pourcent de la population Cyan totale et occupent la plus grande part des échanges de la coordonnée.

Les A forment peu d’ingénieurs car le maillage de leur territoire n’est pas véritablement urbanisé et organisé. Ainsi ils sont divisés en plusieurs ethnies, regroupées autour d’un chef, possesseurs des biens et maîtres des marchands de sa tribu. Elles vont de cinq cent à deux millions de Cyans, égrainés sur Origine, Unus, et une flotte approximative de deux milles unités dans l’espace.

Les mégapoles les plus visibles, ainsi que les plus innovantes, sont coeur d’agglomérat unificateur des Zek, à l’est, très peu dispersés. Pourtant, leur limite territoriale est la plus vaste : dominions d’espaces de production de robots et d’exploitations fossiles et solaires. A l’image de leur croissance urbaine massive, spontanée, les Zek individualistes sont beaucoup moins nombreux, or ils concentrent la plus grande puissance offensive sur Origine.

Les Huks ont profité de la fusion spatiale pour continuer leur nomadisme. Beaucoup plus nombreux, ils n’ont pas suivi l’entraînement technologique des deux autres nations, cultures, comme vous voudrez. Réseau de familles, de politiques et de serpents très filaire, ils sont un peu partout. Beaucoup de leur population émigre vers les A ou les Zek, illégalement, et d’autres se perdent à sortir du système solaire sans compétence en neuropilotage.

Les Zek dirigent trois-quart des compagnies de robots, mais n’exploitent que peu. Les Huks ont refusé les robots, pendant longtemps, avant de n’avoir le choix de les adopter. Amour forcé par la guerre qui éclata, lorsque les Zek prirent leur orgueil à deux mains. Et que les A, ainsi que les groupes séparatistes leurs dirent non. Pour peu de temps.

L’enjeu était la propriété des trois lunes de Genaa, riches en minerais et en terres rares, aubaine pour la suprématie sur les autres. Poids suffisant pour pencher la balance à trois cordes. Le risque de tension extrême était à sa comble depuis des cycles, mais personne ne crut que Kom, neo-empereur Zek, déclarerait la guerre si vite. A croire qu’il la voulait dès maintenant.

Les cerveaux positroniques ? Les trois Lois de la Robotique venaient d’être autonomisées, avec succès, dans l’implantation d’un système avec carte mère intelligente. Il devenait possible de travailler sur un cerveau, artificiel, qui n’était pas celui d’un Cyan, mais bien d’une pure création d’eux-mêmes. Pour s’assurer que le brevet ne soit pas copié, il fallait agir vite. La solution pour garder le contrôle et entraîner ces nouveaux modèles au combat fut de les connecter à même réseau cybernétique. Le premier de cette échelle sur Origine.

Les premiers « androïdes » furent donc mis au point dans une université zek, celle de TU, dans la base avancée d’un astéroïde de classe C, en vitesse lente, en dérivation vers le répertorié système 7, il y a une quarantaine de cycle. Trois jours plus tard, une première salve de ces nouvelles machines s’avançaient vers Unus, équipées à tout terrain même le monde aquatique. L’objectif était bien sûr de prendre le contrôle de celle-ci afin de bloquer la route entre Origine et Genaa, planète désertique aux températures élevées.

Peut-être que le vers était pourri à la base, et que la destruction de toutes ces constructions étaient inévitables. On ne sait si les astres se vengèrent sur eux ou s’ils tenaient leur destin et qu’ils l’ont jeté par terre. L’extinction des Cyan commença, doucement, puis en quelques cycles la population totale chuta radicalement. Et bientôt il n’y avait plus de Zek, de A, de séparatistes, de Huk, parce que tout ça ne comptait plus : l’implosion avaient commençait et il ne restait plus qu’à résister.

Sous terre, dans l’espace : les cachettes et havres de paix ne manquaient plus mais divisaient les derniers agonisants d’une survie aux nouveaux déserts, nuages d’acides ou à la radioactivité. Et, quand la solitude, l’angoisse, le bric-et-de-broc reprenait main sur le quotidien de groupes très très réduits, il était bon d’avoir un androïde, rafistolé, qui cherchait les dernières gouttes d’eau pour vous. Peu importe la marque du modèle.